C’est avec stupéfaction que la CGT vient de découvrir les consignes de sécurité publiées par le ministère de l’intérieur pour l’Euro. Dans le chapitre intitulé « Bien se comporter au sein et aux abords des stades », le ministère de l’intérieur recommande de « ne pas tenir de propos politiques, idéologiques, injurieux, racistes ou xénophobes ». Ces consignes remettent en cause le fondement de la démocratie, la liberté d’expression. En mettant sur le même plan propos diffamatoires, racistes ou xénophobes - qui relèvent de l’infraction pénale - et propos politiques et idéologiques - qui fondent les libertés constitutionnelles et le débat démocratique - elles génèrent un scandaleux mélange des genres. Notons au passage que le ministère de l’intérieur s’inquiète davantage des propos politiques que du sexisme et de l’homophobie, oubliés de ces consignes alors qu’ils sont malheureusement bien présents dans les stades.
Le gouvernement a-t-il peur que les supporters, qui sont aussi salarié-es, privé-es d’emplois, jeunes… ne débattent de la loi travail? La ficelle est grosse et démontre que la stratégie visant à opposer supporters et grévistes ne fonctionne pas. Une large majorité de français-es refusent la loi travail, c’est donc aussi le cas des supporters ! De telles consignes sont en tout cas la preuve de la fébrilité du gouvernement, qui depuis 4 mois, en empêchant la négociation et le débat parlementaire, refuse tout débat sur la loi travail. La CGT exige des clarifications rapides de la part du ministère de l’intérieur et la modification de ces consignes, manifestement contradictoires avec les libertés constitutionnelles.
La CGT continuera sa campagne d’information massive sur la loi travail et ses dangers, sur les lieux de travail, les lieux publics et aux abords des stades. La CGT Ile de France organise d’ailleurs dès cette après-midi une opération « Carton rouge à la loi Travail ». Des initiatives de votation et débats avec les supporters sont prévues partout en France.
Pour que les supporters passent un bel Euro et que ce grand évènement sportif valorise la France, la CGT réitère son appel à l’ouverture de discussions.
L’intersyndicale attend toujours la réponse du Président de la République à son courrier du 20 mai dernier, dans lequel les organisations syndicales demandaient à être reçues. Par son refus de négocier, le gouvernement est responsable du blocage. La loi travail est minoritaire dans l’opinion, minoritaire chez les syndicats, minoritaire chez les parlementaires, elle doit être retirée !
Montreuil, le 10 juin 2016