Options  n°643

Rencontres d’Options – Quelles protection sociale pour l’encadrement ?

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Europe, une leçon de complexité
Les comparaisons internationales se prêtent souvent à des raccourcis hâtifs. S’agissant des réformes de retraites, les modèles des pays voisins ne peuvent être dupliqués sans considérer les contraintes dans lesquelles évolue telle ou telle société. Le tour d’Europe des mécanismes de prévoyance et/ou de solidarité auquel se livre cette table ronde en fournit une claire démonstration. Il milite pour éviter le piège des solutions faciles et des approches strictement techniques alors que l’enjeu est d’abord et avant tout politique.

Édito

En 2019, renverser la tendance

En plein mouvement des gilets jaunes, l’année 2019 pourrait être celle de tous les bouleversements pour l’encadrement : suppression de la référence au salaire dans l’offre d’emploi au chômeur ; proposition des députés Lrem de dégressivité et plafonnement des allocations-chômage des cadres ; suppression de l’Agirc au 1er janvier 2019 et suppression de la Gmp pour les bas salaires de l’encadrement ; suppression proposée de l’exonération de la taxe d’habitation à partir de 27 000 euros de revenu fiscal de référence pour un célibataire ; blocage de la négociation encadrement par le Medef et volonté de remettre en cause le statut et la prévoyance cadre ; instauration d’un régime général de retraite sans référence au taux de remplacement, qui pourrait être inversement proportionnel au salaire au nom de « l’équité » ; réforme des fonctions publiques qui substituerait aux cadres à statut des cadres contractuels, pour mieux mettre en place l’austérité et réduire les garanties collectives.

Ces attaques sur tous les fronts des droits sociaux de l’encadrement s’opèrent sur fond d’opposition entre catégories de salariés, actifs, retraités et privés d’emploi. Le gouvernement attise les fractures au sein du monde du travail pour ne toucher en rien au coût du capital et trouver des boucs émissaires en pointant toujours plus pauvre que soit.

Le partage des richesses créées en France est de plus en plus inégalitaire, comme l’illustre l’étude sur les sociétés du Cac 40 publiée par Attac et l’Observatoire des multinationales. De 2010 à 2017, les impôts versés par ces sociétés ont diminué de 6,4 % alors que leurs bénéfices ont augmenté de 9,3 % ; 67,5 % de leurs bénéfices ont été reversés aux actionnaires tandis que leurs effectifs diminuaient de 20 %. Et pour parfaire le tout, leurs émissions de Co2 ont crû de 5 %, sachant qu’elles échappent largement à la taxe carbone !

La question de la prédation du capital sur le travail, pourtant considérée comme tabou dans la grande consultation gouvernementale, est l’élément catalyseur des mobilisations, dont celle des gilets jaunes. Le patronat craint leur jonction et l’embrasement au sein même de l’encadrement, ce qui permet d’obtenir de premières avancées : ainsi la proposition du patronat de la métallurgie d’augmenter de 2,1 % les salaires des ingénieurs et cadres lors des Nao, ou encore la réouverture des négociations sur l’encadrement, ses qualifications et ses responsabilités sociales.

La journée d’action du 5 février, décidée par la Cgt, doit permettre de renforcer les mobilisations revendicatives dans les entreprises et les fonctions publiques, de rendre visibles les aspirations des différentes composantes du salariat et leur rassemblement.

Marie-José Kotlicki

coSecrétaire générale de l’Ugict-Cgt

Directrice d’options

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