Parcourir :



Contenus

Ce numéro sera disponible en ligne 3 mois après sa date de publication. Pour le lire dès à présent, abonnez-vous à Options.

Ça va vous soulager...
Sans corps ni visage, les robots se font une place sans crier gare. Chloé et Watson en font partie. Le premier, implanté dans le groupe Bpce, Banque populaire et Caisse d’épargne, a été installé par étapes sur les postes de travail sans que jamais les personnels n’aient été informés précisément de la nature de l’outil qui allait s’imposer à eux. L’implantation de Watson dans onze des caisses du groupe Crédit mutuel a suivi à peu près la même procédure. Jamais nommé, jamais explicité, l’algorithme a été mis en place pour améliorer les conditions de travail...
Des moyens désespérément très moyens
Quatre grands témoins se penchent sur les maux qui accablent la recherche : absence aussi bien d’une stratégie industrielle que d’une stratégie digne de ce nom ; financements publics qui ne suivent pas, pas plus que les investissements sur fonds propres des grandes entreprises dans la R&D. L’absence de contrôle, qui rend impossible de répondre précisément à cette question, aura permis aux grands groupes de faire ce qu’ils voulaient et comme ils le voulaient, au prix d’un recul de l’emploi scientifique, de la baisse d’attractivité des carrières et d’un démantèlement planifié, systématisé.
L’humanité au défi d’elle-même
L’irruption de machines capables de dépasser, voire de remplacer l’homme dans certaines fonctions, y compris cognitives, oblige l’humanité à se réinterroger. Aujourd’hui, elle est en capacité de créer des machines qui peuvent résoudre des problèmes complexes et prendre des décisions plus vite et mieux qu’elle. Tout cela pousse à réinterroger ce qui définit la spécificité de l’intelligence humaine et à déterminer en quoi l’IA peut libérer les salariés des tâches répétitives, réduire le temps consacré au travail, et développer la créativité.

Édito

Environnement ou pouvoir d’achat ?
La colère monte contre les choix du gouvernement. Demander à la majorité de la population de se serrer la ceinture en acceptant modération salariale et augmentation fiscale pour que les ultra-riches puissent continuer à sabrer le champagne, la pilule ne passe plus. Pour que cette contestation ne le dérange pas, le pouvoir l’enferme dans une impasse : environnement ou pouvoir d’achat. Pourtant, comment prétendre mener une politique environnementale sans remettre en cause les modes de production, l’aménagement du territoire ou la répartition des richesses ?
La culpabilisation des consommateurs relève d’une stratégie de diversion pour mieux exonérer le capital de la révision en profondeur de nos choix de production. De même, refuser de prendre en compte l’urgence écologique au nom de la question sociale relève d’une cécité dangereuse. Rappelons que les 1 % les plus riches ont une empreinte carbone 175 fois supérieure à celle des 10 % les plus pauvres (1). Rappelons également que le transport lié au commerce international génère un tiers des émissions de gaz à effet de serre (2). En complément avec la fiscalité écologique, l’urgence est à travailler sur les causes d’utilisation de la voiture : concentration de la valeur ajoutée dans les métropoles, étalement urbain du fait de la spéculation sur le logement, recul des services publics de proximité, fermeture ou engorgement des dessertes ferroviaires. Il est temps d’adopter une vraie politique industrielle répondant aux enjeux environnementaux : relocalisation de la production pour limiter les transports, production centrée sur la réponse aux besoins environnementaux et sociaux…
Les questions environnementales sont en tête des préoccupations des jeunes et des Ingés, cadres et tech. Aspiration à une alimentation de qualité, à un air respirable, inquiétude pour l’avenir qui sera laissé à nos enfants… Au-delà, c’est le sens du travail qui est interrogé : à quoi sert de produire toujours plus de produits à faible utilité sociale et à forte toxicité environnementale ? À quoi sert de produire toujours plus de richesses qui sont pour l’essentiel captées par les 1 % les plus riches ? Cette situation interpelle le syndicalisme. C’est pour empêcher cette opposition stérile que l’Ugict a, lors de son congrès, choisi de traiter systématiquement les questions environnementales en lien avec le travail. De notre capacité à donner corps au quotidien à ces orientations grâce à nos responsabilités sociales et professionnelles dépend la possibilité d’ouvrir une voie de progrès. Le progrès social passe par le progrès environnemental et vice versa !
1. Oxfam, 2015
2. Ocde

Sophie Binet
Co-Secrétaire générale de l’Ugict-Cgt

Voir aussi

Réagir

En vous connectant vous pouvez publier directement. Si vous n'avez pas de compte, votre réaction sera d'abord validée par un administrateur. Votre mail ne sera pas publié.