La justice face au néolibéralisme

La nouvelle grève ce 22 novembre 2022 des magistrats, avocats, greffiers, personnels d’insertion et de probation…, à l’appel d’une large intersyndicale, est révélatrice de la détermination qui s’est construite au fil des années dans l’ensemble des personnels de la chaîne judiciaire.

Dans la foulée de mai 68, le syndicat de la magistrature s’était créé contre le conservatisme gaulliste et des tribunaux qui avantageaient outrageusement le pouvoir patronal ; il faisait comprendre à tous que la justice n’était pas une institution politique.

Lorsqu’en 2004, magistrats et avocats se mobilisent contre la loi Perben qui annonce un glissement vers des pratiques d’état policier, il y a expression d’une recherche de reconnaissance et d’utilité sociale de leur travail. Le Wall Street management s’introduit progressivement dans les modes de fonctionnement de l’appareil judiciaire, dévitalisant l’institution de l’intérieur, tuant le travail et au travail.

Il y a un an une tribune de magistrats dans « Le monde » après le suicide d’un jeune magistrat de 29 ans, accompagnant une mobilisation inédite de la profession avait pointé les problèmes de sous-effectifs et le manque de moyens comme facteurs déclenchant des drames humains et de la détérioration de l’institution. Rebelote aujourd’hui avec une dénonciation des conditions intenables et indignes dans lesquelles s’exerce la justice.

Les canons du néolibéralisme ne prévoient pour asseoir sa politique que deux outils : la communication et la répression policière ou militaire. Comme le reste, la justice doit être mise en ligne de l’étatisme autoritaire de marché. Sa dégradation est un choix politique volontaire. Et les États généraux du ministre de la Justice actuel débouche donc naturellement sur des mesurettes destinées à la communication et non au règlement des problèmes.

Pas sûr que forts de leur histoire, magistrats et avocats ne persistent pas comme d’autres travailleurs en responsabilité, à travers leur bataille pour des emplois, des conditions de vie et de travail décentes, dans leur combat pour faire valoir leur soif de reconnaissance, d’éthique et redonner sens à leur belle profession, élément crucial de notre vie ensemble.

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