Parcourir :



Contenus

Le basculement rapide des médias de la «génération climat» portée aux nues, à l’apitoiement sur la « génération covid » participe de jeux d’images dans lesquels les adultes et les jeunes, dans leur diversité sociale, sont promis au rôle de dupes.
Depuis des décennies, les politiques publiques, sous couvert de défendre la jeunesse, tendent en fait à la précariser, jusqu’à en rendre l’autonomie hautement problématique.
Reste que dans une période peu favorable à l’action collective, la jeunesse reste bien présente, souvent sous des formes inattendues, comme dans les écoles d’infirmières...

Édito

Défendons nos libertés

Sidération, effroi, tristesse et maintenant colère. Avec l’assassinat de Samuel Paty, l’inimaginable s’est produit. Un enseignant a été décapité parce qu’il faisait son métier et s’appliquait à développer réflexion et esprit critique chez ses élèves. La communauté éducative est sous le choc. Un incident comme il s’en produit des milliers chaque jour débouche sur un engrenage tragique : chacun et chacune se sent personnellement concerné·e et menacé·e. Ce drame en dit long sur la fragilisation de notre école républicaine. Sur l’isolement des enseignant·es confronté·es à l’ensemble des problèmes que la société ne veut ni voir ni régler. Sur la distance – voire la défiance – avec de nombreuses familles. Celles qui, face aux inégalités sociales, au racisme et aux discriminations ne croient plus en la promesse de l’égalité républicaine. Mais aussi celles qui refusent la mixité sociale et multiplient les stratégies de contournement de la carte scolaire. La première leçon à tirer, c’est la priorité absolue à accorder à notre école pour que les éducateurs ne soient plus quotidiennement les témoins de leur impuissance à rendre effectives la liberté, l’égalité et la fraternité. Une revalorisation des fonctions et des moyens, notamment éducatifs et sociaux, un renforcement de la formation tout au long de la carrière, la constitution de vraies équipes éducatives… autant de chantiers à ouvrir immédiatement.

Nous avons également besoin de dégager le débat public sur la laïcité des calculs électoralistes et de réhabiliter les échanges argumentés. La propagation de fausses rumeurs sur les réseaux sociaux, le refus d’écouter l’autre, sont à l’origine de ce drame. Il nous faut donc refuser les logiques binaires, retrouver la rigueur intellectuelle et affronter des questions essentielles. Que s’est-il passé depuis les attentats de Charlie ? Pourquoi une telle montée du fascisme politique et religieux qui gangrène la quasi totalité des pays ? La surenchère sécuritaire et guerrière n’a pas porté ses fruits. La multiplication des lois d’exception restreignant nos libertés n’empêche pas les attentats. Le développement de fronts extérieurs, la politique de « guerre au terrorisme » n’en n’a pas éradiqué le terreau. Pire, la course à l’échalote avec l’extrême droite pour désigner des boucs émissaires et stigmatiser les musulmans risque de cliver profondément notre pays. Elle accrédite l’idée que nos valeurs universelles seraient à géométrie variable. Presse, culture, et maintenant école : à chaque fois, le terrorisme frappe des symboles de la liberté, du vivre-ensemble et de l’égalité républicaine. Renier ces principes et sortir de l’État de droit comme le fait le gouvernement, c’est rogner nos libertés, courir le risque d’alimenter la violence. Ces annonces liberticides sont indécentes et dangereuses. Elles alimentent les divisions alors qu’il faut rassembler. Elles affaiblissent la position de la France dans le monde, elles brouillent le combat pour la démocratie et les libertés. Plus que jamais, imposons un autre agenda.

Sophie Binet
cosecrétaire générale de l’Ugict-Cgt

Voir aussi

Réagir

En vous connectant vous pouvez publier directement. Si vous n'avez pas de compte, votre réaction sera d'abord validée par un administrateur. Votre mail ne sera pas publié.