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La pandémie n’a interrompu ni les logiques économiques des directions d’entreprise ni leurs façons de faire.
Mais elle a modifié de façon paradoxale les termes de la contre-offensive syndicale et ceux de l’intervention des salariés.
Ainsi les salariés de chez Ernst & Young et associés ont fait leurs comptes et rendu publiques leurs revendications, face à une dégringolade salariale qui passe mal. Une première dans cette multinationale de l’audit et du conseil en stratégie, l’une des quatre plus grandes sociétés sur ce marché.
D’autres conflits se mènent pour refuser ce choix biaisé, présenté par les gouvernements de ces dernières décennies comme inévitable.
C’est que les politiques de baisse de ce que les employeurs qualifient de «charges», n’ont tenu aucune de leurs promesses sur la santé de l’emploi.

Édito

Les femmes ne sont pas une variable d’ajustement

Au prétexte de la crise économique, le patronat entretient une petite musique rétrograde : haro sur l’égalité femmes-hommes, la lutte contre les discriminations ou l’environnement, n’imposons aucune obligation aux entreprises. Pourtant, les femmes sont toujours les plus affectées par les crises économiques. Pourquoi ? Parce qu’on considère que s’il n’y a plus assez d’emplois pour tout le monde, les femmes ayant seulement un salaire d’appoint dans le couple peuvent sans dommage rester au foyer. Et c’est exactement ce qui se passe depuis le premier confinement : les femmes sont la variable d’ajustement. Ce sont elles qui, comme l’enquête Ugict l’a montré, pallient les fermetures de crèches et d’écoles et sont sommées de télétravailler tout en gardant les enfants. Avant la crise, la double journée conduisait déjà à ce qu’elles fassent deux fois plus de burn-out que les hommes. Combien depuis ? Combien de femmes ont déjà été obligées de réduire leur temps de travail, ont été écartées de projets, de responsabilités, pénalisées dans leurs évaluations, leur carrière et leur salaire ?

Le 8 mars arrive à point nommé. Ni Saint-Valentin, ni fête des mères, la journée internationale de lutte pour les droits des femmes doit mettre cet enjeu en visibilité. La Cgt, avec le mouvement féministe, appelle à une journée de grève, notamment à 15 h 40, heure à laquelle chaque jour les femmes arrêtent d’être payées. Rappelons-le, les femmes gagnent en moyenne 25 % de moins que les hommes. Plus on exerce des responsabilités élevées, plus les inégalités salariales se creusent du fait de la part variable de la rémunération. Ainsi, il ne suffit pas de percer le plafond de verre, il faut transformer la norme de l’encadrement, mettre fin à l’individualisation de la rémunération et au présentéisme.

Pour les professions intermédiaires, c’est la ségrégation des emplois qui joue à plein. Les femmes sont concentrées dans des métiers dévalorisés financièrement et socialement, dans lesquels les qualifications ne sont pas reconnues. Pour s’en convaincre, il suffit de regarder la situation des salarié·es du secteur sanitaire et social, de l’éducation…

La bonne nouvelle, c’est que, de la légalisation de l’Ivg en Argentine à #MetooInceste en France, la mobilisation des femmes continue à faire tomber des digues de pouvoir patriarcal. L’apport de la Cgt vise à articuler cette bataille pour l’émancipation à la lutte contre l’exploitation économique, à traiter au même niveau rapports sociaux de classe et de genre. Une articulation indispensable, sans laquelle la mobilisation des femmes sera cantonnée à du féminisme-washing, occultant l’enjeu de l’égalité au travail. Un lien essentiel pour que les luttes sociales ne se limitent pas à être sur la défensive mais soient porteuses d’un autre projet de société. Alors, le #8mars15h40, grève féministe !

Sophie Binet
Cosecrétaire générale de l’Ugict-Cgt

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