A l’occasion de la parution de ce nouveau numéro d’EMPREINTES, l’équipe d’animation de l’IHS Ugict vous présente ses meilleurs vœux de bonne et heureuse année 2019.
Edito par André JAEGLE, président de l’IHS Ugict
L’Institut Ugict-Cgt d’histoire sociale a fêté son dixième anniversaire en octobre dernier. Une jeunesse stable, active, studieuse, productive. Nous en ferons comme chaque année le bilan à notre assemblée générale le 30 janvier.
Et maintenant ? Quelles empreintes allons-nous explorer en cette année 2019 ?
Les chantiers en cours : Nous nous étions lancés, au printemps 2017 dans la production d’une contribution originale sur la façon dont l’Ugict avait participé à l’action confédérale contre le mouvement de désindustrialisation des années 1980-90. Ce travail est maintenant très avancé. Il s’agissait de mettre en valeur le fait que l’Ugict s’était posée systématiquement en force de proposition. Nous sommes remontés pour cela jusqu’au lendemain de la deuxième guerre mondiale, avec notamment l’histoire des usines Berliet à Lyon et l’action de nos camarades d’Électricité-Gaz de France. Nous prévoyons la publication d’un document très étoffé, avant la fin de l’année. Y seront notamment évoqués la Neutral (projet de voiture populaire des ingénieurs et cadres Renault), les projets de développement de la Sanofi, le Falcon ( avion civil chez Dassault), la lutte de notre syndicat Degrémont (ingénierie de l’assainissement), la Seita (tabacs & allumettes) et bien d’autres.
Travail social : Notre enquête sur le syndicalisme dans le domaine du travail social se poursuit.
Trajectoires syndicales : Le décryptage de plusieurs interviews de militants est en cours : c’est à la demande de notre Conseil scientifique que nous « prenons l’empreinte » de la trajectoire syndicale de ces militants, depuis leur adhésion à la CGT, la découverte de l’Ugict, leur expérience des luttes, jusqu’à aujourd’hui. Le temps seul nous manque pour poursuivre ce travail aussi largement que nous le voudrions.
Les colloques : Nous sommes partie prenante dans les colloques organisés par l’IHS confédéral. Cette année nous présenterons une communication intitulée « De la diversification à la spécificité des structures » au colloque « Le syndicalisme professionnel, organisations et structures – (de 1960 aux années 2000) » les 21 & 22 novembre prochains. La confusion est fréquente entre création d’une structure spécifique et nécessité de diversifier au sein de toutes les structures confédérales.
Le thème de ce colloque interpelle de toute évidence l’Ugict dont l’existence est une spécificité dans la structure de base de la CGT. Cette spécificité, reconnue et acceptée au niveau des instances dirigeantes et dans les textes officiels, se heurte très souvent à des comportements de rejet à la base.
Pour comprendre ce phénomène dommageable, il convient de procéder en deux étapes :
1) constater les faits : textes officiels, ce qui a été dit et écrit, les débats provoqués par la mise en place de structures spécifiques, ici des avancées, là des reculs, au fil des années ;
2) travailler sur les obstacles d’ordre structurel, mais aussi sur les non-dits, ou sur ce qu’on reconnaît à demi-mots, ce qu’on dit entre deux portes etc., bref sur le non-syndicalement correct qui n’émerge que très sporadiquement dans les réunions d’instances élues.
Nous entendons y travailler en trouvant les mots, les formes d’expression, les approches susceptibles d’être acceptées et de faciliter la réflexion. La communication de 2019 portera principalement sur la première étape et s’efforcera de préciser et formuler les questions objet de la deuxième étape.
Les archives de l’Ugict : cela reste le défi le plus difficile relevé par notre IHS. Il ne s’agit rien de moins que développer, chez chaque producteur de document au sein du secrétariat de l’Ugict, le réflexe de considérer ce document comme une archive potentielle dès le moment de sa sauvegarde dans un répertoire de l’ordinateur (quel répertoire, quel nom pour le fichier) et de son éventuelle sortie papier. Le traiter comme tel suppose qu’on soit, dès ce stade, en mesure de décider de son parcours ultérieur : archive immédiate qu’il est inutile de conserver (ne pas s’encombrer), archive intermédiaire qu’on conservera un temps déterminé (par exemple entre deux congrès), archive définitive. L’informatique ne suffit pas : la conservation des informations « dématérialisées » sur support électronique n’est pas garantie sur la longue durée. Donc il faut décider de l’opportunité de l’impression d’une sortie papier en vue de la conservation définitive, et convenir des modalités concrètes de conservation après usage. C’est-à-dire aller vers des règles et des procédures communes à tous, au sein du secrétariat de l’Ugict. Il est facile d’imaginer le choc que cela représente pour chaque individu imprégné de ses automatismes particuliers.
C’est dire que la mise en place d’un politique d’archivage est tout autant une affaire de relations humaines que d’édiction de règles techniques. Nous n’en avons pas moins commencé par nous informer en détail des impératifs techniques. Nous sommes aidés en cela par l’IHS confédéral. L’année 2019 sera pour nos archives celle du passage du vrac à la méthode.
Parallèlement nous poursuivons la dématérialisation des archives les plus susceptibles d’être consultées (particulièrement les congrès de l’Ugict) au rythme que permettent nos finances et le temps disponible pour la préparation à la dématérialisation ce qui est très lourd.
Comment être utiles à l’action syndicale ?
C’est une obsession permanente : l’Ugict a créé son IHS parce que c’est un plus. Mais quel « plus » ? Un « plus » de quoi ? Il est désormais admis dans la plupart des IHS qu’il ne faut pas chercher dans l’histoire sociale des réponses toutes faites aux questions posées par l’action syndicale actuelle, ni une justification des revendications ou un modèle tout prêt pour la construction des rapports de force. Il est aussi admis qu’un IHS ne peut se limiter à commémorer les succès des luttes passées. Surtout en ces temps où il est de bon ton de gloser sur la marginalisation du syndicalisme. En ces temps, aussi, ou la syndicalisation connaît une baisse générale !
En revanche, rendre possible une prise de recul, un temps consacré au discernement des mouvements à long terme, au débat libéré de l’urgence, bref un temps pour lever le nez du guidon, là, oui, l’histoire joue un rôle. Mettre à la disposition de l’Ugict du matériel travaillé, imprégné de premières réflexions destinées à en susciter d’autres, proposer des vues originales, des faits oubliés parfois, c’est, nous semble-t-il « un plus » pour l’Ugict.
Et vous, chers adhérents de notre IHS, qu’en pensez-vous ?