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Les temps changent !

Il y a quelques années, les plateformes se présentaient en chevaliers blancs de la liberté d’entreprendre et de travailler. L’argument des employeurs, à savoir qu’ils n’étaient justement pas employeurs, aura fait long feu, sous les coups conjugués de l’action revendicative et de l’indignation sociale.
Un peu partout dans le monde en effet, une véritable contre-offensive est à l’œuvre sur la base de volontés régulatrices et de retour aux logiques salariales.
Nous sommes à un moment charnière pour le syndicalisme, et toute la question est de savoir comment s’en saisir, tant en termes d’objectifs à atteindre qu’en termes de méthodes à réinventer sans cesse pour «coller» à des situations dont la singularité défie toute «recette» préétablie.

Édito

Télétravail : exigeons un choix démocratique

Avec la pandémie, le télétravail s’est généralisé parmi les Ictam. Mais sera-t-il un outil au service du progrès social, ou tout le contraire ? Comment seront répartis les gains de productivité ? Réduction du temps de travail et du chômage, ou intensification et flexibilité ?
En bouleversant le rapport au temps, il questionne sur l’équilibre des temps de vie, le lien social. Quelles relations dans l’entreprise, quelle place pour les syndicats ? Le télétravail entérinera-t-il un recul de la démocratie ?
Même partiel, il modifie aussi le rapport à l’espace, mettant en cause la localisation des emplois, leur nombre, leur existence même. Comment le penser en prenant en compte le maillage territorial ?
Enfin, le télétravail bouscule le management, qui voit se réduire les relations de proximité, et croître ses responsabilités en matière de santé au travail. Un management dont les capacités et l’utilité sont dénigrées par le Medef et parfois au sein même du syndicalisme. « Circulez, y a rien à voir »… ni à discuter au sujet d’un management alternatif aux logiques de mise en concurrence des individus et de baisse du prix du travail. Pendant ce temps, le Wall Street management est déployé au forceps dans la fonction publique, et les employeurs s’activent pour imposer une nouvelle conception de l’encadrement et une reprise en main des cadres dirigeants !
Ainsi, nombre de branches professionnelles, sans aucun dialogue avec les syndicats, optent pour un raccourcissement des lignes hiérarchiques, davantage de verticalité, et un changement radical de l’encadrement de proximité, censé renoncer à tout exercice de son expertise.
Le télétravail est un enjeu spécifique, mais nullement catégoriel, puisqu’au-delà des Ictam il impacte tout le salariat et la collectivité. En structurant de nouvelles relations sociales, il change les conditions de vie, fragilise potentiellement le statut de salarié, détruit et restructure les emplois. Le sujet est d’ampleur : nouveaux rapports sociaux, conception de l’encadrement, risques de dégradation de la santé au travail, nouvelles discriminations faites aux femmes dans le cadre d’un télétravail en mode dégradé… Il nous faut tout appréhender.
Aussi, l’Ugict lance une nouvelle grande enquête, élaborée avec des syndiqués experts de la Dares et de la Drees. Ses résultats seront publiés fin juin et permettront d’interpeller le gouvernement et le patronat sur la nécessité d’encadrer le télétravail et de prévenir les risques psychosociaux ; d’ouvrir des négociations sur les transformations que ce mode d’organisation du travail préfigure.
Choisissons ensemble la façon dont nous ferons du télétravail. Participons massivement à cette enquête pour confronter nos vécus et exiger que le télétravail réponde aux aspirations de bien travailler et de vivre autrement, en renouant avec le progrès social et environnemental.

Marie-José Kotlicki
Cosecretaire générale de l’Ugict-Cgt
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