Syndicat national des journalistes CGT

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Merci pour la photo !

Mercredi 16 juillet, le tribunal correctionnel de Nantes a condamné Grégoire Minday, 29 ans, à 18 mois de prison, dont 12 ferme. Il était à l’audience, il s’est enfui à vélo pendant que le tribunal délibérait. De quoi l’accuse-t-on ? D’avoir, lors de la manif du 12 février contre le projet d’aéroport de Notre-Dame-des Landes, brisé la vitrine d’une agence de voyages, descellé des pavés et commis des violences contre les CRS. Lui affirme que ce jour-là, il gardait les enfants d’une amie à Rouen. Sur quelles preuves s’appuie la justice ? Sur de photos et des films pris par la police, mais aussi sur des photos transmises à la police par le quotidien Ouest France.

Curieux, non ? Une de règles du métier de journaliste est pourtant de ne pas confondre son rôle avec celui du policier…
Mais, à Ouest France, « on se sent parfaitement clean », dit Philippe Boissonnat, à la rédaction en chef. « On a reçu, le 26 février, une réquisition de la brigade des violences ubaines, on ne s’y est pas soustrait. » Cyrille Pitois, directeur du journal en Loire-Atlantique, de préciser : « On n’avait pas l’option de refuser. On a donc transmis 16 clichés déjà publiés sur notre site. » Même pas l’option de demander pourquoi la police a besoin d’une réquisition pour se procurer des photos en accès libre sur un site ouvert au public ?

Si la loi oblige les journalistes à répondre aux réquisitions, la morale professionnelle le leur interdit. Comment, en effet, les journalistes d’Ouest-France et des autres médias pourront-ils continuer d’exercer correctement leur profession, et notamment de couvrir les manifs, si les manifestants les soupçonnent, à juste titre, de refiler leurs clichés à la police ?
Flic ou journaliste… normalement, pour les distinguer, il y a photo !

Le Canard Enchaîné – mercredi 23 juillet 2014