À l’université Paris-Nanterre, une nouvelle chaire vient d’être créée : « Gouverner l’organisation numérique ». L’Ugict est membre à part entière de son comité de pilotage.
Gouverner l’organisation numérique, ce n’est pas seulement équiper technologiquement des bâtiments et des postes de travail. C’est aussi orienter le développement numérique vers des finalités réfléchies, clarifiées et partagées. » Cette vision est celle de l’Ugict, celle qui guide les travaux de son collectif dédié au numérique et qui alimente sa démarche revendicative. « La technologie est ce que l’on en fait », explique ainsi Jean-Luc Molins, son secrétaire national chargé de cette activité. Il n’existe aucun déterminisme, aucune fatalité à ce que l’intelligence artificielle entame l’emploi et les qualifications, ou à ce que les espaces connectés annihilent toutes les libertés… » Mais ce texte n’a pas été rédigé par l’organisation Cgt. Il est celui qui introduit l’annonce, faite début mars à la presse, du lancement à l’université Paris-Nanterre d’une chaire partenariale consacrée à la gouvernance du numérique. Une chaire pas comme les autres : à la demande de l’institution et aux côtés du centre de formation Afia-Cfa et des entreprises Enedis, Planon et Sauter Régulation, l’Ugict a été contactée pour y participer. Elle a répondu présent.
Que ce soit en faisant reconnaître le droit à la déconnexion ou en participant à la négociation européenne sur le numérique, cela fait plusieurs années maintenant que l’organisation a investi le terrain des conséquences de la digitalisation. Son expertise en la matière est reconnue. Mais celle-ci réclame sans cesse des actualisations et des précisions au gré des nouvelles questions qui surgissent.
La valeur de l’expertise syndicale reconnue
Exemple : la protection des salariés dans les espaces connectés. Avant même la 5G, l’expansion de ces nouveaux contextes de travail soulevait, pour commencer, la question de la réalité des droits des délégués du personnel à limiter la capacité des entreprises à surveiller en temps réel les salariés. Par sa puissance, cette nouvelle technologie renforce encore la nécessité des élus à disposer d’outils pour tenir leur place. Quels droits nouveaux possibles ? Quelle capacité de regard des organisations syndicales et des élus quant aux effets de l’expansion du numérique en entreprise ? « L’enjeu dépasse celui du télétravail », assure Jean-Luc Molins. Il est celui des droits et libertés au travail. Il est aussi celui de l’accès à la formation pour se préparer à ce nouvel environnement, celui du devenir du droit à la déconnexion.
Inscrite comme membre à part entière du comité de pilotage de la chaire nouvellement créée, l’Ugict avancera ces questions tout au long des échanges que ses membres y mèneront. D’ici à l’été 2021, de premières études vont être lancées. Les enjeux de la collecte et de l’exploitation des données engendrées par la numérisation des bâtiments occuperont d’abord les doctorants. D’autres les suivront en étudiant l’impact de l’organisation numérique sur la gestion des ressources humaines. Si, sur ces thèmes, les entreprises partenaires ont prévu d’apporter leur savoir, avec la Cfe-Cgc également lancée dans cette aventure, l’Ugict entend alimenter les travaux et s’enrichir de la connaissance produite. Elle y est décidée parce que, défend Jean-Luc Molins, « la connaissance ainsi développée permettra d’identifier l’orientation à donner à la conception et à l’usage des technologies. Elle nous aidera à nous prémunir de la tentation de jouer les apprentis sorciers, pour en faire un levier de progrès social et sociétal ».
Martine Hassoun
Surveillance
Quand on interroge les salariés sur l’usage des outils de surveillance dont ils savent être l’objet, 45 % répondent être concernés (près de deux fois plus qu’avant la crise sanitaire). Mais moins de la moitié seulement (44 %) ont reçu des informations claires et détaillées à ce sujet de la part de leur employeur. L’étude a été menée par GetApp, plateforme de conseil aux entreprises sur les logiciels. La société affirme que 59 % des 1 418 personnes interrogées ne veulent pas de cette surveillance.