Parcourir :



Contenus

Le nœud coulant du «toujours moins»
On pourrait croire que tout va bien. La maison Radio France est la première, y compris sur les supports numériques selon Médiamétrie, et son budget est à nouveau à l’équilibre. Mais dans un monde où les raisons budgétaires l’emportent largement sur la raison, elle est aux prises avec un plan d’économies de 60 millions d’euros soit, s’il était appliqué, 299 suppressions de postes. De trajectoires financières non respectées en plans stratégiques, la logique financière qui s’oppose à celle de l’entreprise semble sans fin. Elle participe pourtant d’une « stratégie »...
L’argent : pour le dire et pour le taire
La loi du 23 octobre 1984 « visant à limiter la concentration et à assurer la transparence financière et le pluralisme des entreprises de presse » n’a plus guère d’effets.
L’argent a pris la main et aucune volonté politique n’est venue s’y opposer. La concentration, le vote d’une série de lois dangereuses, menaçant la protection des sources, instituant la protection du « secret des affaires », constituent une sorte de « tir groupé » contre l’information, en phase avec la fragilisation du statut des journalistes professionnels.
Cote d’amour: mésentente structurelle...
La crise de confiance entre l’opinion publique et les acteurs de l’information, au premier rang desquels les journalistes, est attestée par de nombreuses enquêtes. La séquence des gilets jaunes l’a confirmé à grande échelle. Quelles en sont les raisons ?

Édito

Lutte virale

Le monde a basculé dans une crise sanitaire inédite depuis la grippe espagnole de 1918. L’occasion de mesurer combien le progrès technologique peut être éloigné du progrès humain s’il est guidé par les seuls enjeux financiers. Le moment aussi, en comparant les situations nationales, de constater combien nous payons le choix du low cost. La France et l’Europe sont à la traîne des pays asiatiques. Pourquoi ? Pas parce que nous sommes des démocraties plus respectueuses des libertés publiques : la Corée du Sud s’est sortie d’affaire sans confinement général de la population.
Nous sommes désormais l’épicentre de la pandémie parce que nous n’avons ni masques ni tests pour identifier puis isoler les malades. Voilà ce qu’il en coûte de perdre la maîtrise de ses chaînes d’approvisionnement et de production. Voilà ce qui arrive quand on fonctionne à flux tendu, en supprimant tous les stocks, même quand il s’agit de stocks stratégiques comme les masques. Alors que nous figurons parmi les premières puissances mondiales, à force de fermeture de lits dans les hôpitaux, les soignant·es seront bientôt contraint·es de hiérarchiser les vies et les patient·es à réanimer. Dernière différence avec les pays asiatiques : la grippe aviaire de 2009 leur a servi de leçon. Pour nous, c’est tout l’inverse. Une fois passées quelques semaines de panique, les programmes de recherche ont été stoppés net. Les chercheurs le disent : s’ils avaient pu mener leur travail à son terme, les pathologies sont si proches que nous serions aujourd’hui en situation de disposer de traitements voire d’un vaccin.
Le prix d’une telle inconséquence sera élevé. On parle de vies humaines et d’abord de celles de soignant·es que l’on envoie nu·es au combat, après avoir méprisé leurs mobilisations et appels au secours. Les leçons devront en être tirées. Pas question que l’on nous rejoue le mauvais sketch de 2008 : les envolées lyriques contre le capitalisme suivies d’une cure d’austérité pour faire payer aux populations les excès de la finance.
Mais la Cgt et son Ugict ne baissent pas les bras. Partout, les salarié·es en responsabilité témoignent des contradictions entre les exigences sanitaires et les consignes pour maintenir l’activité économique à tout prix. Responsables, ils et elles sont aussi justiciables, sans avoir pourtant la possibilité effective d’alerter et de faire autrement. Le lancement par l’Ugict, avec les inspecteurs et inspectrices du travail Cgt, du site Luttevirale.fr, vise à faire primer leur professionnalisme. En connaissant le droit applicable, en alertant et en témoignant dans une grande enquête, construite avec les statisticiens Cgt des ministères du Travail et de la Santé, sur les marges de manœuvre qui sont les leurs. L’enjeu : répondre à l’appel au secours des soignant·es et cesser toutes les activités non essentielles avant qu’il ne soit trop tard.
Marie-José Kotlicki
coSecrétaire générale de l’Ugict-Cgt
Directrice d’options

Voir aussi

Réagir

En vous connectant vous pouvez publier directement. Si vous n'avez pas de compte, votre réaction sera d'abord validée par un administrateur. Votre mail ne sera pas publié.