Réflexions sur le travail conjoint des experts, juristes, historiens et militants syndicalistes dans nos instituts.
Depuis la mise en place des différends instituts auxquels je participe –IHS FTM métallurgie, IHS Ufict métallurgie, IHS Ugict-, je me bats pour que soit retenue l’idée suivante : le rôle de nos instituts n’est pas de chanter la gloire de notre mouvement syndical et des militants notoires du mouvement ouvrier, mais plutôt de revisiter de manière objective ce qu’ont été nos analyses, prises de positions et actions, avec leurs ombres et leurs lumières, sans vouloir donner de leçons aux jeunes dirigeants actuels de nos organisations, et dans le seul soucis de savoir avec eux d’où nous venons collectivement tout en leur laissant la liberté de juger en quoi cette histoire conditionne leur propre action.
Le corollaire pour le travail de nos instituts ne peut être que l’organisation délibérée et acceptée d’une « tension » entre le corps militant d’une part et les « experts », dans leur diversité, qui participent à nos travaux, notamment ceux du « Conseil Scientifique » de l’ IHS confédéral. Or la vie et les initiatives de nos instituts montrent que l’exercice n’est pas si simple.
Du coté corps militant, les écrits et initiatives sont essentiellement centrées sur nos gloires passées (ce qui n’est pas à négliger), et quand les thèmes choisis sont en rapport avec des enjeux d’actualité, tous n’échappent pas, dans leur façon de parler du passé, à la tentation d’intervenir et peser dans les débats d’orientation actuels…..En tout cas, très peu d’exemples d’un retour un tant soit peu critique sur tel ou tel épisode controversé du siècle passé…..Non, nous n’avons pas toujours vu, analysé ou décidé juste. Et revenir sur d’éventuelles erreurs, décisions prises mais pas appliquées, objectifs non atteints, etc, peut être aussi instructif et utile que d’admirer nos acquis et réussites.
Du côté experts, mon expérience récente des contributions au prochain colloque sur « la CGT et le mouvement social, producteurs de droits », résume assez bien mes interrogations (c’est ce qui motive cette note). Ma contribution,(sur les luttes de 68 dans la métallurgie et le rôle des ICT dans l’élaboration d’un nouveau système de classifications qui sera négocié à l’UIMM quatre années durant pour aboutir en 1973 à la grille actuelle et à la création de l’UFICT), a été retenue par le Conseil Scientifique, mais pas les quatre autres contributions de l’IHS Métallurgie…….Ce qui en soi peut ne pas poser de problème, être justifié et accepté. Mais là ou il y a question, c’est quand leurs auteurs et les membres de l’IHS Métallurgie qui participent aux travaux préparatoires au colloque sont incapables de dire pourquoi et sur quels critères le Comité a tranché. Tous, voulons savoir ce qui a intéressé dans ma contribution et quelles étaient les insuffisances des autres. Il est impossible d’envisager d’avancer et de progresser ensemble, militants et experts, si à l’occasion de situations de ce type nous n’en profitons pas pour mieux comprendre ce que cherchent les uns et les autres. Je ne peux que soutenir l’IHS Métallurgie dans sa demande de rencontre avec le Comité Scientifique.
Michel DAUBA : membre du secrétariat de l’UFICT métallurgie de 1969 à 1976 et membre du Bureau de l’UGICT de 1969 à 1983.