Dés son deuxième congrès l’Ugict s’attèle aux problèmes, aux discriminations que connaissent les femmes cadres au travail… et aussi dans notre organisation. (Le rapport n’est pas signé mais doit sans doute être attribué à Suzanne Cartier, cadre de la Banque et membre du Bureau de l’Ugic).
RAPPORT DE LA COMMISSION DES CADRES FEMININS DU 2ème CONGRES DE L’UGIC (15-16 avril1967)
En 8 ans de 1954 à 1962 le monde du travail s’est accru de 5 % d’ouvriers et de 30 % de femmes cadres, 60 % de cadres supérieurs.
Ces femmes ne sont absolument pas le reflet de l’ensemble des femmes au travail ni celui des ingénieurs et cadres salariés.
– Avocats 11 % sont des femmes
– Médecins même chose
– Architectes 1 %
– Industrie 0 cadre supérieur femme
– Enseignement s: sur 10 instituteurs 7 femmes ; sur 10 professeurs du secondaire 5 femmes, 2 femmes inspecteurs.
Ces chiffres montrent ce que nous constatons à tous les niveaux de cadres, à savoir, plus on franchit les échelons moins ont trouve de femmes. Au bas de l’échelle c’est l’ensemble des femmes et pas seulement les cadres. Les rencontres nationales pour l’égalité des rémunérations, pour la promotion professionnelle des femmes des 8 et 9 avril dernier l’a largement démontré.
La commission des cadres féminins de l’UGIC a enregistré avec satisfaction l’attention que lui porte le bureau de l’UGIC. Nous émettons des réserves sur l’opportunité d’une telle commission durant le congrès. Nous souhaiterions un groupe d’étude pour débattre auparavant avec la direction de l’UGIC, dans un groupe constitué d’hommes et de femmes.
L’expérience le montre, un seul camarade homme, Pierre-Louis Marger, cadre, pour 12 femmes présentes participait à la discussion, et nous avons ressenti que l’on éloignait les femmes de tous les autres groupes de réflexion, réservés semble-t-il aux seuls hommes !
Aucune femme au bureau de notre Congrès !
Le congrès devrait se pénétrer de l’idée qu’il n’y a pas de problème de femmes, mais que ces questions restent une faiblesse du mouvement syndical et que le patronat en use largement !
Les problèmes
Avant même l’entrée dans le monde du travail s’opère une sélection. Au lycée il y a égalité pour l’accès au Bac, mais l’enseignement supérieur opère la sélection. Les options scientifiques pour les garçons, les littéraires pour les filles ! De même pour les grandes écoles. A l’éna, peu de filles et débouchés très difficiles. Le complexe d’infériorité est soigneusement inculqué. Elles ne sont pas sûres d’elles mêmes et du rôle aux responsabilités est inégal et les écarts de salaires se creusent. L’exemple dans la métallurgie à savoir le passage à la catégorie II B où les mêmes conditions d’ancienneté ne sont pas les mêmes pour les hommes et les femmes. Dans la fonction publique, carrières rapides pour les hommes. Des discriminations existent pour la formation continue.
Les différences perdurent à la retraite !
Les différences physiologiques ne justifient pas l’ostracisme dont elles sont victimes.
Quel mal y a t il à être moins autoritaire ? Se fait-on mieux écouter ? ou la patience est-elle un atout pour encadrer ?
Les hommes considèrent encore qu’il s’agit d’un salaire d’appoint, même pour une cadre.
Les femmes restent sur la défensive et n’osent pas revendiquer ! Elles ont du mal à créer les conditions de changements (…)
L’UGIC et OPTIONS ont un rôle à jouer pour que cessent ces situations. Les solutions ne sont pas détenues dans des cercles de femmes ! L’état doit créer des conditions objectives d’égalité à tous les niveaux. La bataille syndicale doit être menée vis à vis du patronat sur tous les sujets abordés précédemment.
Crèches, écoles, transports, réduction du temps de travail sans diminution de salaire, formation continue sur le temps de travail, retraite à 60 ans puis 55 ans sont à intégrer à la réflexion de l’UGIC, au même titre que les salaires. Ces inégalités, les hommes en payent aussi les conséquences !
Battons nous ensemble ! Il faut plus de place pour les femmes dans nos syndicats ! Il n’y aura plus de problèmes particuliers aux femmes cadres si tous les ingénieurs, cadres et techniciens luttent au coude à coude pour un avenir qui sera meilleur et le même pour tous.
Fin du texte non daté et non signé.
Publié dans EMPREINTES N°14