Elle est donc née, cette nouvelle chaîne de télé-radio-internet, ce « média global » du service public qui porte désormais le nom de « franceinfo: ». A marche forcée, sans moyens suffisants, mais elle est née, puisque telle était la volonté de l’Elysée, relayée par les pdg de l’audiovisuel public. Sans parler de la qualité de ce qui est mis à l’antenne de la nouvelle chaîne de télévision, la participation des journalistes de la rédaction de France Info (la radio…) à ce nouveau média pose de graves problèmes auxquels la direction, pourtant interpellée à de multiples reprises, n'a toujours pas vraiment répondu.
D’abord le site internet et l’application pour téléphones mobiles: nous avions un site et une application France Info, ils ont été absorbés par le nouveau site et la nouvelle application franceinfo:. Radio France n’a plus vraiment la main puisque c’est France TV qui décide, forte des équipes de ses anciens site et application francetvinfo. On ne peut pas dire que le nouveau site brille par la mise en avant de la radio : les chroniques du weekend et de nombreux podcasts ont disparu, les invités et les émissions mis en avant sont presqu’exclusivement ceux de la TV. Sur l’application, c’est encore pire : il n’y a que le flux du direct radio et basta ! Le « live » cite abondamment les concurrents privés, ce qui n’était pas du tout la ligne éditoriale de l’ancien « live » France Info. « Ca va s’arranger » affirme la direction de France Info (la radio). Oui mais quand ? Et avec quelle garantie puisque ce n’est plus elle qui décide ?
C’est bien là l’un des grands problèmes de cette usine à gaz éditoriale. Qui décide de quoi ? Les représentants des salariés ont alerté depuis le début dans les instances sur les difficultés que pose l’organigramme de direction multicéphale de cette chaîne. Dès les premiers jours et jusque récemment, on a noté des incohérences, des infos différentes entre les éditions, bandeaux, écrans… pris en charge par les différentes rédactions. Ca ne peut pas durer !
Comme nous le craignions également, il n’a pas fallu longtemps pour que lesjournalistes de France Info (la radio), constatent que les impératifs de la télé peuvent peser au quotidien sur leur travail, au point parfois de se sentir marginalisés dans leur propre rédaction. L’auto-maquillage des journalistes qui font de la TV est un gag, surtout quand il leur est demandé de courir au plus vite en studio pour assurer l’antenne. La pression sur ceux qui ne souhaitent pas faire de TV est forte et elle est inadmissible. Personne ne doit être obligé de faire de la TV et ceux qui le font doivent avoir un avenant à leur contrat de travail, comme la direction s’y était engagé!
Les journalistes de France Info ont aussi très vite mesuré les inconvénients qu’il peut y avoir à travailler sous un nom, France Info, qui ne nous appartient plus vraiment : les interlocuteurs contactés coup sur coup par deux journalistes différents travaillant tous deux pour franceinfo:, l’un pour la TV, l’autre pour la radio, n’y comprennent plus
rien. Pour couvrir les évènements où les places sont comptées, gageons que très rapidement il n'y aura qu'une place pour deux et qu’on demandera au journaliste radio de faire aussi de la TV ou vice-versa, ou que la radio devra se contenter de récupérer le son TV...
Enfin, le manque de moyens humains est un gros problème. Les plannings qui ont été présentés sont intenables sur la durée, avec par exemple des service de 10h00 par jour sans pause déjeuner. On attend toujours de voir si les 4 postes laissés vacants par des départs dans la rédaction de France Info sont bien tous pourvus. Très rapidement, soit il y aura une explosion de CDD sur des besoins permanents, soit il faudra de nouveaux postes en CDI. Où Radio France ira-t-elle les chercher ? Pour la CGT, des redéploiements qui pèseraient encore sur d’autres rédactions ou d'autres services ne sont pas acceptables. De même qu'il est totalement inacceptable de faire travailler des journalistes en CDD d'Usage (CDDU), comme le veut la direction. Le statut d'intermittent n'est pas fait pour les journalistes !
Jusqu’ici, les salariés, les élus et les syndicats ont été très patients. Ils ont alerté, sans entrer dans le rapport de force avec une direction qui a avancé comme un bulldozer. Mais si les problèmes persistent, le moment où il faudra mettre les deux points de « franceinfo: » sur les « i » va venir très vite. Sinon, ces conditions de travail inacceptables vont dégrader la qualité de la radio, des informations diffusées et ruiner le crédit de France Info (la radio).
SNJ-CGT Radio France