Primeurs 2020 : confinés !

Confinement oblige, la semaine primeur prévue au printemps à Bordeaux a été reportée sine die. Une première depuis le début des années 1980 qui virent se développer chaque mois d’avril, cette dégustation des grands crus de Bordeaux, dynamisés par l’excellent millésime 1982, point de départ de la notoriété du critique Robert Parker. C’est également l’occasion d’un numéro spécial, très attendu, de La Revue du vin de France.

Événement d’importance, réunissant plusieurs milliers de professionnels, journalistes, critiques, distributeurs français et étrangers dont les notes de dégustation et les avis se traduiront directement dans l’image du millésime et dans la fixation des cours de sortie. L’exercice n’est pas facile et nécessite une expérience certaine puisqu’il s’agit de donner un avis sur des vins qui n’ont que quelques mois d’élevage et ne seront livrés que deux ans après !

À ce stade de prime jeunesse, ces vins présentent le plus souvent une forte acidité et des tanins rugueux. L’art du dégustateur consiste alors à évaluer leur potentiel de garde et l’influence du passage en barrique. Un exercice à ne pas rater ! À l’origine, tout le monde y trouvait son compte, le consommateur qui payait deux ans à l’avance un vin 25 % moins cher, et le producteur qui trouvait ainsi un apport de trésorerie. Ces dernières années, la flambée des prix a franchement réduit l’intérêt de l’opération pour le particulier et l’enjeu vaut surtout pour les producteurs et le négoce.

Des stocks importants des millésimes de 2014 à 2018 peinent à trouver preneurs et se dévalorisent. Marché chinois en berne et taxe Trump aidant, de nombreux professionnels jugent nécessaire une baisse significative des cours du 2019. Le consommateur devrait s’en réjouir. Affaire à suivre. Pour l’instant la profession cherche des solutions de rechange pour repousser à plus tard, et sous des formes allégées, les dégustations nécessaires.

Georges SULIAC