Pouvoir bien faire notre métier !
La participation aux débats des forums régionaux des assises des métiers d’ingénieurs de l’Etat a été conséquente. Les ingénieures et ingénieurs ne baissent pas les bras! Ils doivent être écoutés!
Les difficultés que rencontrent les ingénieurs pour bien faire leur travail sont importantes. Elles se sont exprimées dans les ateliers des forums.
Les réorganisations successives, les baisses d’effectifs massives ont mis à mal l’environnement de travail et les services supports nécessaires au travail des ingénieurs, mais aussi la transmission des expériences, et le compagnonnage. Les heures supplémentaires gratuites sont courantes, et les charges de travail
massivement alourdies.
Les jeunes ingénieures et ingénieurs sont particulièrement touchés, comme le montre leur profonde insatisfaction exprimée dans une enquête récente de la DRH et subissent de plein fouet les conséquences d’un début de carrière à un niveau très bas, et les difficultés de vie qui en découlent notamment en matière
de logement.
Ces conditions représentent des obstacles majeurs à l’égalité professionnelle, alors que le nombre de femmes ingénieures peine à dépasser un quart des corps d’ingénieurs.
La mobilité est entravée par la diminution des postes et la réduction des missions qui concerne tous les employeurs potentiels, Etat et collectivités locales.
Les 1 4 milliards d’économies annoncées dans les lettres de cadrage budgétaire 201 4, qui touchent brutalement nos ministères, et les économies importantes sur la dotation aux collectivités locales font choc. Le Ministère de l’écologie, le Ministère de l’Economie et des Finances sont particulièrment touchés
en totale discordance avec le besoin de service public pour le développement durable et pour l’emploi.
Ces assises concernent les corps des Travaux Publics, de la Météo, de l’IGN et des IAE, à partir d’une problématique initiale de fusion de corps. Elles s’inscrivent à l’évidence dans une logique de repositionnement de l’Etat et en particulier de son action opérationnelle dans le cadre des politiques de développement durable, et de l’acte III de la décentralisation.
Dans ces conditions, proposer une GPEC pour les ingénieurs est bien sûr une mesure utile. Comment va-t-on définir les besoins ? La dichotomie entre poste relevant du « faire » et postes relevant du « faire-faire » ne nous semble pas décrire correctement le métier des ingénieurs, qui ne sont pas des administrateurs
valorisés par leur culture scientifique et technique mais qui ont à mettre en oeuvre une technicité dans un contexte de conception, d’encadrement, d’exploitation, de gestion, de management…
Nous ne pouvons admettre l’idée que le rôle des ingénieurs de l’Etat se réduirait au faire-faire et la GPEC envisagée doit embrasser tous les métiers des ingénieurs et partir des besoins de la société.
Les corps d’ingénieurs représentent une identification forte de la technicité dans un champ particulier, la possibilité de construction de compétences collectives entre ingénieurs du même métier, des logiques de recrutement et de gestion des qualifications, le lien avec une école de formation, un potentiel disponible pour exercer les missions.
Ce sont des outils précieux de mise en oeuvre des politiques publiques, et de mise en oeuvre d’équipes réellement pluridisciplinaires, c’est à dire faisant appel au dialogue entre des compétences différentes. Les raisons de s’opposer à des fusions de corps qui en ferait de purs outils gestionnaires et comptables demeurent.
Face à des enjeux majeurs de développement durable, de développement urbain, de transition énergétique, de transports, d’aménagement du territoire à dimension anthropologique, il est urgent de donner aux corps d’ingénieurs de l’Etat les moyens d’assumer les politiques publiques.
−Cela passe selon nous par la revalorisation du rôle des ingénieurs et des missions techniques dans l’Etat, les établissements publics, les services déconcentrés et de leur relation aux collectivités locales.
L’ingénierie publique de référence doit être redéveloppée dans les services de proximité, et le RST, comme l’ATESAT et l’ADS, comme moyen de valoriser pleinement l’ensemble de l’intervention publique dans une logique de coopération.
−Cela passe par une relance effective des recrutements et l’ouverture plus conséquente des corps d’ingénieurs aux techniciens, ce qui passe par la la reconnaissance de la qualification des ingénieurs. Pour la CGT elle se situe à 2 fois le SMIC en début de carrière et le doublement au cours de la carrière.
−Cela passe par une amélioration des conditions de travail : en premier lieu agir pour revenir à un temps de travail cohérent avec la loi, et vivable, payer ou compenser les heures sup’, maîtriser les charges de travail, faire jouer son rôle au CHSCT.
−Dans un contexte de forte évolution des techniques, des politiques publiques, des conditions de leur mise en oeuvre, cela passe par un effort important de formation, avec du temps pour le faire, et du temps pour échanger entre collègues.
−On nous encourage au doute sur nos décisions. Il est vrai que la décision « naturelle » est celle dictée par les impératifs budgétaire, ce qui ne représente pas la décision optimale, le droit à la critique, à exprimer son opposition à une décision est une condition d’un service public efficace. Nous le revendiquons.
Il est paradoxal d’appeler au débat public, à l’intervention des acteurs pour la mise en oeuvre des politiques publiques, ce qui suppose tout de même liberté et responsabilité de ceux-ci, et de proposer en même temps une réforme du statut de la fonction publique qui imposerait un devoir de réserve qui nous ferait revenir à
une conception du fonctionnaire qui obéit et qui se tait. C’est anachronique et inconcevable!
Nous ne pouvons nous satifaire d’une politique budgétaire qui continue d’amputer brutalement les moyens de l’Etat, comme des Collectivités locales.
Les ingénieurs ont su se mobiliser contre les fusions. A l’évidence, de nouvelles mobilisations sont nécessaires.
D’autres sujets comme les retraites sont bien entendu également au coeur de l’actualité…
La CGT vous propose en tout état de cause des rendez-vous d’action dès le début
de septembre !
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