Syndicat national des journalistes CGT

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 Information et société : le SNJ-CGT debout sur ses deux pieds

Au cours de leur congrès réuni du 14 au 17 octobre à Marseille, les journalistes du SNJ-CGT ont mesuré l’ampleur des menaces sur l’indépendance de l’information, et les convergences avec les autres familles de salariés.

« Le retour de Bernard Tapie à Marseille ramène sur la scène médiatique l’image caricaturale d’une ville d’affairisme ». En accueillant la centaine de congressistes du SNJ-CGT à la maison de la région, le 15 octobre sur la Canebière, Jean-Marc Coppola, le vice-président Front de gauche de la région Provence-Alpes Côte d’azur, a planté le décor local. Le lendemain, Younes Mjahed, premier vice-président de la fédération internationale des journalistes, renvoyait l’écho international : « Au sein même de notre fédération, les syndicats issus de Scandinavie et d’Amérique du nord mettent à mal les valeurs d’indépendance de la profession, au profit de soi-disant fournisseurs de contenu ». Le journaliste marocain a dénoncé les moyens déployés par le Qatar pour dissuader les média de s’intéresser aux conditions de travail sur les chantiers du Mondial de foot, et plaidé pour la consolidation de la solidarité entre les syndicats des pays méditerranéens, dont le SNJ-CGT.

Malbouffe et malinformation
Pour résister à la malinformation, pourquoi ne pas s’inspirer des luttes contre la malbouffe, menées par les associations pour le maintien d’une agriculture paysanne (Amap) ? Co-auteur du documentaire « Les nouveaux chiens de garde », qui atteint le record de la décennie pour ce type de films avec 240 000 spectateurs à ce jour, Gilles Balbastre a présenté la première association pour le maintien d’une information progressiste (Amip). « Comme les Amap avec leurs produits agricoles locaux et bio, nous proposons des paniers », annonce le reporter. Baptisé Nada, acronyme de « Nous avons des armes », son premier panier d’infos comprend un documentaire, un journal et un livre.
« Beaucoup, à la CGT, se font une idée fausse du travail des journalistes. Qu’il s’agisse d’emploi, de précarité ou de salaires, vos problèmes sont ceux de tous les salariés, alors même que le gouvernement a exclu ces sujets de sa conférence sociale ». Membre du bureau confédéral et secrétaire général de la fédération du bâtiment, Eric Aubin a démontré le parallélisme entre les luttes sociales et le combat des journalistes pour l’indépendance et le pluralisme de la presse.

Le dumping social peint en vert
La région de Marseille ne manque pas d’exemples, pour étayer la démonstration : le délégué de l’usine Fralib de Gémenos a rappelé les deux décisions de justice qui ont confirmé l’illégalité des licenciements consécutifs à la fermeture programmée de ce site d’Unilever. Cette multinationale, qui affiche cinq milliards d’euros de bénéfices nets annuels pour un chiffre d’affaires de 51,3 milliards d’euros, peint en vert une stratégie de dumping social et environnemental : « Après avoir abandonné le tilleul et la camomille des Baronnies au profit d’importations d’Amérique latine, Unilever vend ses tisanes sous label bio, et l’Onu a désigné le patron du groupe dans une commission d’experts chargés de définir les politiques internationales de développement durable », fulmine Olivier Leberquier, le délégué CGT du site provençal, que les salariés espèrent transformer en coopérative ouvrière.

L’amendement Moniteur
Révélatrices de l’esprit qui anime les journalistes de la CGT, les échanges avec d’autres salariés en lutte n’ont occupé qu’une petite part des quatre jours de débat. Après deux années de déficit que la légère progression des adhésions n’a pas enrayé, les représentants des 1200 cotisants n’ont approuvé le rapport financier qu’après un long débat. Plat principal, parfois indigeste, mais révélateur d’une démocratie interne vivante, le rapport d’orientations a inspiré plus de 120 amendements. La section de La Marseillaise a contribué à révéler un sujet tabou : les dirigeants de la presse dite progressiste ne méritent pas plus d’indulgence que les autres, et cette qualification ne les dédouane pas de leurs obligations sociales. Plus modestement, le représentant du Moniteur a porté un amendement relatif à la presse professionnelle, en proie aux cessions en cascade avec ses conséquences : plans sociaux et rabotage des contenus éditoriaux.


Laurent Miguet, journaliste au Moniteur, bureau de Strasbourg, membre du SNJ-CGT