Les congrès de L’UGICT (Archive Empreintes n°7)

Le cinquantenaire ! Témoin et acteur de la naissance, c’est aujourd’hui le sentiment d’un privilège qui m’habite. Ils ont eu raison, ceux qui nous ont « embarqué » dans cette aventure. Cela n’allait pas de soi. Il aura fallu, il faut toujours – bousculer les vieilles façons de penser et d’agir, innover, inventer des réponses à des questions inédites.

Ce qu’il y a de passionnant dans le travail d’histoire accompli par des militants qui n’ont pas « raccroché les gants », – comme on dit – des militants conscients qu’il leur manque le recul, la distance nécessaire, c’est de rechercher les racines de ces réponses. Nous avons tenté de retracer les étapes, en extrayant de chacun des congrès précédents l’une ou l’autre de ces racines, ce qui marque le mieux le pas nouveau accompli. Nous l’avons fait avec nos yeux d’aujourd’hui. Des historiens, des vrais, y découvriront un jour d’autres richesses. C’est l’une des raisons d’être de l’IHS de l’UGICT-CGT.
André Jaeglé Président de l’IHS-UgIct

Les congrès de L’UGICT

 

Avant 1963

  • Avril 1946 : Cartel Confédéral CGT des ingénieurs et cadres supérieurs, Secrétaire général Roger Pascré.
  • Avril 1948 : Union générale des ingénieurs et cadres, Secrétaire général Adolphe Bourrand alias Andréjean.

 

La renaissance de l’Ugic

11 mai 1963 à Saint-Denis, une conférence nationale des ingénieurs, cadres et techniciens des secteurs publics, privés et des administrations a lieu à la veille du 34eme congrès confédéral dans la même salle.

C’est la conférence constitutive de l’Ugic. La première Direction : Président : André Berteloot, membre du Bureau confédéral Secrétaire général : René Leguen Secrétaires : Marc Descostes, André Jaéglé, René Lefort, Pierre-Louis Marger, Maurice Ophol.

Lors du congrès confédéral, par une résolution votée à l’unanimité, il est souligné l’importance que la CGT attache aux problèmes intéressants ces catégories de travailleurs pour qui le développement du progrès technique donne une importance de plus en plus grande tant d’un point de vue numérique que par leur rôle dans l’économie du pays. A partir des particularités de ces catégories et de leur diversité une recherche devra déterminer tant au niveau des fédérations que des Unions Départementales, des Unions Locales, les formes d’organisation les mieux appropriées.

« Leur organisation dans la CGT ne peut pas s’appuyer sur le principe valable pour d’autres catégories professionnelles, elle ne peut non plus se limiter à des commissions d’activité, telles que celles prévues pour les femmes et les jeunes par exemple ».

1er congrès, 15-16 mai 1965, Paris Secrétaire général : René Le Guen
Congrès constitutif.
…

de l’Ugic (pas encore UGiCT). « Les ingénieurs, cadres et techniciens sont des salariés au même titre que les autres travailleurs, avec la particularité que les formes et les degrés de leur exploitation sont différents » lit-on dans la déclaration d’orientation générale.

Remarquez la présence des techniciens : c’était dans les têtes ! Et c’est aussi la mise au monde d’une plateforme revendicative spécifique : salaires garantis par des conventions collectives applicables à toutes les entreprises, garanties de développement de carrière, droit individuel
au perfectionnement continu, droit syndical et liberté d’expression, amélioration du régime de retraite.

2ème congrès, 15-16 avril 1967, Paris Secrétaire général : René Le Guen

Mur du silence rompu, dira René Le Guen, « la représentativité de l’UGiC n’est plus contestée ». C’est l’année de ce que nous appelons le « projet de loi sur la formation continue des ingénieurs et cadres », projet adopté par le congrès qui fera de l’UGiC une pionnière en ce domaine. C’est aussi l’année de la création d’une Union nationale des médecins du travail.

3ème congrès, 21-22 juin 1969, Paris Secrétaire général : René Le Guen

Pour l’alliance des travailleurs manuels et intellectuels proclame la banderole placée sous la tribune, devant l’orateur, interpellant les congressistes en permanence. L’UGiCT poursuit sa croissance dans une société en plein débat idéologique. Elle en sortira par le haut, mais pas tout de suite. En revanche, une décision concrète : l’UGiC devient l’UGiCT et syndique les techniciens. Elle ne tardera pas à s’affirmer l’UGiCt-CGT.

4ème congrès, 21-22 mai 1971, Versailles Secrétaire général : René Le Guen
« Faire de ce congrès une… … manifestation de la représentativité de la Cgt… … parmi les couches nouvelles de travailleurs salariés
qui apparaissent dans la production en cette période de révolution scientifique et technique ».

