Le nivellement des salaires par le bas, leur tassement, est un objectif de tout le temps du patronat.
Son action pour ne pas reconnaître à leur juste prix les qualifications, c’est-à-dire la force de travail mise en œuvre, redouble d’autant au fur et à mesure que celles-ci se développent et que leur niveau progresse.
C’est la raison pour laquelle, dès les années 1980, la CGT définit le SMIC comme un salaire minimum correspondant à ce qu’a besoin pour vivre un salarié sans qualification particulière. Dès lors qu’un salarié acquiert par ses diplômes, sa formation ou son expérience une qualification plus élevée, celle-ci, mesurée par une classification, doit donner lieu à un salaire plus élevé également.
Ces principes de base sont contournés à chaque fois que des augmentations en somme fixe interviennent, laissant de côté la reconnaissance salariale de la qualification. La qualification est dévalorisée chaque fois que tout ou partie du salaire qui lui correspond ne suit pas l’inflation.
La plupart des luttes des salariés qualifiés à responsabilité, singulièrement des professions techniciennes, porte sur la reconnaissance de leur qualification dans leur responsabilité et dans le salaire. L’ignorer revient à laisser s’opérer des oppositions entre catégories de salariés qui n’ont pas lieu d’être, dès lors qu’il s’agit de rassembler tout le salariat face à la classe dominante.
Les ingénieurs, cadres et techniciens seront d’autant plus impliqués dans les luttes salariales que les revendications de hausse du salaire seront formulées en pourcentage car boostées par leurs aspirations à ce que leur qualification soit reconnue.
Jean-François Bolzinger