Cet article sur la santé et la sécurité au travail fait suite à celui consacré à l’analyse de premiers résultats de la consultation que l’OFICT a lancée sur le thème du management (accéder à la consultation).
Des réponses à demi rassurantes :
50 % des encadrants n’ont eu aucune formation en santé et sécurité du travail, seulement 12 % souhaiterait en bénéficier et 4 sur 10 ont bénéficié d’une formation. Les non encadrants ont un peu moins bénéficié de formations et souhaiteraient un peu plus en avoir une.
Un tiers des agents expriment un déficit par rapport à une situation de santé au travail, voire de la souffrance. C’est un peu plus chez les non-encadrants.
La majorité des encadrants estiment disposer de moyens d’assurer la santé et la sécurité des subordonnés.
Cela est cohérent avec la proportion d’agents qui n’expriment pas de problème de santé au travail. Par contre, cela contraste avec le tiers d’agents dont la santé est mise en cause par le travail.
Quelques commentaires positifs parmi ceux qui illustrent les difficultés
Très peu de commentaires positifs, pour dire que les choses vont bien ou relater des expériences positives :
Pour l’équipe, liens assez forts au sein des équipes, cela permet un retour ou une « gestion » au plus près et au mieux
l’évolution du métier qui « ne fait plus » mais « fait faire » a diminué pas mal de risques
service très sensibilisé par la santé et sécurité des agents
Les commentaires abordent différents thèmes concernant les difficultés rencontrées mais font aussi des propositions :
pour les encadrants :
Un manque d’écoute et d’expression des difficultés
Beaucoup d’encadrants sont en souffrance et ne l’expriment pas. Les encadrants ne se sentent pas assez écoutés et soutenus par les représentants du personnels. Il y a un réel besoin de les écouter et de les aider.
Pas assez d’attention aux difficultés des manageurs, les syndicats ne se préoccupent pas assez d’eux. Ils ont besoin d’être écoutés professionnellement Chacun doit se débrouiller par lui même.
Manque de moyens pour gérer des agents difficiles (psychiatrie !), manque de médecin du travail, manque de prévention, manque de temps, management informel, pression de la « commande » qui usent la santé.
Il y a le sentiment que de nombreux agents n’expriment pas leurs difficultés que pourtant on « voit bien ».
en fin de carrière, je supporte et résiste. Mon profil de sportif de haut niveau me fournit les outils pour endurer jusqu’à ma retraite proche
Le déni :
Certains chefs de service avides de communication sont prêts à se passer des analyses de l’encadrement dès lors qu’elle ne les sert pas. Ainsi certains encadrants craquent en silence. Ils en ont assez de la fausse bienveillance.
Le besoin de sens, d’organisation, de moyens
La sécurité paraît être une sorte de variable d’ajustement qui cède régulièrement devant l’urgence. On constate aussi un manque de réactivité pour traiter des situations
Le besoin d’organiser effectivement la prévention ressort des réponses : Il est important d’animer en réseau la prévention des risques C’est une activité qui doit être pilotée correctement, animée avec des outils efficaces. Il faut disposer de temps agent spécialisé, de la reconnaissance des compétences et de formation nécessaire. Il doit y avoir un bouclage systématique avec les décisionnaires.
Pour les encadrés
Le rôle de la hiérarchie intervient fortement, au même titre que les conditions matérielles de travail, et toujours la pression de la charge de travail avec des effectifs réduits.
Certains font le constat : locaux vétustes ou inadaptés au gré de la politique immobilière de l’État, ou aggravées voire absurdes en période d’épidémie comme les open space, la charge de travail, le sens du travail.
L’encadrement et son rôle concret sont soulignés mais aussi le rôle des collègues de travail.
Les réorganisations tendent à accroître le pouvoir des directions. L’encadrant de proximité semble disposer d’un rôle accru et de peu de supervision. Pour certain.e.s la personnalité de l’encadrant est déterminante mais la présence de collègues « néfastes » l’est aussi.
La pression de la charge de travail, d’effectifs plus réduits pour plus de travail produit dévalorisation, placardisation et mise à l’écart. .La santé psychique est mise en cause et le clivage avec la hiérarchie fortement souligné. La souffrance s’exprime aussi dans le corps.
L’action syndicale ?
Le syndicalisme est cité pour l’action du CHSCT sur les RPS au CEREMA, plutôt dans l’attente de l’action syndicale que dans une logique de participation directe et/ou institutionnelle. Des encadrants qui regrettent une absence d’intervention syndicale, le cite également. L’action syndicale de proximité au plus près des agents en difficultés reste à explorer