L’organisation des cadres dans l’U. G. I. C. – Options N°1 – 1965

Nous Reproduisons ici l’édito du premier numéro d’Options en 1965 signé par René Le Guen, secrétaire général de l’UGIC nouvellement créée et encore limitée aux cadres. Il explicite l’organisation projetée des cadres dans la Cgt et l’objectif d’Options.

L’organisation des cadres dans l’U. G. I. C.

En obtenant l’ouverture des discussions qui devaient engendrer la convention collective du 14 mars 1947, instituant les régimes de retraite complémentaire des cadres, I’U.G.I.C. signataire de cette convention s’affirmait comme une organisation consciente des préoccupations des cadres et capable de les faire aboutir.

L’U.G.I.C. est chargée de coordonner et d’orienter l’activité de l’ensemble des ingénieurs, cadres administratifs et techniques, médecins salariés, officiers de marine, techniciens et V.R.P., adhérant à la Confédération Générale du Travail.

Pourquoi cette structure particulière dans la Confédération dont la mission est de rassembler, pour défendre leurs intérêts, l’ensemble des salariés, sans distinction de profession ou d’opinion ?

Les cadres, tout en étant des salariés, occupent, de par leurs responsabilités techniques, administratives, financières, juridiques ou de commandement, une position qui détermine des préoccupations sociales et professionnelles spécifiques qu’accentuent leur origine et leur formation.

Il est donc fondamental que pour la défense de leurs intérêts matériels et moraux ils se groupent et s’organisent dans leurs propres syndicats. La détermination de leurs revendications, les moyens de les exprimer, les formes d’action pour les faire aboutir sont, et doivent être leur affaire.

Leurs préoccupations et leurs revendications prennent naissance dans la nécessité de satisfaire des besoins que les « contraintes » du régime capitaliste freinent.

Même si pour certains, le terme est encore choquant, pour un nombre de plus en plus important il devient évident que sous des formes et à des degrés différents ils sont soumis à une exploitation de leurs connaissances, de leurs capacités à réaliser et à créer. Exploitation dont les racines ont le même fondement que pour les autres travailleurs.

Est-il possible de contester qu’il existe une dépendance étroite entre les revendications essentielles de l’ensemble des travailleurs ? Dépendance qui, dans les faits, s’accentue au fur mesure que progresse quantitativement la couche sociale que constituent les cadres dans leur ensemble.

Les intérêts des cadres et des autres travailleurs

Les actions conduites par les uns et par les autres ont des répercussions positives sur l’amélioration des conditions d’existence e tous ;

Dans leur recherche de solutions tant sur le plan économique que social, les cadres sont désireux de connaître les solutions préconisées par les autres travailleurs et vice versa.

Affirmer « que les intérêts des cadres doivent être défendus par des cadres comme les intérêts des ouvriers par des ouvriers » n’est plus aujourd’hui suffisant pour justifier des organisations confédérées séparées. Les cadres doivent être défendus par leurs représentants, et cela ne peut être mis en cause, tout en restant liés, de l’aspect organique, avec les autres travailleurs

L’intérêt des cadres, comme celui des autres travailleurs réside dans la recherche en commun d’une orientation générale répondant à la défense des intérêts de l’ensemble.

L’organisation des cadres dans I’U.G.I.C. répond à ces impératifs.

Au niveau de l’entreprise, les sections ou syndicats de cadres œuvrent en liaison avec les sections ou syndicats d’ouvriers et d’employés.

Au niveau des départements, dans les unions départementales, les syndicats de cadres comme les syndicats d’ouvriers et d’employés, participent à l’activité et examinent dans une commission départementale les problèmes qui leur sont spécifiques.

Dans chaque fédération d’industrie les sections syndicales ou les syndicats de cadres sont regroupés dans un syndicat national ou une union fédérale.

Au sommet de la pyramide, I’U.G.I.C. coordonne et oriente l’activité des différents syndicats nationaux ou unions fédérales.    Cette structure originale, tout en permettant aux cadres d’examiner, de déterminer leurs revendications spécifiques et d’agir pour les faire aboutir, assure les liaisons indispensables, tant au niveau du département qu’au niveau de l’industrie, entre les représentants de l’ensemble des travailleurs des secteurs correspondants.

De tels principes d’organisation aident à concrétiser et à accélérer le rapprochement entre toutes les catégories de travailleurs, qu’avec beaucoup de « sciences » sociologiques et économiques certains s’acharnent à retarder.

Il ne s’agit pas pour autant d’une organisation rigide ignorant les particularités.

Le développement quantitatif et qualitatif conduit à une multiplication des fonctions de cadres qui peut amener des formes particulières d’organisation.

Suivant les industries, les ingénieurs et cadres ont des organisations communes avec les techniciens et agents de maîtrise ou particulières à chacune des catégories. C’est ainsi que les médecins du travail ou les médecins de dispensaires, organisés dans des syndicats par branche d’industrie, disposent d’une Union nationale des Médecins rattachés à I’U.G.I.C.; que les officiers de marine et les V.R.P. sont organisés en fédérations spécifiques.

Le dialogue doit être constructif

Cette diversité atteste du souci de notre grande centrale syndicale de permettre aux cadres la recherche et la défense de leurs revendications propres.

En favorisant le développement de toutes les initiatives, cette structure fait confiance aux hommes. Elle est suffisamment décentralisée pour que chaque section syndicale soit apte à répondre aux préoccupations particulières de ses adhérents, tout en participant à l’élaboration des revendications communes.

Était-il nécessaire de tenter une présentation organique de I’U.G. I.C. dans ce premier numéro d’«OPTIONS » ?

La publication de cette revue témoigne de notre désir d’engager, avec l’ensemble de nos collègues cadres, un dialogue sur les sujets nous préoccupant. Il est normal que chacun connaisse dans quelles conditions les cadres adhérant à la C.G.T. examinent, élaborent et déterminent les positions qui seront présentées dans ces colonnes. Notre dialogue se veut aussi constructif et réaliste pour la défense des intérêts matériels et moraux des ingénieurs, cadres et techniciens. L’U.G.I.C. est pour nous l’organisation permettant de faire progresser et aboutir les préoccupations qui se dégageront de ce dialogue.

René Le Guen

Secrétaire Général de l’Union nationale des Ingénieurs et Cadres

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