[Chômage] Entre discours et réalité

Comme dans les autres domaines, l’action publique est marquée par des contradictions et des incohérences qui aliment l’angoisse des chômeurs.

C’est un fait, les chômeurs n’ont pas été oubliés par le gouvernement. Une semaine après que, le 16 mars, Muriel Pénicaud a annoncé la suspension de la mise en œuvre du deuxième volet de la réforme de l’assurance chômage, volet entamant fortement le montant des allocations versées, le gouvernement a adopté, le 25 mars, une prolongation des droits des demandeurs d’emploi. Et il n’en est pas resté là. Après avoir annoncé la fermeture des agences Pôle emploi, il a fait savoir que l’organisme arrêterait tous ses contrôles, suspendrait les radiations et, bien sûr, les convocations des personnes inscrites sur ses listes.

Problème : l’actualisation des situations n’a pas été suspendue. Autrement dit, des mesures ont été prises mais les procédures ont été maintenues. Or, il est encore en France des personnes qui maîtrisent mal l’outil Internet : une personne sur quatre, selon l’Insee, parmi lesquelles les plus âgées ou les moins diplômés et aux revenus modestes. Et, malgré cela, aucune solution n’a été apportée pour permettre à tous d’accéder au site de Pôle Emploi, de scanner et d’envoyer les documents indispensables à l’actualisation de leur situation, déplore Guillaume Bourdic, élu Cgt au Cse de Pôle Emploi Bretagne et animateur national du syndicat Cgt de l’organisme. « Nous avons demandé à la direction d’alléger ses procédures et, pour commencer, d’accepter une actualisation automatique des situations le temps que durera l’état d’urgence sanitaire », poursuit le militant. À ce jour, aucune réponse n’a été apportée.

Avec le Comité national Cgt des privés d’emploi, l’organisation maintient la pression. Sera-t-elle entendue ? Une chose est sûre, quand il le veut, l’organisme sait prendre rapidement des mesures. Le 25 mars, à la demande du gouvernement et de la Fnsea, Pôle emploi a mis à disposition ses moyens pour pousser des dizaines de milliers de chômeurs ou de salariés en chômage partiel à « rejoindre la grande armée de l’agriculture française ».

M. H.

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