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n°639
Cadres – Au défi des réformes
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Guidées par l’obsession de la réduction des coûts et le détricotage de l’État, les réformes, dans les trois fonctions publiques, tentent d’imposer de nouvelles doctrines d’emploi et de management.
Édito
Le Medef craint les réactions de l’encadrement
Le refus du Medef de poursuivre les négociations sur l’encadrement illustre son mépris du paritarisme. Il passe outre l’obligation de négocier inscrite dans l’accord du 15 octobre 2015 qu’il a pourtant signé. Il met en évidence le marché de dupes que constituait la disparition de l’Agirc en échange d’un pseudo-accord sur la définition de l’encadrement dénoncé et combattu par la Cgt.
Ce renoncement historique s’inscrit dans un positionnement continu du Medef à l’égard de l’encadrement : accroître la pression sur le prix du travail qualifié, source d’une plus-value importante, et exclure les ingénieurs, cadres et techniciens (Ict) des garanties collectives. L’objectif est de mettre au pas l’encadrement. Pourtant, il doit réviser à la baisse ses ambitions à chaque manifestation de désaccord ou de mobilisation de l’encadrement.
Ainsi, en 1968, le patronat, pour éviter que les Ict ne basculent, dut accepter la création d’une convention collective nationale de l’encadrement dans la métallurgie, qui devait par la suite inspirer d’autres accords spécifiques de professions.
À la fin des années 1990, le Medef, réagissant à la mobilisation de l’encadrement pour bénéficier de la Rtt, s’empara du forfait-jours, excluant les cadres de la référence horaire du travail. Mais il ouvrit un risque juridique pour les employeurs et dut renoncer à la suppression des jours de Rtt.
Au début des années 2000, les luttes des Ict – sages-femmes, urgentistes, inspecteurs du travail, magistrats, chercheurs... – ont rebondi autour d’un dénominateur commun : la reconnaissance des qualifications, le respect de l’éthique et des moyens pour exercer leurs responsabilités. Le Medef, en pleine campagne sur la fin du statut cadre, dut ajourner la table ronde prévue à cet effet. Bref, le Medef craint les réactions de l’encadrement. Si les Ict sont un enjeu stratégique pour toute transformation du travail et des garanties collectives, leur mobilisation est une des clefs du rapport de force global, indépendamment de leur nombre.
Le statut de l’encadrement est plus nécessaire que jamais : pour faire échec aux lois Macron fragilisant le statut des lanceurs d’alerte, renforçant la soumission de l’encadrement au nom du secret des affaires et favorisant les burn-out à travers des avenants aux forfaits-jours. Un travail intersyndical à l’initiative de l’Ugict-Cgt se poursuit pour construire des droits nouveaux permettant aux cadres d’être professionnellement engagés et socialement responsables. C’est à portée de main. Les cinq confédérations exigent la réouverture des négociations. La journée unitaire d’action Cgt-Fo-Solidaires du 9 octobre doit motiver l’engagement des Ict, faire entendre leurs revendications contre le partage de la pénurie au sein du monde du travail, et contre l’accaparement d’« un pognon dingue » par la finance.
Marie-José Kotlicki
Secrétaire générale de l’Ugict-Cgt
Directrice d’options
Le refus du Medef de poursuivre les négociations sur l’encadrement illustre son mépris du paritarisme. Il passe outre l’obligation de négocier inscrite dans l’accord du 15 octobre 2015 qu’il a pourtant signé. Il met en évidence le marché de dupes que constituait la disparition de l’Agirc en échange d’un pseudo-accord sur la définition de l’encadrement dénoncé et combattu par la Cgt.
Ce renoncement historique s’inscrit dans un positionnement continu du Medef à l’égard de l’encadrement : accroître la pression sur le prix du travail qualifié, source d’une plus-value importante, et exclure les ingénieurs, cadres et techniciens (Ict) des garanties collectives. L’objectif est de mettre au pas l’encadrement. Pourtant, il doit réviser à la baisse ses ambitions à chaque manifestation de désaccord ou de mobilisation de l’encadrement.
Ainsi, en 1968, le patronat, pour éviter que les Ict ne basculent, dut accepter la création d’une convention collective nationale de l’encadrement dans la métallurgie, qui devait par la suite inspirer d’autres accords spécifiques de professions.
À la fin des années 1990, le Medef, réagissant à la mobilisation de l’encadrement pour bénéficier de la Rtt, s’empara du forfait-jours, excluant les cadres de la référence horaire du travail. Mais il ouvrit un risque juridique pour les employeurs et dut renoncer à la suppression des jours de Rtt.
Au début des années 2000, les luttes des Ict – sages-femmes, urgentistes, inspecteurs du travail, magistrats, chercheurs... – ont rebondi autour d’un dénominateur commun : la reconnaissance des qualifications, le respect de l’éthique et des moyens pour exercer leurs responsabilités. Le Medef, en pleine campagne sur la fin du statut cadre, dut ajourner la table ronde prévue à cet effet. Bref, le Medef craint les réactions de l’encadrement. Si les Ict sont un enjeu stratégique pour toute transformation du travail et des garanties collectives, leur mobilisation est une des clefs du rapport de force global, indépendamment de leur nombre.
Le statut de l’encadrement est plus nécessaire que jamais : pour faire échec aux lois Macron fragilisant le statut des lanceurs d’alerte, renforçant la soumission de l’encadrement au nom du secret des affaires et favorisant les burn-out à travers des avenants aux forfaits-jours. Un travail intersyndical à l’initiative de l’Ugict-Cgt se poursuit pour construire des droits nouveaux permettant aux cadres d’être professionnellement engagés et socialement responsables. C’est à portée de main. Les cinq confédérations exigent la réouverture des négociations. La journée unitaire d’action Cgt-Fo-Solidaires du 9 octobre doit motiver l’engagement des Ict, faire entendre leurs revendications contre le partage de la pénurie au sein du monde du travail, et contre l’accaparement d’« un pognon dingue » par la finance.
Marie-José Kotlicki
Secrétaire générale de l’Ugict-Cgt
Directrice d’options
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