L’UFMICT-CGT a mis en place il y a plus de 20 ans un collectif national des directeur·trice·s dans le but de proposer un espace d’échange, de construction de revendications et de mobilisation adapté aux trois corps de direction (DH-D3S-DS) à gestion nationale. Alors que nos analyses sont appréciées par les collègues, elles restent trop peu connues car trop peu diffusées.
Cette nouvelle publication vise à répondre à cet enjeu et à porter un regard syndical sur l’actualité des directeur·trice·s de la Fonction Publique Hospitalière. Face aux attaques que nous subissons sur nos statuts, aux remises en cause de nos conditions d’exercice professionnel, à un isolement croissant des collègues, les membres du collectif directeur·trice·s ont voulu créer un lien spécifique entre directeur·trice·s, partant des réalités professionnelles pour tenir un discours syndical offensif. En opposition au corporatisme professionnel et au syndicalisme d’accompagnement, nous voulons porter une parole différente, ancrée dans les réalités de terrain, loin de la résignation ambiante, montrant que les directeur·trice·s ont leur mot à dire pour renforcer le service public et porter une perspective de pro-
grès social.
Edito
Les directeur·trice.s ne veulent pas être les rouages des politiques d’austérité
Ce 1er janvier, la réforme de la « Haute Fonction Publique » voulue par le Président de la République entre dans sa phase opérationnelle avec la création de l’INSP (en remplacement de l’ENA), la création de la DIESE (Délégation Interministérielle à l’Encadrement Supérieur de l’État), et la création d’un corps d’administrateur·trice·s de l’État (avec mise en extinction de nombreux corps de fonctionnaires).
Tout ceci s’inscrit dans le prolongement de la loi de transformation de la Fonction Publique du 6 août 2019 et augure d’une reprise en main centralisée des carrières des hauts fonctionnaires par le pouvoir politique.
Derrière la volonté d’une Haute Fonction Publique plus « agile » affichée par le pouvoir « macronien », ce sont des fondamentaux qui faisaient la spécificité de la Fonction Publique depuis l’après-guerre qui sont bousculés et certaines des garanties de neutralité apportées à tou·te·s les usager·ère·s du service public qui sont menacé·e·s.
Cette doctrine de l’encadrement supérieur de la Fonction Publique de l’État a un effet domino pour la Fonction Publique Hospitalière et les corps de direction (DH-D3S-DS). Divers dispositifs en sont la traduction dans notre champ : la possibilité de recruter hors statut, la prégnance des systèmes de rémunération dits « au mérite », la gestion des emplois hospitaliers, leur fonctionnalisation croissante et leur gestion est de plus en plus opaque, (le CNG bafouant régulièrement les lignes directrices de gestion qu’il avait pourtant édictées)…
Ces modes de gestion présentés comme « modernes » sont en fait un retour en arrière car ils réduisent les marges de manœuvre des agent·e·s publics en accroissant les moyens de pression du pouvoir politique sur les carrières.
Loin de reconnaître les mérites, cette logique accroît l’arbitraire et place nombre de collègues dans une si- tuation de dépendance hiérarchique. Cette logique inspirée du « new public management » tend à devenir la norme.
Alors qu’on prétend donner plus de liberté dans la gestion, la ligne hiérarchique se durcit avec des directeur·trice.s pris en étau entre des injonctions budgétaires et réglementaires imposées par les ARS et des réalités de terrain où l’écart s’accroit entre les besoins de la population et les moyens alloués au fonctionne-
ment des établissements et services.
Beaucoup des directeur·trice.s ont le sentiment d’être devenu·e·s de simples courroies de transmission de directives externes qui les percutent sans cesse, condamné·e·s à n’être « à perpétuité » que des gestionnaires de la pénurie, ayant perdu le droit de penser et de défendre les besoins de santé publique sur le long terme.
Face à ces dérives, il convient de retrouver de réelles marges de manœuvre et une activité professionnelle qui s’enracine en tout premier lieu dans la réponse aux besoins de la population et dans les valeurs du service public.
L’intérêt général ne peut être servi par des directeur·trice.s corseté·e·s par la bureaucratie des ARS. Redonner, au plus proche des réalités de terrain, du pouvoir d’agir aux directeur·trice.s est une attente croissante des collègues qui souffrent de prendre des décisions de gestion trop souvent en contradiction avec leurs va-
leurs et ce qu’ils estiment être la qualité du service public.
Il est grand temps de libérer les collègues des modes de gestion délétères, des systèmes de gouvernance absurdes, des contraintes kafkaïennes, d’un management qui se durcit partout, du prima de la gestion budgétaire sur les missions des établissements et services, … Toutes ces règles pèsent certes comme des contraintes réglementaires mais aussi comme des contraintes idéologiques qui imposent une vision de la gestion de plus en plus éloignée de l’intérêt général.
Déconstruire ce que la vision de l’encadrement supérieur entend nous imposer pour redéfinir les contours des fonctions de direction est devenu une nécessité. Modestement, cette nouvelle lettre d’actualité spécifique à destination des directeur·trice.s de la Fonction Publique Hospitalière entend y contribuer.
SOMMAIRE :
P.1 : Pourquoi une lettre d’actualité « Infos syndicales pour les directeur·trice·s » ?
P.1-2 : Edito : Les directeur·trices ne veulent pas être les rouages des politiques d’austérité
P. 2-3 : En bref
L’Actu des directeur·trice·s
P. 4: A vos agendas
Dates des différentes rencontres–réunions
P. 4 : A voir
Informations diverses à ne pas manquer
Téléchargez la lettre d’actualité : infos_janvier_2022