https://www.youtube.com/watch?v=Abp3anAsquY
Pourquoi ouvrir ce congrès en affirmant que rien n’est jamais écrit par avance ?
Parce que nous refusons d’être les spectatrices et spectateurs de l’inacceptable pillage planétaire et social orchestré par le libéralisme.
La 1/2 des forêts et zones humides ont disparu, 2/3 des services de la nature qui sont les socles du maintien de la vie sont affaiblis (fourniture d’eau propre, d’air pur, de sols fertiles, de régulation du climat). 7 milliards d’êtres humains et 10 milliards attendus en 2050 alors que tous les signaux de ressources sont en rouge.
L’inégalité de la répartition des richesses est extrême en 2015. 64 personnes des plus riches sur la planète possèdent autant que la moitié de la population mondiale. Selon l’étude de l’École polytechnique de Zurich, 95 % à 97 % des échanges des multinationales sont purement spéculatifs pendant que l’économie réelle s’assèche.
L’humain est fortement déstabilisé, la dépression est la première cause mondiale d’incapacité.
La France sixième puissance mondiale vient d’être condamnée quatre fois de suite pour violation des normes sociales européennes sur les forfaits jours. Elle se classe au premier rang mondial de la consommation de psychotropes, au cinquième en matière de suicides sur le lieu de travail.
Elle compte 3 millions 200 000 personnes qui présentent des risques élevés de bun out, mais occupe le premier rang dans la rémunération des actionnaires pendant que sur son sol, 1 enfant sur 5 vit dans le seuil de pauvreté, sans parler des migrants les moins chanceux à qui on interdit le statut de réfugiés et on confisque honteusement leur couverture en plein hiver.
Tous les ingrédients d’un profond facteur de destruction de l’environnement et de déstabilisation de la cohésion sociale sont réunis, entraînant stigmatisations, replis sur soi, populisme qui mettent à rude épreuve l’exercice de la démocratie. Ce pillage néolibéral planétaire et social prend sa source dans un immense hold-up du travail : sa place dans la société, son prix, son sens, sa valeur sociale.
Tout est remis en cause au nom d’une pseudo modernité et de la logique « naturelle » du marché.
Si cette dynamique libérale malmène le syndicalisme et le provoque sur son propre terrain dans ses rapports aux salariés : son efficacité, ses capacités de rassemblement, d’adaptation aux évolutions du salariat, du développement du numérique, du rapport individu-collectif, elle vise clairement à « dégager » le syndicalisme en tant qu’acteur de contre-pouvoirs, partie prenante des corps intermédiaires dans une démocratie.
Alors oui « rien n’est écrit d’avance », pas plus l’avenir du syndicalisme que les nouveaux modèles de société.
Les inquiétudes sont légitimes, les colères aussi.
La question centrale n’est pas de se prononcer pour ou contre les changements dans un monde sans cesse en mouvement mais bien de pouvoir mener le débat sur le sens, la finalité des réformes, la possibilité d’avoir un débat contradictoire autour de différentes options, la possibilité d’exprimer un droit au désaccord sans être stigmatisé mais respecté.
Ce n’est pas un syndicalisme bloc contre bloc, réformiste, pragmatique d’un côté et immobiliste de contestation de l’autre, les modernes contre les dinosaures, auquel on serait confronté.
Cette caricature, ce piège, est bien pratique pour que le syndicalisme s’autodétruise, se recroqueville sur le périmètre de ceux qui veulent et peuvent en découdre ou abdique sur la conquête de droits nouveaux, où les choix de rassemblement du syndicalisme ne seraient plus que réduits à l’international, au plus petit commun dénominateur idéologique face au rapport de forces mondialisé de la finance.
L’avenir du syndicalisme se joue dans la possibilité de faire valoir les intérêts de la communauté de travail localement, nationalement et internationalement, non pas en se repliant sur un statut quo, en se transformant en Penelope d’un grand soir, encore moins en renonçant au progrès social, où le social se dissoudrait dans le caritatif réduit à une régulation des effets du marché sur les plus démunis.
(Au cas où les armées de pauvres pourraient créer de l’insécurité).
Il s’agit pour la CGT de redynamiser le syndicalisme en restaurant la souveraineté du travail aux salariés. Redonner aux ICT la maîtrise de leur travail, de son sens, du travail bien fait, reconnaître leur rôle contributif, leur permettre d’agir pour respecter leur éthique et citoyenneté, sont les véritables enjeux clefs posés au syndicalisme.
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