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Le sondage réalisé par viavoice pour le baromètre annuel de l’Ugict éclaire la place centrale de la question de la reconnaissance sur un triple terrain : social, salarial
et managérial. Cette triple aspiration se heurte aux politiques publiques et privées mises en œuvre à l’encontre de la qualification.
À la ratp, les techniciens se retrouvent ainsi à la peine. Occupant des postes aux profils plus fluctuants que d’autres, en interface entre opérateurs et cadres, ils se voient sommés d’assurer un large éventail de tâches, une polyvalence non valorisée.
Cette «communauté interprofessionnelle de destin » renvoie pourtant à une conscience morcelée. Comment alors, cristalliser une identité collective ?

Édito

Retraites : le débat escamoté
Le calendrier est désormais connu. Jean-Paul Delevoye, le haut-commissaire à la réforme des retraites, présentera fin juin ses conclusions, et le gouvernement dévoilera son projet de loi à la rentrée, pour une adoption à marche forcée avant la fin de l’année 2019. En reprenant la méthode expérimentée avec les ordonnances Travail, le gouvernement veut dévoiler ses intentions le plus tard possible pour empêcher le débat sur un sujet qu’il sait mobilisateur. Ainsi, le principe affiché (« un euro cotisé = les mêmes droits pour tous ») occulte la vraie question : les mêmes droits, oui, mais lesquels ? Au passage, il fait diversion en fustigeant les « favorisé·es » – cadres, fonctionnaires, marins, cheminot·es ou autres régimes spéciaux.
L’enjeu central de la future réforme est évacué d’emblée. Jean-Paul Delevoye l’a déjà dit et redit : pas question d’augmenter le financement que nous accordons collectivement à notre système de retraite. Le problème ? Nous savons que le nombre de retraité·es augmentera de 25 % d’ici à 2040. Sans augmentation correspondante des ressources, le montant des pensions s’effondrera. La réforme des retraites du gouvernement consiste donc à passer d’un système « à prestations définies » avec une garantie de maintien du niveau de vie pour les futur·es retraité·es, à un régime « à cotisations définies » en bloquant une fois pour toutes les ressources et en ajustant à la baisse les prestations. C’est ce qui s’est passé en Suède, modèle du gouvernement français pour sa retraite à points. Le recul de l’âge légal à 63 voire à 64 ans est un chiffon rouge : pas besoin de le modifier pour décaler l’âge effectif, il suffit de renforcer les systèmes de décote pour toutes celles et ceux qui partiraient avant un âge pivot. Le calcul de la pension sur l’ensemble de la carrière au lieu des 25 meilleures années dans le privé et des 6 derniers mois dans le public et le plafonnement des dispositifs de solidarité (prenant en compte la maternité ou le chômage) et des pensions de réversion pénalisera directement les ingés, cadres et tech… pour le plus grand bonheur des assureurs et des banquiers qui lorgnent de longue date sur leur épargne. La double peine : des dispositifs de capitalisation très risqués pour espérer maintenir son niveau de vie, et l’utilisation de notre propre épargne pour financiariser nos entreprises et notre travail. Car ne l’oublions pas : ce sont les réformes des retraites de Thatcher et de Reagan qui ont enclenché le mouvement de financiarisation du monde dans les années 1980. La mobilisation s’impose !
Sophie Binet
cosecrétaire générale de l’Ugict-Cgt

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