Introduction
Sylviane Lejeune
Co-animatrice du collectif confédéral Recherche, conseillère au Conseil économique social et environnemental
Le Collectif s’est donné comme feuille de route, d’aider à la compréhension et à la maîtrise au questionnement des évolutions scientifiques et technologiques. Nous avons, ces dernières années, tenu plusieurs journées d’études sur des thèmes comme les nanotechnologies, les enjeux d’un cluster comme le plateau de Saclay, les risques industriels et technologiques, la recherche enjeux de la transition énergétique, recherche et territoire. Cela répond visiblement à une attente de nos organisations vu le nombre de participants à l’initiative.
L’I.A. est l’objet de nombreux fantasmes largement alimentés par les géants du numérique. Nous proposons aujourd’hui de repréciser ce qu’elle est. Le mythe de la toute-puissance technologique alimente les peurs. Même si des interrogations sur l’avenir du travail, de l’emploi, sur le dépassement de l’humain, sont légitimes, nous avons besoin d’appréhender, de façon rationnelle et offensive, des mutations technologiques et leurs impacts qui ont déjà profondément transformé nos vies et nos économies.
L’Intelligence Artificielle est déjà bien présente dans notre quotidien. Elle se développe. Les mutations s’accélèrent, impactant nos vies sociales, privées, individuelles et collectives, notre travail, l’ensemble de nos activités. C’est une rupture, un basculement civilisationnel. À la CGT, nous le savons, les mises en oeuvre des évolutions technologiques ne sont jamais neutres. L’Intelligence Artificielle n’y échappe pas. Elle peut servir à donner plus d’efficacité à la réalisation de la production, mais elle peut aussi être instrumentalisée pour réduire le coût du travail aux dépens des travailleurs, sans que la question du coût du capital ne soit jamais posée. La CGT entend permettre aux salariés et aux populations de prendre leur place dans le processus des décisions. Leur intervention est indispensable pour maîtriser l’Intelligence Artificielle et non la subir, pour anticiper et conduire les transformations dans le cadre d’une démarche qui vise une dynamique de progrès social, associé à une efficacité sociale et économique.
L’Intelligence Artificielle sera le résultat des rapports de force et de la volonté des différents acteurs, d’où l’importance de s’y intéresser, de s’impliquer et d’y travailler comme nous proposons de le faire aujourd’hui. Ce colloque n’épuisera pas tous les thèmes d’un domaine aussi vaste, mais il constitue un point de départ d’un travail CGT. C’est une première initiative confédérale sur cet enjeu pour affiner nos propositions et avancer des revendications qui supposeront des actions et des luttes pour les satisfaire. Comme beaucoup d’autres sujets, c’est un sujet transversal qui requiert la mise en commun des réflexions et des forces de la CGT. Le colloque a été conçu en trois temps :
- une entrée en matière permettant à chacun de s’approprier les notions, avec une définition générale de l’Intelligence Artificielle et un détour par les applications dans les services, l’exemple des banques et assurances et dans l’industrie.
- dans un deuxième temps, parce que le Collectif a bâti l’initiative au lancement de la mission de Cédric Villani dont les conclusions ont été rendues en mars dernier, deux grands témoins traiteront de la stratégie de la France en matière d’Intelligence Artificielle : Bertrand Pailhès, coordonnateur national de l’Intelligence Artificielle et Olivier Ezratty qui interviendra et donnera son appréciation de cette stratégie.
- dans un troisième temps, trois tables rondes se succéderont, la première sur les enjeux de recherche, la seconde sur la place de l’homme, et la troisième traitera des impacts sur le travail et les métiers.
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