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n°652
Mouvement social – Les possibles…
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Le sans fin du toujours moins
Ce n’est pas parce qu’ils travaillent bien qu’ils ne doivent pas faire l’objet d’économies. Le propos résume la philosophie gouvernementale à l’égard des services publics. À Radio France, de trajectoires financières non respectées en plans stratégiques, la logique financière s’oppose ainsi à celle de l’entreprise et semble sans fin. Confronté à un plan stratégique de 40 millions d’économies supplémentaires pour financer à la fois les investissements dans la transition numérique et faire face à « l’augmentation mécanique des charges », le Snj-cgt met en avant l’existence d’autres approches budgétaires possibles.
Le sans fin du toujours moins
Ce n’est pas parce qu’ils travaillent bien qu’ils ne doivent pas faire l’objet d’économies. Le propos résume la philosophie gouvernementale à l’égard des services publics. À Radio France, de trajectoires financières non respectées en plans stratégiques, la logique financière s’oppose ainsi à celle de l’entreprise et semble sans fin. Confronté à un plan stratégique de 40 millions d’économies supplémentaires pour financer à la fois les investissements dans la transition numérique et faire face à « l’augmentation mécanique des charges », le Snj-cgt met en avant l’existence d’autres approches budgétaires possibles.
Édito
La victoire à notre portée
Avec des records de manifestant·es comme de grévistes, la mobilisation initiée le 5 décembre a déjoué toutes les stratégies de division du gouvernement. Public-privé, exécution comme encadrement, la lutte est bien plus large et profonde que ce que le pouvoir voudrait faire croire. Brandissant les pancartes de l’Ugict « Ok boomer », les jeunes ont bien compris qu’ils étaient directement visé·es par la clause du grand-père – cette clause de l’égoïsme refusée par les salarié·es des régimes spéciaux, dont la grève n’a pas été entamée par l’hypothétique report de l’application de la réforme.
Le travail de décryptage de l’Ugict-Cgt a contribué à lever le voile sur les intentions du gouvernement : en bloquant le financement des retraites à son niveau actuel, 14 % du Pib, alors que le nombre de retraité·es augmentera de plus d’un tiers d’ici à 2050, la réforme conduirait à un effondrement du montant des pensions. Pour les ingés, cadres et tech, la conséquence est claire : le système ne garantira plus le maintien de leur niveau de vie. L’objectif est limpide : orienter l’épargne de toutes et tous les salarié·es solvables vers les fonds de pension. Les directives de BlackRock, le premier gestionnaire d’épargne retraite, sont appliquées à la lettre : l’assouplissement de l’épargne retraite et de sa défiscalisation vient discrètement d’être mis en place par la loi Pacte ; reste maintenant à créer le marché. C’est bien l’objectif d’une des mesures centrales de la réforme des retraites : l’exclusion de 10 % des cadres de la retraite par répartition intégrale. La perte de cotisations des cadres sup coûterait plus de 4 milliards par an à notre système par répartition et serait un beau cadeau pour les entreprises. Ce n’est pas par hasard qu’Ambroise Croizat, le père de la Sécurité sociale, s’est battu pour que le système intègre les cadres : il s’agissait d’un gage de pérennité et de solidarité essentiel !
Le mépris du gouvernement et sa langue de bois managériale ne passent plus. Les femmes « grandes gagnantes » ? Lol ! L’appel féministe initié par la Cgt démontre que le fondement même de la réforme, qui conduit à reporter en permanence l’âge du départ en retraite, est structurellement défavorable aux femmes. Alors qu’elles sont déjà 40 % à partir à la retraite sans carrière complète, une réforme féministe devrait au contraire viser à réduire les durées travaillées, pour permettre aux hommes comme aux femmes de prendre en charge enfants et personnes dépendantes, tout en ayant un salaire et une pension complète.
La dernière cartouche du gouvernement, acculé dans les sondages, est tristement classique : monter l’opinion contre les grévistes. Elle doit être prise très au sérieux, et l’Ugict continuera à prendre des initiatives pour populariser et étendre le mouvement, dans la diversité des modes d’action, durant les fêtes de fin d’année. Preuve de sa solidité et de sa détermination, l’intersyndicale donne d’ores et déjà rendez-vous le 9 janvier pour un nouveau temps fort !
Sophie Binet
cosecrétaire générale de l’Ugict-Cgt
Avec des records de manifestant·es comme de grévistes, la mobilisation initiée le 5 décembre a déjoué toutes les stratégies de division du gouvernement. Public-privé, exécution comme encadrement, la lutte est bien plus large et profonde que ce que le pouvoir voudrait faire croire. Brandissant les pancartes de l’Ugict « Ok boomer », les jeunes ont bien compris qu’ils étaient directement visé·es par la clause du grand-père – cette clause de l’égoïsme refusée par les salarié·es des régimes spéciaux, dont la grève n’a pas été entamée par l’hypothétique report de l’application de la réforme.
Le travail de décryptage de l’Ugict-Cgt a contribué à lever le voile sur les intentions du gouvernement : en bloquant le financement des retraites à son niveau actuel, 14 % du Pib, alors que le nombre de retraité·es augmentera de plus d’un tiers d’ici à 2050, la réforme conduirait à un effondrement du montant des pensions. Pour les ingés, cadres et tech, la conséquence est claire : le système ne garantira plus le maintien de leur niveau de vie. L’objectif est limpide : orienter l’épargne de toutes et tous les salarié·es solvables vers les fonds de pension. Les directives de BlackRock, le premier gestionnaire d’épargne retraite, sont appliquées à la lettre : l’assouplissement de l’épargne retraite et de sa défiscalisation vient discrètement d’être mis en place par la loi Pacte ; reste maintenant à créer le marché. C’est bien l’objectif d’une des mesures centrales de la réforme des retraites : l’exclusion de 10 % des cadres de la retraite par répartition intégrale. La perte de cotisations des cadres sup coûterait plus de 4 milliards par an à notre système par répartition et serait un beau cadeau pour les entreprises. Ce n’est pas par hasard qu’Ambroise Croizat, le père de la Sécurité sociale, s’est battu pour que le système intègre les cadres : il s’agissait d’un gage de pérennité et de solidarité essentiel !
Le mépris du gouvernement et sa langue de bois managériale ne passent plus. Les femmes « grandes gagnantes » ? Lol ! L’appel féministe initié par la Cgt démontre que le fondement même de la réforme, qui conduit à reporter en permanence l’âge du départ en retraite, est structurellement défavorable aux femmes. Alors qu’elles sont déjà 40 % à partir à la retraite sans carrière complète, une réforme féministe devrait au contraire viser à réduire les durées travaillées, pour permettre aux hommes comme aux femmes de prendre en charge enfants et personnes dépendantes, tout en ayant un salaire et une pension complète.
La dernière cartouche du gouvernement, acculé dans les sondages, est tristement classique : monter l’opinion contre les grévistes. Elle doit être prise très au sérieux, et l’Ugict continuera à prendre des initiatives pour populariser et étendre le mouvement, dans la diversité des modes d’action, durant les fêtes de fin d’année. Preuve de sa solidité et de sa détermination, l’intersyndicale donne d’ores et déjà rendez-vous le 9 janvier pour un nouveau temps fort !
Sophie Binet
cosecrétaire générale de l’Ugict-Cgt
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