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Confrontées à un Grenelle de pacotille et à un projet de budget hors sol, les organisations syndicales du monde enseignant - Fsu, Cgt, FO, Sncl et Solidaires – ont appelé à la grève pour exiger des créations de postes, une autre politique éducative, le dégel de la valeur du point d’indice et une revalorisation significative des salaires et des carrières.
C’est que la gabegie régnante et la débrouille qui en résulte sont de mauvais augure pour l’avenir: celui des enseignants comme celui des élèves et, au-delà, du niveau général de qualification et de démocratie de la société.
Alors? Comment, tout à la fois, répondre au vécu douloureux des personnels, revaloriser dans les consciences le sens du métier enseignant, construire une école de la réussite pour tous ?

Édito

Étudiants sacrifiés, avenir hypothéqué

En France, la pandémie déstabilise la jeunesse, entre décrochage universitaire, hausse de la précarité et détresse psychologique. Cette situation intolérable doit interpeller l’ensemble du corps social.

La suppression des petits boulots étudiants, des stages, la mise à mal de l’alternance, la fermeture des universités avec un enseignement à distance chaotique ont détérioré ses conditions de vie et sa capacité à étudier.

Le nombre d’étudiants salariés est monté en flèche depuis une dizaine d’années, et 74 % vivent une situation financière compliquée. En dix mois de Covid, les aides alimentaires ont explosé et le taux d’anxiété a été multiplié par deux. Pourtant, ni réforme des bourses ni augmentation substantielle de l’allocation étudiante n’ont été opérées. Aucun moyen supplémentaire n’a été octroyé aux Crous.

Alors que les classes préparatoires sont restées ouvertes, la fermeture des universités a été décrétée brutalement. Cette rupture du lien social a amplifié le sentiment d’isolement, attesté par une hausse sans précédent des troubles psychologiques, alors qu’une étude récente a constaté une hausse majeure des troubles anxieux entre 2000 et 2010. En toile de fond, la compétition entre étudiants, en particulier sur les cursus les plus porteurs, engendre un stress de la performance. Le plan santé mentale du Premier ministre, lui, brille par son indigence avec un doublement des effectifs de psychologues universitaires, ce qui porterait leur nombre à 160 soit… un psychologue pour 17 000 étudiants !

Amphis bondés, appauvrissement des universités, creusement des inégalités entre facultés sont le résultat de réformes menées au pas de charge sans moyens pour faire face à l’augmentation des effectifs et à l’accroissement des niveaux de qualification.

Alors que la crise sanitaire ébranle des pans entiers de l’économie, mettant à mal les secteurs de l’automobile, de l’aéronautique, de la culture, cette indifférence risque d’hypothéquer encore plus notre avenir commun. Car casser le dynamisme de notre jeunesse et sa confiance dans l’avenir, c’est prendre le risque qu’elle aille le chercher hors de notre pays, aux dépens de ses capacités d’innovation.

C’est pourquoi la Cgt et son Ugict proposent un plan de relance pour l’enseignement supérieur et la recherche :

– un programme de recrutement pour dédoubler les cours et exercer un véritable tutorat ; la titularisation des vacataires ; le financement des doctorants, comme dans d’autres pays européens ;

– l’aide à la recherche du premier emploi ;

– un service de santé à la hauteur des besoins, avec renforcement des moyens dévolus aux Crous.

C’est ce que porteront unitairement les enseignants-chercheurs et les étudiants en grève le 26 janvier, avant la journée interprofessionnelle d’action du 4 février.

Marie-José Kotlicki

Cosecrétaire générale de l’Ugict-Cgt

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