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Congrès UFICT Métallurgie 5 réactions

Document n°1 Du « forfait en jours » au « droit à la déconnexion », quelle répartition entre vie professionnelle et vie privée ?

Selon le sondage interprofessionnel Ugict-CGT / ViaVoice, de mars 2016, le temps de travail des ingénieurs, cadres et techniciens (ICT) ne cesse d’augmenter : 48 % des cadres travaillent plus de 45h par semaine (une moyenne de 46,6h pour les cadres au forfait jours !) et les techniciens travaillent 42h30 en moyenne par semaine. De plus, 57 % des cadres travaillent sur leur temps de repos. Les heures supplémentaires ni payées ni récupérées concernent 39 % des professions techniciennes. Autres éléments marquants du sondage :

Les trois priorités des cadres :

  1. Mon équilibre vie privée / vie professionnelle : 68 % (femmes 69.7 % vs hommes 67.2 %)
  2. Ma qualité de vie au travail : 54 % (femmes 58.5 % vs hommes 51.3 %)
  3. Mon salaire : 52 % (femmes 47.6 % vs hommes 55.6 %)

Les trois priorités des professions techniciennes :

  1. Mon équilibre vie privée / vie professionnelle : 62 % (femmes 65.1 % vs hommes 58.9 %)
  2. Mon salaire : 55 % (femmes 53.9 % vs hommes 56.4 %)
  3. Ma qualité de vie au travail : 45 % (femmes 52.2 % vs hommes 36.8 %)

Nous retrouvons bien ces tendances dans la métallurgie, les outils numériques accélèrent le travail, mais ils conduisent aussi à une surcharge informationnelle et à une obligation de disponibilité permanente.

Pour l’UFICT, les gains de productivité croissants, les progrès techniques et scientifiques doivent notamment contribuer à améliorer le bien-être au travail, favoriser l’emploi, diminuer le temps de travail, valoriser la qualité du travail et l’éthique professionnelle.

Ces dernières années l’intensification du travail s’est particulièrement accrue. La souffrance au travail s’intensifie dans un contexte de restructurations et de réorganisations permanentes, alors qu’au mieux l’emploi stagne voire diminue avec des départs massifs en retraites et des carences d’embauches de jeunes.

Comment la campagne portant sur la réduction du temps de travail et la conquête de nouveaux droits accompagnant la transformation numérique doit elle être traitée pour les ICT de la métallurgie dans la prochaine mandature ?

Pour cela nous proposons de concentrer les débats sur les 4 repères revendicatifs suivants afin d’en dégager des arguments :

1. Faire campagne sur une réduction et une mesure cohérente du temps de travail

Nous devons travailler l’évaluation de la charge de travail, la mesure du temps de travail et l’identification des causes des dépassements d’horaires. La charge de travail est un processus dynamique. Cette dynamique est présente à la fois au niveau individuel dans le quotidien du salarié avec une actualisation permanente des contraintes et des ressources et au niveau collectif via les systèmes organisationnels toujours plus complexes. Ces systèmes organisationnels doivent intégrer les transformations qui modifient profondément la nature et l’activité du travail.

Le constat de dépassement individuel et/ou collectif, fréquent et significatif doit déboucher sur une évaluation de la charge de travail et la mise en place d’actions qui visent à l’adéquation entre temps de travail et charge.

Nous devons activer des espaces d’expressions (en s’appuyant sur les articles L2281-1 ou L3121-46 du Code du travail, l’ANI QVT du 19 juin 2013, ….) permettant à chaque salarié de prendre le temps suffisant pour s’exprimer sur la charge, le contenu, les conditions d’exercice et l’organisation de son travail. Cette expression peut concerner : les caractéristiques du poste,  les méthodes d’organisation du travail, les actions d’amélioration des conditions de travail, l’accès aux informations nécessaires à l’accomplissement de son métier, l’échange au sein des équipes sur les difficultés rencontrées dans le cadre des activités, le partage des connaissances.

Tout ceci doit pouvoir être discuté avec le management pour définir ensemble des solutions contributives à l’amélioration des conditions de travail et plus particulièrement à la régulation de la charge de travail.

