Contrecarrer le populisme

La stigmatisation « du riche » ou « des riches » est un sujet récurrent dans l’histoire de l’Ugict-Cgt où ce discours simpliste est systématiquement employé pour cultiver l’anti cadre et compliquer le travail de rassemblement du salariat. L’objectif est toujours de répartir les richesses en gérant la pénurie et d’empêcher la mise en cause du capital.

Cette question prend aujourd’hui une tout autre ampleur en devenant le sujet de prédilection du populisme.

La mode est aujourd’hui à définir qui est riche et qui ne l’est pas. Sociologues, économistes, sondeurs… multiplient les propos pseudos scientifiques, relevant au mieux de la règle de trois, pour définir les chiffres magiques autour desquels doivent s’opposer les Français entre eux. On est riche à partir de 5000 € mensuels de revenus selon ODOXA en 2022 contre 6000 en 2020, 3673 € pour l’observatoire des inégalités de l’OFCE… Chacun y va de sa théorie fondée sur des considérants arbitraires ou pifométriques.

Les très riches ne seraient pas le problème ; la notion de 1 % serait démagogique. Ne leur en déplaise, les cinq plus grandes fortunes françaises continuent de progresser et atteignent un patrimoine cumulé qui dépasse pour la première fois les 1000 milliards d’euros en 2022. Il y a bien une classe dominante extrêmement réduite en nombre qui dispose non seulement de l’essentiel du patrimoine mais des principaux leviers de pouvoirs économiques, politiques, médiatiques… et qui dirige le pays.

Que ces considérations reviennent avec force n’est pas un hasard. Elles participent de la pression populiste orchestrée par l’extrême droite. À ce jeu, chacun sera toujours plus riche que quelqu’un d’autre et c’est la division généralisée qui est nourrie.

En l’absence de construction d’une alternative concrète au capitalisme néolibéral, le déclassement et l’humiliation de toute une partie de la population se traduisent par de la colère et du ressentiment envers autrui.

En cette période de retour de l’inflation, pouvoirs politiques et patronaux vont tout faire pour opposer les catégories entre elles, amplifier les traitements différenciés et l’individualisation, en s’appuyant sur ce populisme mortifère.

L’Ugict-Cgt a toujours prôné les augmentations de salaires en pourcentage. Elle s’est toujours battue pour que l’action pour le pouvoir d’achat porte celle de la reconnaissance salariale des qualifications. Cette action est décisive pour satisfaire les besoins et participe d’une démarche de transformation sociale et sociétale solidaire.

Avec un salariat composé aujourd’hui à part égale d’ingénieurs, cadres et techniciens d’une part et d’ouvriers et employés d’autre part, ces fondamentaux prennent une résonance particulière.

Jean-François BOLZINGER

10 juillet 2022

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