Se syndiquer pour être libre

Être syndiqué(e)s pour des cadres, ouvre des perspectives. Alors pourquoi tant de freins à leur syndicalisation ? Ancien membre du bureau de l’Ugict et secrétaire général de la fédération des PTT, Alain Gautheron a été également secrétaire de l’union fédérale des cadres PTT pendant 10 ans. Lors du 20ème anniversaire de celle-ci, il donnait son opinion sur le sujet.

Cadre ou syndiqué(e) ?

« La mécanique est bien huilée. Des générations de dirigeants l’ont rôdée. L’ambition du jeune cadre doit être limitée à rêver de revêtir un jour le costume prêt-à-porter du cadre modèle.

Pour cela il doit choisir. Être cadre est exclusif de tout autre engagement. On est cadre ou syndiqué. On ne peut pas être l’un et l’autre.

Conformisme et individualisme sont les deux fondements de cet engagement.

Conformisme parce qu’il faut adhérer sans sourciller aux objectifs de l’entreprise. Le meilleur témoignage en ce domaine, c’est de toujours dire à la hiérarchie ce qu’elle aime entendre.

Attention à effectuer le bon choix lors ce que la hiérarchie change, ou qu’elle est secouée par des conflits de pouvoirs.

Individualisme, car toute forme de réaction solidaire, collective serait interprétée comme empruntant les chemins du syndicalisme, ce moribond d’où viendrait tout le mal.

Certains se laissent prendre. Le réveil est douloureux lorsqu’ils ont cessé de plaire ou que la direction exige d’eux l’inaccessible.

Toutefois, malgré tous les efforts faits par les dirigeants pour séduire ou contraindre les cadres au conformisme et à l’individualisme, le moins que l’on puisse écrire, c’est qu’ils ne sont pas parvenus à en faire leur attitude dominante. L’’histoire sociale des PTT en témoigne.

Il est vrai que le conformisme et père de l’uniformité, de la grisaille, de l’inefficacité.

Il est vrai que l’individualisme rend fragile devant l’arrogance des directions.

Sortir de l’impasse

Pour relever les défis économiques et sociaux d’aujourd’hui qui sont de vrais enjeux de société, il faut libérer l’intelligence créative des femmes et des hommes.

Il faut bannir l’autoritarisme et le conformisme, permettre aux cadres d’exprimer une réelle autorité, celle qui repose sur la qualification, la compétence, la capacité à animer, l’intervention de toutes les catégories de personnel dans les choix de gestion et le fonctionnement des services.

Cela passe par la confrontation, l’échange, la solidarité active avec les autres cadres.

Cela passe par l’action convergence avec toutes les autres catégories.

Tant il est vrai qu’il ne suffit pas d’avoir raison pour se faire respecter et convaincre les dirigeants, encore faut-il créer le bon rapport de force.

Alors cadre ou syndiqué(e) ?

Syndiqué(e) pour construire cet espace de liberté qui seul permet d’être véritablement cadre ! »

 

Alain Gautheron – Tribune des cadres UFC PTT- Spécial 20ème anniversaire  – octobre 1995

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