Réforme des retraites : 9 points d’appui pour la combattre

Le 10 janvier le gouvernement annoncera son projet de réforme des retraites. Dès la campagne présidentielle Emmanuelle Macron a annoncé vouloir progressivement passer l’âge légal de la retraite de 62 à 65 ans. Dès la campagne présidentielle les Français-es étaient très largement opposé-es à ce projet : 77 % et même 56 % parmi les électeurs-rices du premier tour de Macron !

Nous avons la responsabilité de construire un mouvement social massif d’opposition à cette réforme. Il y a quelquefois parmi nos collègues et y compris dans nos organisations une forme de découragement, de fatalisme. Pourtant rien n’est écrit d’avance sur cette réforme, au contraire, nous sommes en position de force et ce n’est pas pour rien que l’annonce de la réforme est décalée pour le 2e fois ! Nous avons de nombreux points d’appui que nous devons exploiter.

En voici 9 :

1- Une mobilisation de 2019-2020 victorieuse qui s’est soldée par le retrait de la précédente
réforme :

1,5 millions de personne dans la rue le 5 décembre, des grèves massives à la RATP, à la SNCF et dans l’éducation nationale. A l’époque, et avant le 5 décembre, une majorité de Français-es étaient pour la réforme, un mois après le début de la grève, iels étaient une majorité à la rejeter massivement. C’est la grève, très soutenue, qui a retourné l’opinion publique parce qu’elle a permis qu’on parle 7 jours sur 7 des retraites et qu’on puisse convaincre de l’intérêt de rejeter la réforme et de rentrer dans la mobilisation.

2- Une mobilisation en cours sur les salaires

Elle nous renvoie au cœur du débat sur le partage des richesses où nous avons pu imposer plusieurs idées essentielles à porter dans le débat sur
le partage des richesses :

  • celle de l’échelle mobile des salaires, c’est-à-dire la réindexation de l’ensemble des salaires sur l’inflation qui existait dans les années 1980 s’est imposée dans le débat public, qui fait désormais partie du débat public et est portée par notre confédération.

Retrouvez les arguments pour l’échelle mobile des salaires

  • on a également pu rappeler que la véritable ligne de fracture se joue entre le capital et le travail et pas entre les travailleurs·ses. A l’indécence de la communication de Total qui minimisait la hausse de salaire de 52 % son PDG Patrick Pouyanné nous avons répondu avec le #balancetonsalaire que si nos salaires sont supérieurs au SMIC ce n’est pas pour autant que nos qualifications liées à nos diplômes et à l’expérience sont reconnues et rémunérées.

Retrouvez 30 exemples de #BalanceTonSalaire qu’il faut avoir lu pour comprendre l’ampleur du mouvement

3- Une intersyndicale inédite depuis 10 ans :

13 organisations syndicales et de jeunesse qui appellent à la mobilisation, une CFDT dont le congrès a verrouillé le mandat de sa direction.

4- Il n’y a pas d’argument économique qui permet de justifier cette réforme.

C’est une réforme violente, très immédiate pour les personnes aux portes de la retraite, au nom d’un léger déficit temporaire et pour permettre de nouvelles baisses d’impôts pour les entreprises. Cela marque avec force le “deux poids deux mesures” du gouvernement qui refuse dans le même temps de taxer les dividendes.

Retrouvez  le Décryptage du rapport du COR et des enjeux de la réforme des retraites

Retrouvez l’article Retraites : ces sources de financement dont le gouvernement ne parle pas

5- Le gouvernement est décrédibilisé par de multiples affaires et notamment en ce qui concerne les retraites

La démission en décembre 2019 de l’ancien Haut-commissaire aux retraites Jean-Paul Delevoye bénéficiait d’un salaire payé en partie par les compagnies d’assurances.

6- Un gouvernement qui est bien seul :

Même le MEDEF tarde à apporter son soutien plein et entier à son projet de réforme, si bien qu’on a entendu, sur France Inter, Bruno Lemaire être contraint de faire explicitement des appels du pied au patronat pour qu’il se prononce ouvertement en faveur du projet d’Emmanuel Macron : “Il n’y a qu’à renoncer à baisser les impôts de production. Si le MEDEF veut véritablement que nous réduisions les déficits et la dette, qu’il soutienne la réforme des retraites avec enthousiasme, avec détermination.”
Le gouvernement, qui n’a ni majorité politique ni majorité sociale dans ce pays, menace déjà du 49-3 et de la dissolution de l’Assemblée nationale si une motion de censure était votée.

7- Une envie d’en découdre

48 % des cadres et 54 % des professions intermédiaires sont prêts à manifester pour leurs retraites et 42 % des cadres et 46 % des professions intermédiaires sont prêts à faire la grève pour défendre leur retraite selon nos derniers baromètres

Accéder au baromètre Cadre

le tract du baromètre cadre

Accéder au baromètre Tech

le tract du baromètre tech

8- Des arguments sur l’impact de la réforme sur nos catégories.

On nous dit  :

  • “Les cadres sont des favorisés, ce n’est pas dramatique si leur taux de remplacement baisse”.

On répond, oui, les cadres subissent une érosion du niveau de leur pension et c’est un problème. Alors qu’elle représentait 72 % des salaires de fin de carrière des cadres en 1990, elle n’est plus aujourd’hui que de 67 % et, sans hausse du financement de nos retraites, elle ne représentera plus que 51 % en 2062. Nous refusons cet état de fait qui va jeter nos catégories dans les bras des compagnies d’assurances et des fonds de pension, ces mêmes “investisseurs” qui détruisent nos emplois et la planète.

  • “Les cadres et professions intermédiaires sont des privilégié·es, de quoi vous plaignez-vous ?”

On leur répond que les critères de pénibilité sur lesquels se focalise le gouvernement excluent notamment la pénibilité psychique subie par nos catégories. Que l’intensité du travail est l’un des six facteurs de risque psychosociaux au travail et qu’il se caractérise par la charge et le temps de travail. Or nos baromètres cadres et techs nous ont montré cette année que 58 % des cadres et 53 % des professions intermédiaires estiment que leur charge de travail a augmenté depuis l’année dernière. Les cadres sont aujourd’hui 42 % à déclarer travailler plus de 45h par semaine, et ce sont 58 % des professions intermédiaires qui déclarent travailler plus de 40h par semaine.

  • “Il n’y a pas d’alternative il va falloir travailler plus longtemps”

On répond que la CGT sait aujourd’hui financer la retraite à 60 ans à 75 % du dernier salaire pour une carrière complète y compris en prenant en compte les années d’études. Il faudrait pour cela 100 milliards d’euros (4 % du PIB). On peut faire ça en mettant fin aux exonérations fiscales et sociales dont bénéficient chaque année les entreprises (150 milliards), en soumettant à cotisation l’intéressement et la participation (10 milliards), en réalisant l’égalité salariale (5,5 milliards), en mettant à contribution les revenus financiers des entreprises (70 milliards), ou encore en augmentant les cotisations…

9- Des outils produits notamment par le collectif retraites de l’Ugict

 

En bref, se mobiliser pour de bons salaires et de bonnes retraites c’est la garantie pour toute la CGT :

  • de syndiquer des personnes qui hésitaient à sauter le pas
  • de remettre au cœur du débat nos idées, nos valeurs, et ainsi de marginaliser les idées d’extrême-droite qui gangrènent le débat public et envahissent nos rues.
  • De gagner les prochaines élections professionnelles de 2026 !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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