Contribution de Jocelyne Guiheu sur les travailleurs sociaux

Réflexions de Travailleurs Sociaux le 25 mars 2016

sur l’histoire des mobilisations des travailleurs sociaux de 1945 à 2000

Les débats de cette journée ont mis en lumière les “riches heures” des luttes des Travailleurs Sociaux , Assistants de Service Social et Educateurs Spécialisés, d’abord avec le Syndicat National de la CGT à la sortie de la guerre et ensuite avec l’UGICT .

Les Assistantes Sociales se sont immédiatement mobilisées après la guerre, dans le cadre des propositions du CNR, et précisément avec l’émergence de la Sécurité Sociale, pour faire reconnaitre leurs qualifications et niveau d’études , leurs compétences en matière de Prévention et leur rôle spécifique de Techniciennes de l’Action Sociale.

Le flambeau de ces luttes menées par Simone Gribowski, Résistante, puis par Danièle Berlaimont, Assistantes sociales des Services Publics de Paris ont permis d’implanter le syndicalisme CGT, puis UGICT, dans cette catégorie de salariées, quasi exclusivement féminine dans les années 1965.

En 1968, elles contribuèrent à inscrire leur profession comme techniciennes dans les grilles indiciaires au niveau des salaires, sans cpendant faire reconnaitre le niveau des formations des Ecoles, encore largement, sauf pour l’Ecole de la sécurité Sociale et les Surintendantes d’Usine (AS de personnel en entreprise) rattachées aux confessions Protestante et Catholique.

Dans les années 1978 à 1980,aidées des Commissions départementales UGICT, après la dissolution du Syndicat nationnal pour intégrer leurs branches professionnelles,

sur la base de rencontres avec l’UGICT et une réflexion menée avec Marc Descottes, vont se développer de nombreuses initiatives s’inscrivant contre les politiques d’austérité des gouvernements et le début de la désindustrialisation.

Les militantes dans leurs champ d’exercice professionnel dénonceront les conséquences sociales contre les populations : précarité croissante dans tous les domaines, logement, bas salaires et reste à vivre insuffisant pour les familles ,absence de traitement réel de la formation des jeunes au niveau scolaire, insuffisances sociétales dans la politique des villes, utilisation patronale de la main d’oeuvre immigrée, politique de santé et de prévention.

A travers ces luttes et mobilisations, les participantes, rappellent les finalités du Travail Social : accompagnement et aide à la recherche de solutions dans tous les domaines de la vie personnelle afin de restaurer l’autonomie des individus et leur citoyenneté.

C’est ce qui est enseigné au début des études, or les A Sociales se trouvent dans ces années 1975, pourtant celles” des trente glorieuses ” à un abandon de toute une frange de la population liée à la désindustrialisation.

C’est aussi, avec les politiques de droite une perte des moyens concrets d’aide aux personnes, les “outils” du service social, progressivement retirés aussi en tant qu’enseignements (histoire de la sécurité sociale,connaissances médico sociales,institutions, etc…) au profit d’enseignement privilégiant les réponses tres individualisées (Psychologie,Sociologie, urbanisme, etc …) retirant aussi de la méthodologie les techniques d’intervention collective (Group work, Communauty work.

En 1983, les réformes des études s’accélèrent.

L’ugict au Conseil du Travail Social fait connaitre ses propositions de Grandes Ecoles permettant contenus d’études et intégration comme Cadres dans les Statuts et Conventions Collectives.(niveau Licence des Diplômes d’Etat).

L’Ugict avec Henri Sauvinet et J Guiheu organise une conférence de presse.

La situation se dégradant tant au niveau social pour les individus que pour les conditions de travail des A Sociales et Educateurs spécialisés, branche du Travail Social, la grève est votée en septembre 1991 à l’Unanimité de la grande salle Ambroize Croizat de la Bourse du Travail de PARIS remplie jusque dans le hall !

Occupation du square Boucicaut jour et nuit,arrêt de travail total de plus d’un mois, manifestations a travers Paris devant l’Opéra où la Police est prête à tirer avec canons à eau, occupations des rails à Montparnasse,etc ….

C’est à ce moment que se pose la question des collectifs et du nôtre en particulier…

Toutes les organisations syndicales participent mais les AS et ES non syndiqués exigent d’être représentés.

Après concertations se crée le Collectif National ( Coordination Nationale) composé de chaque représentant syndical et non syndiqué, pour l’UGICT, Evelyne Davy des services Public, avec en lien pour l’UGICT et le CSTS (conseil Supérieur du travail social) Jean Claude Valette et Jocelyne Guiheu.

Cette coordination à bien sûr été traversée par tout l’anti cégétisme possible !

Nous y avons répondu en tenant un maximum d’ateliers et de commissions dont “statuts, salaires, reconnaissance des niveaux de qualifications”, Homologation du DE en niveau Licence, Moyens d’action et conditions de travail décentes, Déontologie et Ethique, et “Finalités du Travail Social” rendant compte sans relâche par tracts les compte rendus de AG et Commissions.

Cette grande mobilisation historique était essentiellement composée de femmes.

Les difficultés à se syndiquer étaient évidentes ; professions issues de la bienfaisance religieuse,avec ses composantes issues de la bourgeoisie ou du militantisme ultra radical né de 1968 leurs positions réformistes ou excessives s’opposaient au réalisme de nos propositions réellement celles du syndicalisme cgt révolutionnaire de masse.

Les questions du féminisme ont traversé ce mouvement et restent à analyser.

La bataille pied à pied fut acharnée, avec le soutien total d’Henri Krasucki et d’Alain Obadia ;

L’aide des CD de Paris, Lille, Toulouse, Bordeaux et bien d’autres a été d’une importance sans égale pour faire le lien avec l’interprofessionnelle.

Progressivement les années qui suivent verront s’aggraver la situation.

Les stratégies managériales où la peur est instillée dans le travail, s’installent dans nos métiers : contrôles, statistiques, etc …

Les dispositifs sociaux (RMI) viennent cacher le chômage croissant et les logiques austéritaires viennent cibler aussi les conditions de travail et les rémunérations des professionnels.

Ce que porte la notion de “Ollectif” dans la reconnaissance du travail s’effrite, or ” cest bien la garantie individuelle qui nait d’un projet collectif” comme le souligne Danièle Linhart Professeur Emerite de Sociologie et Chercheuse au CNRS.

Elle souligne que les Travailleurs Sociaux ont pris concience de leur “expulsion” de leur métier.

Annie Michel, Ingénieure Ergonome, parle ” d’émiettement organisé du métier dès 1985, pour la mise en place de professionnels “opérateurs de spécification dans le champ du social.

Les luttes ont continué ! ! ! !

Nous aussi, nous allons avec l’IHS UGICT écrire cette histoire de mémoire vivante.

Nous produirons un cahier détaillant ces morceaux de “vecus” en poursuivant jusqu’aux années 2000, laissant ainsi nos empreintes syndicales de ce passés proche à nos camarades en lutte aujourd’hui !

Jocelyne Guiheu

Septembre 2017

 

 

 

 

 

 

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