Le séisme est ravageur. Le FN, premier parti de France aux dernières européennes, atteint ses
records dans la région.
La situation est angoissante et nous, (organisations syndicales), estimons que le journal de la
Résistance doit, en ces heures sombres, garder toute sa raison d’être.
Certes notre journal s'est voulu didactique les jours précédant le scrutin, démontrant à plusieurs
reprises à quel point il était nécessaire de voter et en quoi l'Europe n'était pas le mal que voulait bien
dénoncer le parti de la haine. Certes, au lendemain des résultats, le rédacteur en chef a signé un
éditorial sans ambiguïté.
Mais cela ne peut suffire. Si la crise économique et le comportement de la classe politique sont
principalement à l’origine de la montée de l’extrême-droite, les médias, dans leur course
moutonnière et trop souvent écervelée, y ont leur part et doivent réfléchir au sens de leur métier et à
la manière de l’exercer.
Non, éduquer n'est pas un gros mot. Oui, il faut traiter de faits divers, de consommation et d'insolite,
mais quelle place faut-il leur accorder ? Au-delà de la question de leur volume, comment faut-il les
traiter et quelle place faut-il conserver aux autres sujets ?
Notre rôle n'est-il pas avant tout de prendre du recul, d'offrir des analyses, des réflexions ? D'ouvrir
les esprits ? L'information n'est pas une marchandise. Pour la vendre, il faut interpeller, mais ne pas
user de sensationnalisme.
En ces tristes heures, il est important de ne pas oublier que le journalisme n’a pas à se soumettre au
marketing. Qu’il ne faut pas confondre vitesse et précipitation. Que la réflexion doit primer sur
l’émotion. Que les médias concourent à la vie démocratique.
Il est important de le garder constamment à l’esprit au moment d’adopter et d’appliquer une
nouvelle formule rédactionnelle. Aussi difficile soit la situation économique de notre secteur.
A Lille, le 30 mai