En 1894, Yersin découvre le bacille de la peste

 

Qui donnera un jour son nom au Covid-19 ?

 

Dans le but de s’ébrouer un peu du côté de l’espoir au sein du marasme, on doit évoquer la haute figure énigmatique et bienfaisante du bactériologue né en Suisse Alexandre Yersin (1863-1943). De nombreux ouvrages lui ont été consacrés, le dernier en date, sauf erreur, étant le « roman sans fiction » – selon sa propre formule – de Patrick Deville intitulé Peste et Choléra (Seuil, 2012), qui obtint le Goncourt des lycéens et fut couronné par le prix Femina.

 

Yersin, confrère de Pasteur, découvrit en 1894 le bacille de la peste (il porte son nom : Yersinia pestis) et le vaccin pour s’en prémunir. Une place du 13e arrondissement de Paris lui est dédiée. Solitaire, quasiment ermite, planteur d’hévéa, ce grand voyageur, avant tout en Asie (au Vietnam, où il fonda un institut Pasteur, il fut considéré comme « un bouddha vivant »), est le prototype du savant imaginatif et opiniâtre dont le XIXe siècle honora l’image avec ferveur. Patrick Deville, bousculant avec art la chronologie, inscrit Yersin dans un récit foisonnant au fil duquel on reconnaît aussi bien – entre maints protagonistes d’une période fertile en découvertes et explorations en tout genre – le légendaire Louis Pasteur, évidemment, le chercheur allemand Robert Koch (1843-1910) qui mit à jour la bactérie de la tuberculose, Albert Calmette (1863-1933) qui inventa contre elle le BCG, ainsi que le maréchal Lyautey, Arthur Rimbaud ou James Joyce… Qui donnera son nom au Covid-19 ?

 

Antoine SARRAZIN