Mais comment construire les convergences sans être dans l’incantatoire ?
Nous devons faire face à des approches dévoyées de la solidarité à travers la notion d’équité qui surfe sur les urgences sociales.
Ainsi, au nom d’une juste équité, selon laquelle les cadres et maîtrises seraient privilégiés (on trouve toujours plus pauvre que soit), on partagerait la pénurie au sein même du salariat et on dédouanerait à bon compte le capital.
C’est à l’opposé de notre conception de lutte classe qui pose un nouveau partage des richesses créées en faveur des travailleurs pour modifier le rapport capital-travail.
Construire les convergences requiert donc de faire la clarté dès la construction des revendications. Ainsi, par exemple, notre conception de la qualification est antinomique avec une augmentation uniforme de 200 ou 300 euros pour tous et non en pourcentage. C’est cette clarté qui va nous permettre d’être plus fortement la CGT de tout le salariat en parlant d’une seule voix dans la CGT : celle du progrès social pour tous.
Nous sommes face à un double mouvement dans la construction des convergences : des éléments facilitateurs et de nouvelles difficultés.
La détérioration de la condition sociale de l’encadrement accroit sa prise de conscience salariale, il revendique d’être salarié au même titre que les autres.
De même, les directives unilatérales des employeurs, qui percutent leur sens du travail, leur professionnalisme et confisquent les moyens pour exercer leur responsabilité sociale, augmentent leur prise de distance avec les directions. Ce qui de fait les rapproche de l’ensemble du salariat.
Mais dans un même mouvement, les rapports sociaux entre cadres, maîtrises et non-cadres se tendent sous l’effet des stratégies des entreprises et du Wall Street management, qui imposent une nouvelle conception de leur place et rôle, où finalement l’encadrement est placé devant le dilemme « se soumettre ou se démettre » face aux directives des entreprises.
Ce Wall Street management isole l’encadrement, lui fait perdre de sa légitimité au sein des collectifs de travail et réduit son accès aux garanties collectives.
Cette exploitation et instrumentalisation spécifique attisent les oppositions entre catégories et tissent des fractures entre cadres, maîtrises et non-cadres.
Réunifier le salariat nécessite de mieux se comprendre pour mieux agir ensemble. Il s’agit de ne pas se tromper d’adversaire dans la lutte de classe en désignant les cadres comme boucs émissaires et faire mesurer à l’encadrement leurs propres responsabilités sociales.
Mais cela reste insuffisant si on ne traite pas syndicalement les problèmes spécifiques de l’encadrement, ce qui revient à le laisser seul face à la direction ou à l’exhorter à se révolter individuellement.
On a donc besoin de créer un cadre collectif syndical, où l’encadrement peut exprimer à haute voix ses points de vue, ses désaccords avec les directives, ses contre-oppositions, échanger, agir, où il peut construire des propositions pour changer la donne de son vécu au travail, participer à promouvoir une nouvelle conception de son rôle et de sa place dans l’entreprise. C’est tout le travail d’une activité spécifique organisée et pérenne au quotidien parmi ces catégories.
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