Contre le racisme au travail et dans la vie : marchons le 23 septembre 2023

Les « 100 jours d’apaisement » du président de la République sont terminés, mais la colère sociale est toujours là. Le meurtre de Nahel par un policier de Nanterre, puis les violences policières ayant conduit à de graves blessures et à la mort de plusieurs jeunes hommes de quartiers populaires illustrent une politique à la dérive et insupportable. 

 La Cgt appelle, comme une cinquantaine d’autres organisations associatives, politiques et syndicales, à manifester le 23 septembre 2023 pour la fin du racisme systémique, des violences policières, pour la justice sociale et les libertés publiques.  

 La question du racisme, notamment au travail, se pose de façon spécifique pour les ingés, cadres et techs.  

 Le racisme pourrit nos vies au travail 

 Les discriminations subies par les personnes immigré·es et les descendant·es d’immigré·es sont une violence sociale inacceptable. Alors que le niveau de diplôme devrait garantir l’accès à la mobilité sociale, les ingés, cadres et professions techniciennes et intermédiaires immigré·es ou descendant·es d’immigré·es sont victimes de discriminations tout au long de leur carrière.   

 Les personnes immigrées ou descendantes d’immigré·es ont 30 % de plus de chances de reporter une discrimination dans l’emploi, la recherche de logement et l’accès aux services (Ined, 2012). 

 Dans la sphère du travail, ces discriminations interviennent dès la sortie de la formation initiale, avec une période de précarité subie plus importante :  

-        Les jeunes diplômé·es parlant une langue d’Afrique du Nord sont deux fois plus nombreux·ses que les autres à chercher leur premier emploi un an après leur diplôme (Apec, 2022) 

-        20 % des descendant·es d’immigré·es d’Afrique ont connu le chômage au cours des sept années qui suivent les études contre moins de 15 % des hommes ou des femmes de la population majoritaire (Ined, 2016)  

 

Cette précarité est alimentée par les pratiques discriminatoires des employeurs au moment du recrutement :  

-        Des testings effectués par le gouvernement dans 40 grandes entreprises ont prouvé que pour un recrutement de manager, les employeurs préfèrent une candidature « hexagonale » dans 51 % des cas contre 42 % des cas pour une candidature « maghrébine » (Dares, 2016) 

-        Des testings effectués dans la fonction publique pour des recrutements à des postes de cadres administratifs·ves ont démontré que les candidat·es avec un prénom et un nom à consonance maghrébine sont fortement exposé·es aux discriminations. Et les discriminations sont en hausse ! (Dgafp, 2022)  

-        12 % des cadres ont déjà été interrogé·es sur leurs origines lors de leur entretien d’embauche (Apec, 2022) 

 

Ces discriminations se poursuivent pendant la carrière :  

-        Alors qu’il y a une proportion plus importante de très haut diplômé·es parmi les personnes immigrées (28 % ont un bac+3 et au-delà contre 26 % chez les non-immigré·es), en particulier chez les jeunes, elles subissent la déqualification dans le monde du travail. C’est le cas par exemple dans les hôpitaux publics, qui ont massivement recours à des praticien·nes immigré·es et qui pourtant les cantonnent à des emplois précaires (Dares, 2021).  

-        L’absence de reconnaissance de leurs diplômes conduit à ce que les immigré·es du Maghreb, d’Afrique subsharienne, de Turquie et d’Asie du Sud-Est soient désavantagé·es dans leur accès à des fonctions d’encadrement (Insee, 2019).  

-        Plus le niveau de salaire est élevé, plus les immigré·es et descendant·es d’immigré·es subissent des écarts de salaire importants par rapport aux personnes sans ascendance migratoire.  

    -   Il atteint 20 % pour les immigrés d’Asie du Sud-Est qui perçoivent des hauts salaires et ont pourtant un niveau de diplôme et une expérience comparable (Insee, 2019). 

    -   Il atteint 10 % pour les descendant·es d’immigré·es maghrébin·es diplômé·es du supérieur, alors que cet écart est plus faible pour les personnes non-diplômé·es (7 % pour les hommes et 2 % pour les femmes). Au sommet de l’échelle salariale les descendant·es d’immigré·es maghrébin·es subissent un « plafond de verre ». Au-delà de 3000 euros nets mensuels ils et elles ont moins de probabilité d’accéder à un salaire supérieur que les autres (Insee, 2017).  

 

Ces discriminations ne sont pas tolérables et elles bénéficient directement au patronat qui surexploite le travail qualifié des immigré·es et des descendant·es d’immigré·es. 

 

La Cgt et son Ugict revendiquent de nouvelles obligations pour les employeurs parmi lesquelles :  

-        L’utilisation de l’indicateur des « nuages de point » pour mesurer les discriminations,  

-        Des formations et sensibilisations aux discriminations dans les entreprises et administrations,  

-        La suppression des réseaux de recrutement « parallèles » (grandes écoles, réseaux familiaux, etc.),  

-        La tenue d’un registre de candidatures consultable par les représentant·es du personnel et le contrôle par ces dernier·es des processus et des outils – notamment numériques – de recrutement.  

 

Nous résistons face à l’autoritarisme du président de la République et des patrons et face à la menace de l’extrême-droite. Rendez-vous le 23 septembre 2023 !  

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