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Les salariés de "Libération" en lutte pour la survie du journal

Le 26 novembre 2013, les salariés de Libération ont voté à 89,9%, avec 75% de participation, le départ de Nicolas Demorand et Philippe Nicolas, respectivement PDG et DG de Libération.

La colère des salariés était ancienne. Nicolas Demorand avait par le passé déjà essuyé deux autres motions de défiance. La situation économique du journal se dégradait un peu plus chaque mois, et les ventes dégringolaient de manière vertigineuse (-15% sur onze premiers mois de l'année). Les nombreuses alertes des élus depuis de deux ans n'y faisaient rien. La direction persistait dans son entêtement.

Les actionnaires ont refusé de démissionner les deux co-gérants, et ont préféré faire intervenir dans le journal l'un d'entre eux, François Moulias, représentant de Bruno Ledoux au Conseil de surveillance de la SAIP, qui détient Libération. Cet homme est arrivé à pas feutrés, tout d'abord comme médiateur, pour être ensuite nommé mandataire spécial auprès des IRP pour négocier un plan de redressement du titre.

François Moulias présente alors au Comité d'entreprise un "PSE" qui comprend, entre autres, des baisses de salaires. Pendant toute la période des négociations, les élus ont réaffirmé sur volonté d'avancer conjointement sur trois points :

- La gouvernance, avec le départ du directoire

-Des investissements des actionnaires pour pérenniser Libération

- Un plan d'économies qui tienne la route.

Début février, la situation se durçit. Les assemblées générales, à l'appel de l'intersyndicale CGT-SUD-SNJ, se multiplient et aboutissent le 6 février au vote d'une grève à plus de 65% des salariés. Le lendemain Moulias fait de nouveau des promesses et les salariés, sceptiques, reprennent le travail. Ils décident la publication dans le journal du lendemain de quatre pages consacrées au conflit qui les opposaient à leurs actionnaires.

Bruno Ledoux sort alors du bois... La grève l'avait tellement exaspéré qu'il affiche dans les colonnes du journal ses véritables intentions. Faire de Libération un "réseau-social-café-restaurant-incubateur...", en fait tout, sauf un journal.

Malgré leur fureur, plutôt que de faire à nouveau grève, les salariés de Libération, votent à la quasi unanimité la publication quotidienne de deux pages dans le quotidien.

Le 19 février, lors du Conseil de surveillance, Ledoux et son acolyte Moulias, fomentent un véritable putsch... devant le regard atterré de Rothschild et des Italiens (Ersel) qui laissent faire. Les administrateurs demandent à Philippe Nicolas de sortir... Et pendant son absence, ils décident de sa révocation. Même les commissaires aux comptes sont priés de quitter la salle. Du jamais vu ! Le limogeage de Philippe Nicolas n'a alors qu'un but : l'empêcher de lancer le redressement judiciaire de Libération. Et cela évidemment, les Ledoux-Moulias n'en veulent pas. Le premier devient président du conseil de surveillance et le second président du directoire.

Cette situation a renforcé l'inquiétude des salariés qui voient dans ce couple une menace pour le titre plutôt qu'un bienfait. Certains disent même que leurs intérêts ne sont pas ceux de Libération. D'autres encore veulent s'en débarrasser !

Le Comité d'entreprise a donc voté vendredi 21 février 2014, un droit d'alerte. Il a déposé une quarantaine de questions sur lesquelles des réponses claires et précises sont attendues... le vendredi 28 février...

Le 21/02/2014 CGT Libération