À l’heure où de nouveaux reculs de la retraite par répartition sont projetés pour pousser aux couvertures par capitalisation, il n’est pas inutile de rappeler que cette question a toujours été importante chez les cadres et que la Cgt a été acteur de premier plan dans la naissance de l’Agirc.
Naissance du régime de retraite des cadres
Le 14 mars 1947 fut signée la Convention collective nationale de retraite et de prévoyance des cadres. Les signataires de cette convention étaient d’une part le Conseil national du patronat français (CNPF), d’autre part les organisations syndicales de cadres existantes : Cftc, CGC et, pour la CGT, le Cartel confédéral des ingénieurs et cadres supérieurs. Les différentes péripéties concernant la négociation et la signature de cette convention ont été relatées dans une brochure éditée par le Cartel confédéral et intitulée : « Les cadres et la sécurité sociale ».
L’artisan principal de cette convention du côté syndical fut Andréjean, de son vrai nom Adolf Bouran (1911-1959) qui fut un des secrétaires du Cartel confédéral puis premier secrétaire de l’UGIC (1948). Ingénieur de l’Ecole de physique et de chimie de Paris, Andréjean fut dès 1936 secrétaire du Syndicat des techniciens de la région parisienne, puis secrétaire général du Syndicat national des ingénieurs et cadres de la chimie, et devint permanent de l’âge de 25 ans. Il fut le premier président de la Caisse régionale vieillesse de Paris avant de diriger une caisse de retraite complémentaire, l’INIRS.
Les divergences entre la Cgt et les autres organisations syndicales de cadres commencèrent lorsqu’il fut question d’affilier les cadres à la sécurité sociale. Un cartel fut créé sous la présidence d’un adhérent Cftc : le Comité de défense des intérêts du personnel de Cadres, de maîtrise et des techniciens bénéficiant d’un régime particulier. La CGC et la Cftc allaient participer à une campagne allant jusqu’à appeler les cadres à la grève pour la « défense de la liberté et de la justice », compromise par leur affiliation au régime de sécurité sociale. De son côté le Cartel confédéral négociait avec les pouvoirs publics pour que les prestations (décès, invalidité, etc.) couvertes par le régime de Sécurité sociale soient au moins égales à « celles que donnaient les régimes particuliers ». Sur cette base, une commission nationale paritaire fut réunie qui aboutit à la convention de 1947, créant le régime des cadres par répartition, complément de l’affiliation des cadres au régime de Sécurité sociale.
Le problème des retraites des cadres devait rester un problème majeur pour les organisations syndicales de cadres. Le Cartel puis l’UGIC étaient représentés en tant que tels dans deux organismes: d’une part la commission paritaire, garante de l’application de la convention, d’autre part le conseil d’administration de l’Agirc, garant du régime de retraite.
L’UGIC renaissante, après la conférence nationale de 1963, reprit le flambeau. Une des premières démarches vu la participation de l’UGIC en janvier 1962 à une rencontre avec l’ensemble des organisations représentatives de cadres chez Michel Debré, Premier Ministre, sur le problème de la fixation du plafond de la sécurité sociale demeuré anormalement bas alors qu’il détermine le plancher des retraites des cadres mais aussi le montant de certaines prestations du régime général.
À noter que la résolution sur les retraites, adoptée par la conférence nationale de 1963, demandait l’institution de la cotisation sur la totalité du salaire (« au premier franc »).
Extrait de « La Cgt et les Cadres » – Etudes et documents économiques -juin 1992- p17