Directions ➾ Une organisation « à l’arrache »

 

Du confinement à la reprise d’activité, deux mois de combat syndical.

 

« Le 17 mars, au premier jour du confinement, tout le monde est rentré chez soi pour télétravailler »,

témoigne Christophe Teisseire, élu Cgt d’un Cse de Sncf Réseau, dont le périmètre couvre quelque 2 300 salariés, essentiellement des cadres franciliens relevant des directions opérationnelles Réseau ou Clients et Services. Tout le monde ou presque : une dizaine d’agents selon les chiffres de la direction, dont un ou deux managers, sont rapidement à nouveau sur site. « Horairistes » volontaires, ils travaillent au sein de la Direction de l’attribution des capacités. Chargés notamment de tracer les « sillons », ils définissent la capacité d’infrastructure nécessaire à la circulation de l’offre ferroviaire sur des trajets et des horaires donnés, l’équivalent en quelque sorte d’un couloir aérien.

 

Début avril, un premier Cse extraordinaire est, en grande partie, consacré à ces agents devant se rendre sur leur lieu de travail. Un rapport préventif a été adressé au Drh pour argumenter en faveur du télétravail, y compris pour les personnels chargés de missions essentielles. Il manque pour cela du matériel, en particulier des ordinateurs portables avec accès aux données professionnelles dans un contexte où, semble-t-il, les services informatiques sont dans l’incapacité de traiter toutes les demandes.

 

« Très vite pourtant, nous sommes confrontés à l’enchaînement des événements, avec l’annonce du déconfinement et la montée en charge de l’activité, ce qui suppose d’adapter la marche de chaque train. »

Il faut attendre le 7 mai pour que se tienne un second Cse extraordinaire sur la reprise d’activité.

 

Sur la forme, le Cse est épuisant  : « Quatre heures de discussions à distance, entre une trentaine de participants parmi lesquels 24 élus titulaires », témoigne l’élu Cgt qui parle d’une future organisation du travail « à l’arrache ». Plans de circulation dans les immeubles, fonctionnement de la climatisation, mesures de protection et de distanciation…

 

« Nous disposons de ces informations une heure à peine avant la réunion du comité. Nous avons des difficultés à nous faire entendre, et la plupart des questions posées restent sans réponse. »

La Cgt exige notamment le port de masques pour tous, au motif de l’impossibilité à pouvoir toujours respecter la distanciation physique. Sa demande est rejetée.

 

Lors de la reprise du travail, entre 80 et 100 horairistes, sur 400 salariés, sont sur le site du 13e arrondissement de Paris, à raison de 30 à 40 personnes par étage. Dès le 13 mai, la direction revient sur son refus et distribue deux masques par salarié. Si, depuis le début de la crise, les élus ont des difficultés à obtenir des informations sur la réalité des conditions de travail et de vie dans les bureaux, ils savent que celles-ci sont « spartiates » : pas de machine à café, pas de fontaine à eau, pas de restauration collective, pas de réfrigérateurs en nombre suffisant pour la conservation des aliments… Dans le même temps émergent les prémices d’un futur combat : le développement des « bureaux flexibles » qui, avec l’expérimentation du télétravail à grande échelle, semblent particulièrement intéresser la direction de l’immobilier.

 

C. L.

 

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