« …C’est à la Cgt et au ministre du Travail de l’époque, Ambroise Croizat, que l’on doit, début août 1946, après moult débats et tergiversations au sein du Parlement, la convocation par ce même ministre, entérinée par le Parlement, d’une Commission paritaire nationale chargée dans un délai très court, de mettre en place « un régime qui assurera la sauvegarde de tous les avantages des cadres et des ingénieurs ». A titre dérogatoire, et pour répondre à l’exigence du Cnpf qui subordonnait sa participation aux travaux de cette commission à la présence d’un représentant de la Cgc, celle-ci fut autorisée à siéger.
C’est encore à la Cgt que l’on doit pour l’essentiel le contenu de la convention collective du 14 mars 1947 portant création de l’Agirc, dont la signature, en présence du ministre en personne, marqua la fin des travaux de cette commission et entérina définitivement l’affiliation obligatoire des « cadres » à la Sécurité sociale.
Ce contenu s’inspirait en effet étroitement des propositions rendues publiques en 1946, et avancées par la Fédération Cgt de la métallurgie (section d’Alsthom), le Cartel confédéral des Cadres Cgt et la Fnic-Cgt (Adolphe Bouran, plus sous nom de résistant, Andréjean). Prévues lors de la mise en place de la commission pour durer quelques semaines, les négociations durèrent huit mois entiers et cela du fait de la résistance opposée aux représentants du ministère et de la Cgt par les négociateurs de la Cgc, de la Cftc et du Cnpf, soit par hostilité au principe-même d’affiliation des « cadres » à la Sécurité sociale, soit par refus d’un régime unique fonctionnant exclusivement par répartition.
Il fallut qu’Ambroise Croizat fasse adopter le 28 décembre 1946 (ente Noël et le jour de l’An!) un décret fixant la date d’immaculation obligatoire des « cadres» à la Sécurité sociale au 1er janvier 1947, pour que la négociation aboutisse le 14 mars 1947 à la signature des deux convenions qui donneront naissance au régime de retraite et de prévoyance des cadres. »
(Extrait d’un article de Vlady Ferrier paru dans les cahiers d’histoire de l’Ihs Cgt en juin 2015)