SYNDICALISME ET SERVICES PUBLICS : Dans la métallurgie

Contribution de Michel RONDEAU, ancien secrétaire de l’Ufict métaux.

Le mouvement syndical et le service public (20è-21è siècles)
L’IHS CGT a ouvert un travail de recherche sur ce thème en invitant l’ ensemble des IHS CGT à y contribuer avec l’objectif d’une publication en 2022.
L’IHS UGICT s’est engagée sur ce projet et André Jaeglé nous ouvre un champ de recherche à partir d’une analyse qu’il vient de réaliser sur les publications« Travail et technique » de 1946 à 1956 . du cartel des ingénieurs et cadres supérieurs (devenu Ugic en 1948)
J’en retiens plusieurs idées
– Au-delà des termes « service public » c’est la prise en considération de l’intérêt général , l’idée de « bien commun »
– L’apport spécifique de notre syndicalisme UGICT avec la nécessité de baigner l’activité syndicale dans le contexte de l’activité professionnelle , de la responsabilité sociale que ce soit dans le public ou le privé , des liens entre progrès technique et progrès social qui conditionnent la vie et l’avenir de tous.
– Les mots et concept « services publics industriels » étaient inscrits dans le plan Monnet (1946) , qualifié de plan de modernisation et d’équipement

C’est un appel à nos mémoires individuelles pour retrouver dans nos publications syndicales
A l’Ugict cadres-info , spécial options
Dans la Fédération métallurgie , l’Ingénieur métallurgiste , les courriers de l’UFICT ..

De 1946 aux années 1970 le développement industriel de la France s’est beaucoup fait à partir de projets portés par les entreprises nationales EDF , SNCT , France télécom, Sud Aviation devenue SNIAS, SNECMA avec des entreprises privées comme Alstom , Alcatel , Hispano…et un fort tissu de sous-traitant.

Dans l’automobile , nous avons mené la bataille de la Neutral
Dans l’informatique , pour que BULL et Thomson répondent aux besoins industriels , de l’enseignement ,
Dans l’imagerie médicale la bataille pour le non bradage de la CGR à G. E.
Creusot-Loire avec la signature de plusieurs centaines d’ingénieurs contre son démantèlement.
…….
C’est une invitation à chacun.e d’entre nous à faire appel à nos mémoires et consulter nos publications

Sur le projet CONCORDE et la coopération aéronautique franco-britannique
J’ai retrouvé ‘’en ligne’’ une publication de Jean TOUSCOZ fondateur du CERCI (Centre d’études et de recherches sur la coopération internationale. )-
Jean Touscoz
Annuaire Français de Droit International Année 1965 11 pp. 174-192

Fin des années 50 alors que des projets s’élaborent pour un avion supersonique dans aucun pays les firmes aéro ne veulent prendre le risque de son financement
En 1962 en France à L’initiative du secrétariat à l’aviation civile et commerciale ,avec un financement d Etat des études sont lancées en lien avec des coopération déjà existantes entre les firmes anglaise et française sur cellule ,moteur ,missiles spatiaux et équipements.
Les gouvernements des 2 pays concluent un accord accompagné de convention entre les firmes françaises Sud aviation et Snecma et les firmes anglaises Le projet sera suivi par un comité de fonctionnaires des 2 pays
Au-delà de l’intérêt de ce nouvel avion qui divise par 2 le temps de transport aérien C’est aussi l’occasion de s’émanciper des USA et de développer des domaines de hautes technicité qui auront des utilisations multiples dans l’industrie.
Le projet démarre mais en 1964 Le gouvernement britannique entreprend une politique d’austérité et décide de la suspension de la coopération , mais les travaux en cours ne s’arrêtent pas du jour au lendemain, ‘’l’affaire Concorde’’ marque aussi l’opinion publique , le gouvernement français tente de maintenir la coopération sur le projet .
Jean Touscoz : « Mais ce qui va être déterminant c’ est l’intervention des syndicats des industries aéronautiques française et britannique auprès du gouvernement anglais . L’abandon du projet Concorde entraînerait en effet de lourdes conséquences sur l’emploi et le niveau de vie des travailleurs de l’aéronautique en France comme en Angleterre. »
Le secrétaire général de la fédération métallurgie CGT intervient ,ainsi que les fédération FO de la métallurgie et des transports , des échanges ont lieu à Paris puis à Londres entre syndicats français FO CFDT CGT et CGC et les syndicats britanniques qui débouche sur un communiqué commun pour que le projet soit poursuivit avec des mobilisation qui vont amener le gouvernement travailliste a ré ouvrir la coopération sur le projet
Cette mobilisation note Jean Touscoz « a revêtu un caractère remarquable : les syndicats qui sont intervenus dans l’affaire Concorde sont uniquement représentatifs des techniciens associés à la réalisation du projet , les syndicats d’ouvriers ne sont pas intervenus directement .
Les arguments évoqués ont été non seulement économiques et sociaux mais aussi d’ordre technique …notamment l’intérêt du projet Concorde pour le développement de l’industrie aéronautique
Ces probabilités de réussite technique ont été démontré
Il ne paraît donc pas excessif d’affirmer que le projet concorde a été sauvé par les hommes qui sont chargés de le réaliser
Cette émergence des syndicats à la vie internationale , leur rôle comme groupe de pression a ce niveau présente un grand intérêt pour la science des relations internationale.
Ce phénomène n’est d’ailleurs pas nouveau et a déjà fait l’objet de nombreuses études
Ce sont des techniciens de nationalités différentes mais habitués depuis plusieurs années à unir leurs efforts pour réaliser une entreprise internationale commune qui sont intervenus pour en permettre la réussite
Ainsi la coopération internationale établit elle des liens réel vécus à d’autres niveaux que celui des gouvernements on pourrait rajouter ‘’et des firmes multinationales’’
et peut-elle entraîner dans certains cas une redistribution du pouvoir de décision internationale qui ne peut être exercée discrétionnairement par les organes étatiques. »…ou capitalistiques !

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