2. Encadrer strictement les forfaits jours

L’UFICT a rédigé une brochure informative et revendicative pour les ICT de la métallurgie en Forfait en Jours. C’est un outil à déployer et à mettre en débat dans les entreprises.

L’UFICT n’est pas contre ce régime du temps de travail pour une certaine catégorie de cadres mais à condition de :

  • Limiter les forfaits jours aux seuls cadres autonomes,
  • Mettre en place un système déclaratif de décompte horaire, complété d’une évaluation collective de la charge de travail et d’un contrôle des bornes journalières et hebdomadaires avec un dispositif d’alarme en cas de dépassement,
  • Limiter le nombre maximum de jours travaillés à 200 (contre 218 aujourd’hui)
  • Mettre en conformité le nombre d’heures effectivement réalisées avec le salaire forfaitaire, ce qui implique de fixer le nombre d’heures mensuelles correspondant au salaire.

3. Instaurer un droit à la déconnexion

Les technologies de l’information et de la communication renforcent le lien de subordination employeur/salarié en induisant un présentéisme numérique actif et permanent. Elles peuvent constituer une nouvelle forme de forfait en jours qui ne dit pas son nom.

La campagne de l’UGICT-CGT a permis d’obtenir de premières avancées et d’introduire dans certains accords d’entreprises un droit à la déconnexion. Cependant, sans disposition juridique contraignante, ce droit risque de se limiter à une déclaration de principe. Il convient donc, comme le pointe notamment le rapport « Mettling », d’en garantir l’effectivité en l’introduisant dans la loi.

Par ailleurs, il faut faire attention à de nouveaux risques. Comme par exemple, le droit à la déconnexion qui a été transformé par certains employeurs en devoir de déconnexion dont le salarié serait redevable. Celui-ci devient comptable à la place de son employeur de l’obligation de sécurité et de santé !

4. Protéger les télétravailleurs et les travailleurs nomades, notamment sur la reconnaissance des accidents du travail et les modalités de décompte de leur temps de travail

Les gains de productivité générés par le télétravail (évalués à 22 %) doivent être compensés par la réduction du temps de travail. Toutefois, il semble devenir un outil d’amélioration des conditions de vie (moins de temps de transport) avec de nombreuses nuances :

  • L’allongement des temps de travail,
  • L’isolement social et professionnel,
  • Le burn-out lié à la difficulté de scinder vie personnelle et vie professionnelle,
  • Le management du salarié en télétravail…
  • Ces arguments et repères qui sortiront de ces 4 thèmes seront les fils conducteurs des supports de l’UFICT lors :
    • des campagnes de syndicalisation (par exemple, pour accompagner le guide pratique sur les forfaits en jour),
    • des journées d’étude à la demande de syndicat ou des USTM afin de renforcer les compétences des élus et mandatés,
    • des formations syndicales pour outiller nos syndiqués et sympathisants.
Texte mis en ligne le : 6 décembre 2016
Version mise à jour le : 30 mars 2018

Il y a 5 réactions :

  1. la valorisation de « l’éthique professionnelle » nécessiterait peut-être précision pour meilleure compréhension. En recherche rapide, une définition (parmi d’autres ?) l’associerai à la déontologie avec « pour but de réglementer les activités qui ont lieu dans le cadre d’une profession »
    http://lesdefinitions.fr/ethique-professionnelle#ixzz4SL7CaazO
    Est-ce le sens voulu ? Sinon supprimer et ne conserver que celles des conditions deReference

  2. sur le temps de travail :
    le temps de travail doit être en permanence lié à la charge de travail, de façon à ce que cela ne génère pas de dépassement fréquent et significatif du temps de travail.
    plusieurs systèmes d’évaluation sont basés sur l’autoévaluation des salariés qui peut conduire à s’appliquer une dérégulation du temps de travail afin de satisfaire la charge de travail imposée.

    sur le télétravail :
    la CGT est à l’initiative dans nombre d’entreprises de la mise en place du télétravail.
    le télétravail n’est pas du temps partiel, c’est une autre façon de travailler soit au domicile, soit dans un tiers lieux, qui améliore les conditions de vie.Reference

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