Hier une des nouvelles ambulances du SAMU est venue en démonstration dans mon hôpital. Comme l’avait subodoré nos ambulanciers, lors de la manœuvre, il a fallu se rendre à l’évidence, le véhicule est trop haut et ne rentre pas dans notre garage !
Ce modèle qui coûte la bagatelle de 160 000 euros est issu du « travail » de réflexion d’une commission d’administratifs et de médecins issus des 4 SAMU de l’Assistance Publique-Hôpitaux de Paris qui a même fait appel à un cabinet d’audit extérieur pour élaborer le cahier des charges. Nous voilà de nouveau dans une situation de soi-disant experts qui aboutit à une catastrophe.
Car en effet, il va falloir soit modifier les ambulances, soit détruire le bâtiment et en reconstruire un autre. Par ailleurs, le gabarit de cette ambulance ne nous permettra sûrement pas de manœuvrer dans les rues étroites de notre zone urbaine très dense et, encore plus grave, d’entrer dans les sas des urgences, nous obligeant à décharger les malades à l’extérieur, très souvent sous la pluie et dans le froid.
Il s’agit de l’exemple typique de ce que nous ne voulons plus dans la gestion de nos établissements, c’est-à-dire cette suradministration à laquelle participent des médecins qui se sont souvent éloignés du terrain et qui décident pour les véritables « experts » que sont les professionnels de terrain, dans le cas présent des ambulanciers.
Comme l’a démontré la gestion de la crise dans les hôpitaux, ce sont les personnels dans les services qui se sont organisés et qui ont trouvé les meilleures solutions, parfois en bricolant avec des bouts de chandelle.
Nous avons bien sûr besoin d’une d’administration, mais pas pour nous expliquer ce que nous devons faire mais pour nous donner les moyens de travailler comme nous avons décidé collectivement qu’il était le plus efficace de le faire.
Dr Christophe Prudhomme