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Un syndicalisme de transformation sociale
Après avoir souhaité la bienvenue aux délégations syndicales venues des quatre coins de la planète, aux délégués français et à leurs syndicats, Philippe Martinez, à partir d’un bilan de la période écoulée, a analysé sans complaisance l’activité de la CGT et les mutations qui restent à effectuer au regard des grands défis de la période.

Édito

Cap sur le déploiement et l’efficacité syndicale

Notre 52e congrès confédéral s’est tenu dans un contexte compliqué pour la Cgt, alors que nous devons relever plusieurs défis. Le premier est celui de la représentativité et de la syndicalisation, avec une Cgt fragilisée sur ses bases. D’un côté, l’augmentation permanente du nombre d’ingénieurs, cadres et techniciens dans les grandes entreprises dans lesquelles nous sommes le mieux implantés exige une prise en compte de leurs aspirations spécifiques. De l’autre, l’exécution est renvoyée à la sous-traitance, à la précarité, aux petites entreprises dans lesquelles la Cgt est moins présente.

Le second défi est celui du rapport de force et de la mobilisation, avec le mouvement des gilets jaunes qui s’est développé en dehors de nos rangs et qui met en lumière nos déserts syndicaux, notamment chez les employé·es et les précaires. Alors que le gouvernement met en scène ses passages en force pour nous renvoyer dans un syndicalisme de posture, c’est la question de l’efficacité syndicale qui nous est posée.

Enfin, troisième défi : nous sommes interpellés par l’accélération des transformations du monde du travail et de la société, avec la révolution numérique, les enjeux environnementaux et l’arrivée de nouvelles générations. Les aspirations démocratiques sont centrales, et la défiance vis-à-vis de l’institutionnel et de tout ce qui vient d’« en haut » n’épargne pas la Cgt.

Notre congrès nous a permis de progresser sur trois points importants.

D’abord la lucidité, avec l’affirmation sans détour de nos difficultés électorales et de syndicalisation. Le document d’orientation confédéral valide plusieurs décisions concrètes et volontaristes, à commencer par celle de développer notre syndicalisme spécifique Ugict. Comme l’a indiqué Philippe Martinez dans son rapport introductif, « le besoin d’organisations spécifiques ne devrait plus faire l’objet de discussions dans la Cgt. Il y a besoin d’organiser les Ict dans l’entreprise et au niveau territorial, dans des structures qui leur permettent de discuter sereinement de leurs problèmes et de construire leurs revendications ». Le document prévoit donc de renforcer les structures spécifiques, notamment dans les métropoles qui concentrent la majorité de l’emploi des Ict, et de construire des plans de déploiement et de syndicalisation confédéralisés. Il s’agit de décisions importantes pour que le travail de l’Ugict et de ses organisations soit porté et utilisé par toute la Cgt.

Le document d’orientation, comme les débats du congrès, a également mis en avant, dans le prolongement des travaux de l’Ugict, la nécessité de traiter davantage les questions environnementales et de les articuler en permanence avec les enjeux sociaux et industriels, en intégrant la révolution numérique. Il s’agit d’un point d’appui fort pour montrer notre Cgt comme un syndicalisme d’avenir, notamment auprès des jeunes. Enfin, la question de l’égalité femmes-hommes était très présente dans le document – dans lequel la Cgt se revendique pour la première fois comme féministe –, dans les débats et les amendements. Il s’agit, nous le savons, d’une question de plus en plus importante pour les Ict, alors que dans de nombreuses entreprises la féminisation se fait majoritairement par l’encadrement.

Comme toujours dans la Cgt, notre congrès a été marqué par des débats contradictoires. L’occasion de montrer à quel point l’aspiration démocratique qui s’exprime dans toute la société et le refus des arguments d’autorité sont forts, y compris dans la Cgt. Alors que 80 % des délégué·es faisaient leur premier congrès, ils et elles ont montré leur exigence de se faire une idée par eux-mêmes. Cependant, en l’absence de préparation avec les syndiqué·es, la majorité des délégué·es sont arrivé·es à froid, sans mandat ni parfois même idée des sujets qui allaient être en discussion au congrès. Par exemple, sur la question des affiliations internationales, sur celle des comités régionaux, du syndicalisme rassemblé ou encore de la syndicalisation des étudiants, sujets complexes et parfois bien éloignés des préoccupations des salarié·es et des syndiqué·es, qui ne peuvent être tranchés par des débats expéditifs. Ceci, cumulé à un certain flou dans l’organisation des débats et des votes, a contribué à entretenir un climat de défiance vis-à-vis de la tribune. C’est ce que reflètent les majorités à 60 % ou à 70 %, moins larges que d’habitude.

La nouvelle direction aura la responsabilité d’approfondir ces débats avec de vraies confrontations d’arguments, en garantissant l’implication d’un maximum de syndiqué·es et de salarié·es. Elle aura aussi à rassembler l’organisation et à regagner l’implication de toutes et tous dans l’interprofessionnel, faute de quoi ce congrès se traduira par un renforcement des logiques de repli et de désintégration. Commission exécutive confédérale et comité confédéral national auront à tirer un bilan franc de ce que révèle ce congrès et à en tirer toutes les conséquences. Les syndicats attendent de la confédération des outils et des campagnes concrètes leur permettant de répondre aux défis auxquels ils sont confrontés. Les salarié·es exigent une Cgt qui se donne les moyens de peser et d’influer sur le cours des choses, à commencer par la réforme des retraites.

Il n’est plus possible que les décisions prises, notamment en matière de vie syndicale, ne soient pas mises en œuvre. Plus possible de penser se sortir des débats difficiles en les évitant et en mettant la poussière sous le tapis. Comme elle l’a toujours fait, l’Ugict s’impliquera sur les débats de contenu, en refusant d’être enfermée dans des camps ou des débats de postures entre soi-disant « réformistes » et « contestataires ».

En France et dans le monde, les attentes et exigences des salarié·es vis-à-vis de la Cgt sont immenses, soyons à la hauteur de nos responsabilités et de notre histoire. La réforme des retraites constitue notre premier rendez-vous, il nous faut tout mettre en œuvre pour rassembler les salarié·es et faire dérailler le scénario écrit par le pouvoir. En avant, toutes et tous ensemble !

Marie-José Kotlicki

Secrétaire générale de l’Ugict-Cgt

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