C’est ce qu’on peut lire dans Le Peuple (n° 866 1er-15 avril 1971). Le congrès élargira le débat en s’emparant de la question « Qu’est-ce qu’un syndicalisme démocratique, de classe et de masse pour les cadres »

5ème congrès, 1er-3 février 1974, Versailles Secrétaire général : René Le Guen
« Si l’activité est spécifique, la réflexion doit être commune »

[…] « Une telle conception nécessite de notre part quelques mises à jour, le rejet de quelques vieux schémas, et la volonté de faire jouer à plein la démocratie syndicale » (René Le Guen dans Le Peuple n° 933 16-31 janvier). Augmentation uniforme ou hiérarchisée ? Création d’un Centre national des jeunes ingénieurs cadres et techniciens. 1974 c’est aussi l’année de négociations UGiCT – CGC pour un projet de déclaration commune… qui n’ira pas jusqu’à la signature. Et c’est l’année de la création d’un secrétariat commun avec l’Association of Scientific, Technical and Managerial Staffs de Grande Bretagne.

6ème congrès, 18-20 juin 1974, Nanterre Secrétaire général : René Le Guen

« Laissez-nous bien travailler ! » aurait déjà pu conclure René Le Guen au terme de son rapport d’ouverture : « Rassembler pour agir », annonce-t- on mais sur quels objectifs ? « Allons-nous laisser se développer la conception selon laquelle la contradiction fondamentale se dissimulant derrière les à-coups de la croissance serait celle qui opposerait les progrès techniques à l’évolution des besoins ? » déclare René Le Guen dès les premieres lignes de son rapport. Les débats consécutifs à l’abandon du programme de l’avion supersonique Concorde sont vifs. Et le Secrétaire général de l’UGiCT de mettre les points sur les ‘i’ : « Pour les cadres ce problème a une signification  pratique quotidienne : c’est l’opposition que l’on tente d’alimenter entre les fonctions techniques et scientifiques  d’une part et la fonction de gestion, de production, de commercialisation d’autre part. Nous récusons ces fausses oppositions ».

7ème congrès, 21-24 juin 1979, Lyon Secrétaire général : René Le Guen
« Etre soi-même et agir ensemble »

C’est le congrès de l’ouverture, de la réflexion sur la double nature de l’UGiCT. Elle est résumée dans la conclusion du rapport d’ouverture de René Le Guen « Etre soi-même et agir ensemble » peut devenir une réalité pour les cadres grâce à l’UGiCT et à la CGT. Originalité : participation effective des syndicats ouvriers représentés par les dirigeants des Fédérations et Unions Départementales.

8ème congrès, 22-25 avril 1982, Nanterre Secrétaire général : Alain Obadia
« Proposer… Agir… construire »

Le changement est au cœur de l’engagement des iCTAM, en liaison avec leur propre condition de vie et travail et les rapports nouveaux à l’entreprise qu’il est nécessaire d’instaurer après les premières nationalisations et la loi Auroux. L’ensemble s’efforçant de dégager les aspects spécifiques et de les mettre en cohérence avec les propositions plus générale de la CGT.

9ème congrès, 30 mai-2 juin 1985, Toulouse Secrétaire général : Alain Obadia
« La volonté d’agir »

Un changement est en train de s’opérer depuis 1984 dans le climat social, dans l’état d’esprit des iCT. Partir des problèmes réels abordés par nos collègues pour les mobiliser et agir. Ne pas oublier les responsabilités patronales ni celles gouvernementales en ce qui concerne l’emploi dont celui de l’industrie.

10ème congrès, 7-11 décembre 1988, Arles Secrétaire général : Alain Obadia
« Choisir d’agir, c’est choisir l’avenir »


La diversification de notre activité avec la nécessité de franchir une nouvelle étape. Faute de cette adaptation, nous pourrions courir le risque d’un syndicalisme spécifique, lui-même généraliste parce que voulant s’adresser à nos collègues de travail sans tenir compte de leur diversité. Un syndicalisme qui risquerait d’être considéré trop technicien par les ingénieurs et trop ingénieur par les techniciens.

11ème    congrès, 17-21 juin 1992, Nanterre Secrétaire générale : Maïté Demons (Décédée le 19 avril 1993)
« Sous le signe du changement »


Les grandes mutations du travail, le remodelage de la société, l’éclatement des garanties collectives, les aspirations des salariés, tout cela bouscule, interroge, amène chacun à se remettre en question, oblige à bien recentrer sur les besoins, qui eux-mêmes évoluent et que l’on ne peut pas prédéterminer.

L’exigence et les potentialités que recèle une démarche démocratique faisant pleinement appel aux potentialités créatives de chacun dans un esprit de confiance et d’ouverture réciproque entre salariés et syndicat, entre syndicat et syndiqué, sachant conjuguer démocratie syndicale et démocratie avec les salariés pour une démarche authentiquement syndicale.

Appel du congrès aux syndicats avec l’urgente nécessité de mettre en œuvre avec audace notre démarche revendicative tous azimuts et à engager avec les iCT le débat sur les grands enjeux dont Maastricht fait partie.

