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Procès France télécom, à l’ombre du désespoir
À délit d’ampleur, procès hors norme. Le 6 mai, le tribunal de grande instance de Paris jugera une affaire ayant débouché sur le suicide de plus de 60 salariés entre les années 2006 et 2009. Sur le banc des accusés, Didier Lombard, alors directeur exécutif de France Télécom et, à ce titre, chargé des ressources humaines, ainsi qu’Olivier Barberot, ancien directeur général adjoint de l’entreprise, auront, avec quatre autres cadres, à répondre de harcèlement moral et de complicité de harcèlement.

Édito

Le populisme pour protéger les ultrariches

Contrairement à ce que pourrait laisser croire la tragicomédie sur la surtaxation des contrats courts, l’enjeu de la réforme de l’assurance chômage n’est pas là. L’enjeu, c’est la philosophie même du régime. Le patronat a claqué la porte parce qu’il sait qu’il n’a rien à craindre de la reprise en main par le gouvernement. Celui-ci souhaite un plafonnement des allocations des cadres au nom de la « justice sociale » et au prétexte que leurs allocations « généreuses » ne les inciteraient pas à rechercher un emploi. Une double peine après avoir discrètement, par décret, instauré la suspension des allocations-chômage après deux refus d’une offre d’emploi, y compris si le salaire proposé est bien inférieur à celui perçu antérieurement. C’est surtout « oublier » que les cadres étant peu au chômage, leurs cotisations représentent 42 % des recettes du régime et que leurs allocations comptent seulement pour 15 % des dépenses. Le plafonnement des allocations des cadres dégagerait donc peu d’économies. La Cgt propose au contraire un déplafonnement des cotisations et des allocations, de façon à ce que la partie du salaire des cadres dirigeants supérieure à 13 500 euros soit mise à contribution. Une mesure qui permettrait de dégager 700 millions d’euros de recettes supplémentaires et de taxer en priorité les grandes entreprises qui concentrent ces hauts salaires.

Alors pourquoi agiter ce chiffon rouge ? Pour occulter les baisses de droits qui vont concerner tous les salarié·es et d’abord les plus précaires, comme les assistantes maternelles. Mais surtout parce que le plafonnement des allocations des cadres induirait un changement de nature du régime : on passerait d’un régime fondé sur des droits acquis par les cotisations et garantissant le maintien du niveau de vie à un filet de sécurité minimum, avec des aides sociales consenties au nom de la solidarité nationale et devant être « méritées », donc conditionnées. Le financement par la Csg pesant sur toutes et tous, quels que soient les droits ouverts, les plus gros contributeurs – cadres, retraité·es ou fonctionnaires – seraient aussi ceux qui bénéficieraient le moins du système. C’est ainsi que l’on organise le « ras-le-bol fiscal » et que l’on fabrique l’« assistanat », raison pour laquelle les comparaisons internationales démontrent que les systèmes universels sont aussi ceux qui protègent le mieux les plus démuni·es. Rien de tel pour diviser le salariat et occulter les vrais bénéficiaires de la réforme : le patronat qui, avec la suppression des cotisations, bénéficie d’une baisse massive des salaires… et les assureurs qui lorgnent avidement sur la protection sociale des cadres. La même logique est à l’œuvre sur la réforme des retraites. Pour refuser le partage de la pénurie, la Cgt veut rassembler le salariat et revendique une autre répartition des richesses.

Marie-José Kotlicki

coSecrétaire générale de l’Ugict-Cgt

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