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La pandémie a remis la recherche scientifique et ses avancées au centre des débats politiques, et en lumière ses enjeux sanitaires bien sûr, mais également politiques, géostratégiques, démocratiques...
Dans le privé, les grands groupes, plus que jamais soumis au talon de fer des actionnaires, liquident leur R & D, préférant la fuite en avant de la sous-traitance ou l’achat sur étagère. Dans le public, les moyens stagnent misérablement pendant que la précarité reste au cœur du système d’embauche et de recrutement, grevant la possibilité de penser sur le temps long.
Comment, dans un tel contexte, le syndicalisme peut-il contribuer à hausser la rémunération du travail, celle du partage de la valeur et des moyens dévolus à la recherche publique au niveau qu’exigent à la fois l’urgence et le futur ?

Édito

Chômage : la réforme honteuse

Alors que la France traverse la pire crise économique de son histoire, le gouvernement impose une réforme de l’assurance chômage qui baissera les droits de 1,7 million de privés d’emploi. Quant à la taxation des contrats courts, elle est, encore une fois, reportée aux calendes grecques. Cette réforme pénalisera d’abord les plus précaires, les jeunes, celles et ceux qui enchaînent des contrats courts et à temps partiel. Mais ceci ne doit pas occulter les reculs imposés aux cadres, avec la dégressivité des allocations-chômage au-delà de 4 500 euros de rémunération brute. Une mesure de justice pour mettre à contribution les plus hauts revenus nous explique le gouvernement... tout en supprimant l’Isf. Un moindre mal, pensent d’autres, considérant que cela ne concerne « que » 60 000 salariés.

C’est tout l’inverse. Une fois instauré le principe de dégressivité, gouvernement et patronat pourront aisément abaisser son seuil d’application et le généraliser au prétexte de l’équité.
En outre, alors que, selon l’Apec, les offres d’emploi de cadres ont chuté de 40 % et que le chômage des seniors explose, cette disposition les contraindra à accepter des offres en décalage avec leur qualification ou leur rémunération. Conséquence: le déclassement en cascade, au détriment des moins qualifiés. C’est aussi « oublier » que les cadres représentent 42 % des recettes du régime, contre seulement 15 % des dépenses. La dégressivité et le plafonnement des allocations des cadres dégageront donc peu d’économies.

Mais en plafonnant les allocations, on passe d’un régime assurant le maintien du niveau de vie à un filet de sécurité minimum. Résultat : celles et ceux qui en ont les moyens financiers seront renvoyés vers les assureurs. On passerait ainsi de droits garantis par la cotisation à des aides sociales devant être « méritées », et donc conditionnées. Les plus gros contributeurs seraient aussi ceux qui bénéficieraient le moins du système. C’est ainsi que l’on organise le « ras-le-bol fiscal » et que l’on fabrique l’« assistanat ». Rien de tel pour diviser le salariat. En revanche, les chiffrages de l’Unédic démontrent que mettre à contribution les cadres dirigeants et instaurer des cotisations chômage sur la part des salaires supérieure à 13 500 euros permettrait de dégager 700 millions d’euros de recettes supplémentaires et concernerait d’abord les grandes entreprises. Bizarrement, Medef et gouvernement refusent obstinément d’en débattre.

Mais la mobilisation paie. Après une première victoire sur la réforme du calcul des allocations en octobre, la Cgt, avec l’intersyndicale qu’elle anime, dépose un nouveau recours devant le Conseil d’État. Le gouvernement a déjà été contraint de revoir sa copie sur la prise en compte des congés maternité et maladie. Le secteur de la culture nous montre la voie, avec plus de 100 théâtres occupés. Rejoignons- les, notamment le 1er mai !

Sophie Binet

Cosecrétaire générale de l’Ugict-Cgt

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