12ème congrès, 21-24 mars 1996, Nantes Secrétaire général : Gérard Delahaye
« Donnons un avenir à l’emploi qualifié »


Des négociations sont en cours à l’entreprise à partir d’un accord national que la CGT n’a pas signé. Une clarification sur deux aspects :

1 – Temps de travail : ce qui intéresse les employeurs, ce n’est pas la réduction du temps de travail mais celle du coût du travail au travers de son aménagement, de sa flexibilité, de son annualisation, de l’augmentation de la charge et l’intensité, des horaires atypiques etc… D’où la mise en débat de la RTT sous toutes ses formes sans perte de salaire et sans décider à la place des salariés de ce qui n’est pas bon pour eux. La proposition de loi cadre de la CGT sur les 35 heures sans perte de salaire présente un point d’appui.

2 – Citoyenneté : pour l’UGiCT, elle recouvre les droits syndicaux, la charte des libertés de l’UGiCT, la volonté des salariés d’intervenir dans l a gestion pour l’emploi et les salaires… rien à voir avec la « citoyenneté à l’entreprise » alibi qualifié de publicitaire du patronat. Un autre accord sur la retraite anticipée (6 septembre 1995) a été signé par la CGT. il concerne aussi nos catégories. D’où appel à faire pression pour obtenir son application et son extension. Nombre d’interventions concerne le mouvement de décembre 1995.

13ème congrès, 31 janvier-3 février 2000, Pantin, Secrétaire général : Gérard Delahaye
« Agir, se syndiquer »


Sous l’éclairage de la bataille de la RTT, la nécessité d’une activité et d’une organisation spécifique est apparue directement liée à une démarche revendicative pour l’engagement et la mobilisation des iCTAM.

Le Medef tente d’utiliser la RTT comme une expérimentation de sa nouvelle constitution sociale. La recherche de comportements unitaires des organisations syndicales apparaît comme un enjeu important pour faire front contre les velléités du Medef ; Le redimensionnement de l’UGICT est présent aussi à travers le pas franchi par toute la CGT sur la compréhension et la finalité de l’UGICT : ni filiale de la CGT, ni CGT bis, mais l’UGICT, organisation de la CGT pour les ICT, pièce décisive dans la construction des solidarités et de la cohérence du salariat.

14ème congrès, 15-18 mars 2004, Clermont-Ferrand, Secrétaires généraux : Marie-Jo KotIicki et Jean François Bolzinger
« Professionnellement engagé, socialement responsable »

La reconnaissance et la responsabilité sociale des professions techniciennes sujet qui a fédéré tous les débats du congrès. Les expériences de luttes et luttes professionnelles ont été traitées dans leur diversité et sous de multiples facettes comme un enjeu interprofessionnel au cœur du syndicalisme à construire en phase avec les revendications et le mouvement social.

Pour la première fois dans un congrès de l’UGiCT, la mondialisation a donné lieu à un débat permettant de situer les enjeux au regard des dégâts planétaires et des coopérations internationales à construire.

L’adhésion à l’Union Network international pour favoriser la construction d’un syndicalisme autre au plan international est actée.

L’implication des jeunes délégués est sans conteste pour beaucoup dans la réussite du congrès.

15ème congrès, 27-30 mars 2007, Marseille, Secrétaire générale : Marie-Jo KotIicki, Secrétaire général adjoint : Jean-François Bolzinger
« Professionnalisme, citoyenneté et responsabilité »


Pour point d’appui, les pistes de travail ouvertes. Parmi elles, un nouveau mode de management, articulant droits collectifs et individuels, la reconnaissance et le paiement de la qualification, la prise en compte de la citoyenneté dans l’entreprise, l’articulation de l’efficacité économique, sociale, sociétale et environnementale, la perspective d’un droit de refus individuel et de propositions alternatives sans sanction. Enfin la réhabilitation de la place de la technicité par rapport au tout management.

16ème congrès, 29 mars-1er avril 2011, Vichy Secrétaire générale : Marie-Jo KotIicki, Secrétaire général adjoint : Jean-François Bolzinger
« Votre force d’avenir »


Répondre aux attentes générationnelles, c’est-à-dire assurer un travail épanouissant aux jeunes diplômés. Cette ambition suppose de rompre avec la précarité durable et d’enclencher une véritable dynamique d’initiatives et de luttes, comme y incite la résolution « Jeunes diplômés », votée par le Congrès. La CGT et son UGiCT doivent devenir la référence syndicale des jeunes diplômés, y compris sur les réseaux sociaux. Dans le contexte d’aujourd’hui, avec les défis à relever comme celui de la représentativité, ce n’est pas de moins d’activité spécifique mais de plus d’activité spécifique plus solidaire et mieux partagée, plus efficace dont nous avons besoin.

« Une conception plus solidaire où nous ne pouvons plus nous contenter d’une activité uniquement là où on existe, mais où il s’agit de travailler là où on n’est pas, avec les sous-traitants, dans les nouveaux espaces de concentration d’iCT. Dans les groupes, on ne peut plus se satisfaire d’être fort dans un seul établissement sans l’être partout ».

Téléchargez le bulletin : EMPREINTES N°7-2

Réagir

Votre mail ne sera pas publié.

Top