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Éditos

Éditorial de Sophie Binet – Représentativité : l’enjeu des cadres et professions intermédiaires

Article mis en ligne le 30 juin 2021, publié dans Options n° 668

L’audience des syndicats dans le privé vient d’être publiée. Abstention en hausse et éparpillement des forces en font une mauvaise nouvelle pour le syndicalisme en général… et pour la Cgt en particulier. En effet, nous perdons 150 000 voix aux élections dans les comités sociaux et économiques (Cse), avec une nouvelle baisse de 1,8 point […]

L’audience des syndicats dans le privé vient d’être publiée. Abstention en hausse et éparpillement des forces en font une mauvaise nouvelle pour le syndicalisme en général… et pour la Cgt en particulier. En effet, nous perdons 150 000 voix aux élections dans les comités sociaux et économiques (Cse), avec une nouvelle baisse de 1,8 point sur ce cycle. Ce recul n’est pas à mettre à l’actif de la Cfdt, qui perd 40 000 voix, mais à celui de la Cgc et de l’Unsa, seules organisations à progresser de manière continue. C’est le syndicalisme catégoriel qui se développe.

La Cgt est victime d’un double décalage : dans les grandes entreprises dans lesquelles nous sommes historiquement implantés, ce sont maintenant les cadres et professions intermédiaires qui sont majoritaires, alors que les ouvriers et employés, qui constituent notre centre de gravité, sont renvoyés à la sous- traitance, dans des Pme dans lesquelles nous sommes moins présents. L’enjeu des cadres et professions intermédiaires est donc central, et ces résultats démontent l’illusion du « tous pareil ». Leur augmentation numérique n’en fait pas des salarié·es comme les autres. Une large majorité d’entre eux considèrent que la Cgt ne les défend pas, voire, avec son image d’« empêcheuse de tourner en rond », constitue une entrave à leur travail.

Pour se reconnaître dans un discours syndical, ils et elles ont besoin d’un syndicalisme qui leur donne les moyens d’exercer pleinement leur professionnalisme, qui parte de leur situation spécifique au travail, de leurs responsabilités, de leur autonomie et de leur niveau de qualification. Un syndicalisme qui leur permette de s’organiser avec leurs pairs pour rompre l’isolement et l’individualisation du Wall Street management, puis de converger avec le reste du salariat.

Alors que la polarisation du salariat augmente, avec la fracture du télétravail et une concentration sans précédent de l’encadrement dans les métropoles et les grandes entreprises, décréter le « tous et toutes ensemble » sans avoir traité les spécificités issues des rapports sociaux reviendrait à mettre la charrue avant les bœufs. L’analyse détaillée des résultats électoraux démontre qu’il n’y a pas de fatalité : là où nous permettons aux cadres et professions intermédiaires d’avoir un cadre spécifique d’organisation, nous faisons de très bons résultats sur ces collèges, et nous avons des taux de syndicalisation à deux chiffres. Notre 52e  congrès confédéral l’a acté. Reste à passer aux travaux pratiques. Et le temps presse ! C’est notre syndicalisme de lutte de classe qui est menacé : à défaut de pouvoir rassembler le salariat, nous serons enfermés dans la gestion de la pénurie… pour le plus grand bonheur du capital. C’est tout l’objectif du 19e   congrès de l’Ugict-Cgt, en novembre, à Rennes : changer de braquet pour donner un avenir à notre syndicalisme de masse et de classe !

 

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