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Dissimuler, temporiser, cogner
Au moment où nous écrivons ces lignes, le conflit autour
du système de retraites est en cours et son issue reste ouverte, pour le meilleur ou le pire. La table ronde qui clôt ce dossier revient sur le temps long duquel il émerge. Dans le temps court, il est utile de s’attarder sur les trois piliers qui ont fondé l’action gouvernementale au début du conflit, de sa phase « froide »
à sa phase « chaude », à destination tant de l’opinion publique que des organisations syndicales.
Les mauvais points de l’universel...
Comme dans le 1984 d’Orwell, les protestations de justice, d’égalité et d’équité du gouvernement doivent être entendues
à l’inverse de leur sens premier. De fait, au-delà des battages d’estrades, le système de retraites à points engendre une logique d’individualisation qui intoxique tous les champs d’application de la solidarité. Dans ce système, étroitement dépendant des marchés financiers, la valeur du point joue le rôle de variable d’ajustement ; dans un contexte de vieillissement démographique, elle est mécaniquement condamnée à la baisse.
Retours sur un conflit sans précédent
Comment penser et inscrire cette grève et la mobilisation sociale qui l’accompagne dans le fil des mobilisations précédentes
et dans le contexte économique et politique ? Comment évaluer le rôle du mouvement syndical, avec ses convergences et ses lignes de fractures, son rapport aux formes d’action, à la négociation et aux alliances sociales ?

Édito

Sourd et aveugle ? c’est le Medef
Faisant fi du mouvement social, le Medef amplifie le « cadre bashing » durant la négociation sur l’encadrement. Son projet de texte passe par pertes et profits la prévoyance des cadres du privé et la définition nationale interprofessionnelle de l’encadrement technique et managérial, les renvoyant au bon vouloir de chaque employeur. Outre un hold-up sur les droits collectifs, en particulier le droit à la formation ou à la déconnexion, le Medef est dans la surenchère en termes d’exigences, sans contrepartie aucune au niveau de la reconnaissance ou des moyens pour bien faire son travail : les cadres seraient responsables de tout ; l’employeur de rien !
C’est un Medef de combat, avec un texte sans aucune portée, alors qu’en parallèle les branches renégocient les conventions collectives sans référentiel national, en dénonçant au préalable tout accord spécifique sur l’encadrement.
L’objectif de ces manœuvres dilatoires est d’imposer la non-reconnaissance des diplômes et de l’expérience. Le statut de l’encadrement serait précarisé, attribué en fonction des postes occupés et d’une évaluation variable selon les entreprises.
L’accès à la prévoyance, uniquement réservé à un périmètre restreint de cadres, s’opérerait en mettant à leur charge 40 % de la cotisation aujourd’hui acquittée en totalité par l’employeur. Il va sans dire que ces propositions renforceraient la pression patronale sur l’encadrement et « récompenseraient » sa docilité.
Mais bafouer les aspirations des cadres va contre l’intérêt général du salariat. Laisser l’employeur définir arbitrairement qui est cadre ou assimilé nuirait aux déroulements de carrière de toutes et de tous, et tirerait vers le bas l’ensemble des rémunérations. Ce ne serait pas sans conséquence sur la motivation de l’encadrement, la souffrance au travail de l’ensemble des salariés, et l’efficacité dans la production. C’est donc inacceptable au plan social et contre-productif au plan économique.
La Cgt a proposé des droits et des moyens pour que l’encadrement exerce ses responsabilités sociales et son rôle contributif, en particulier sur le suivi des charges de travail et l’usage des outils numériques, pour respecter la santé au travail et les équilibres de vie. Elle a œuvré à la construction d’une intersyndicale qui a débouché sur une définition de l’encadrement partagée par toutes les organisations de salariés.
La Cgt est à l’origine d’une tribune unitaire (Ugict-Cgt, Cfr-Cgc et Fo-Cadres) dans Les Échos pour un appel à la mobilisation sur la réforme des retraites. Il s’agit maintenant de présenter un texte alternatif – unitaire ou convergent – et d’amplifier l’information et l’engagement dans l’action des ingénieurs, cadres et techniciens pour des réformes de progrès social.
Marie-José Kotlicki
coSecrétaire générale de l’Ugict-Cgt

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