Campagne management #5 Télétravail, droit à la déconnexion et charges de travail

Cet article fait suite à ceux déjà consacrés à l’analyse de premiers résultats de la consultation que l’OFICT a lancée sur le thème du management. (Exploitation des résultats au 10/11/2020 avec 439 réponses) Accéder à la consultation.

Quelle évolution du regard sur le télétravail ?

80% des collègues ont été, durant la première période de confinement, en situation exclusive de télétravail. 5% étaient en ASA et les autres dans des situations mixtes (ASA ,télétravail, présentiel, maladie…).

Par ailleurs 85% des agents en télétravail dans cette période ont été placés d’office sous un régime de forfait. Seuls 15% se trouvaient dans un régime de décompte horaire. Ces chiffres tout en tenant compte de la situation particulière de confinement, doivent nous alerter. Les exemples se multiplient de services souhaitant généraliser cette disposition en matière de télétravail. Rappelons que cela est contraire à la réglementation encadrant le temps de travail. Des témoignages situent bien l’enjeu. Citons en un :

j’étais en télétravail sans décompte d’heures mais avec des dépassements énormes qui ne seront jamais comptabilisés.

Ceci nous amène à l’évolution du regard porté sur le télétravail. Pour 3 personnes sur 10, ce regard n’a pas changé. Il est toujours négatif pour 1 sur 5 de ces dernières personnes et positif pour les 4 autres. Ainsi l’expérience du confinement a sans nul doute contribué à faire évoluer majoritairement les positionnements singuliers vis à vis du télétravail  et les demandes en conséquence.
Sont ainsi principalement citées (plusieurs réponses étaient possibles) :

  • l’administration doit améliorer les moyens mis à disposition des télétravailleur.se.s ( dans 45,3% des cas)
  • il faudrait encadrer l’organisation du télétravail ( installation,matériel, horaires…) ( dans 38,4% des cas)
  • je souhaiterais travailler la majeure partie de mon temps en télétravail ( dans 31,1% des cas)
  • il faudrait limiter le télétravail vis à vis du collectif de travail (dans 20,8% des cas)

Ainsi l’expérience du télétravail en période de confinement a confirmé, dans un vécu souvent contradictoire, une aspiration majoritaire à pouvoir bénéficier du télétravail. Cette aspiration, à la demande de la personne, pour une partie de son temps, exige des conditions matérielles d’exercice et un encadrement nécessaire renforcé. C’est ce que l’ofict portera dans les négociations à venir.

Pour un droit effectif à la déconnexion

En lieu et place d’un droit à la déconnexion, le ministère a publié en novembre 2019 un cadre non normatif pour l’élaboration de chartes locales des temps. Toutefois, face à notre demande persistante et argumentée illustrant les préoccupations de nombreux collègues, le droit à la déconnexion figure enfin à l’ordre du jour de l’ Agenda Social du ministère.
Dans notre consultation, nous vous avons soumis 5 propositions concrètes pour faire vivre un tel droit :

  1. Déployer une campagne choc de communication (comme celle de la sécurité routière);
  2. Prévoir des messages automatiques de mise en garde en cas de dépassements répétés du temps de travail réglementaire (réglementation, santé, RPS);
  3. Bloquer les messages entre 20h00 et 7h00 ainsi que le week-end ( hors situation d’astreinte, d’horaires atypiques ou de crise);
  4. Programmer la déconnexion automatique des serveurs (sauf postes particuliers identifiés) sur une plage horaire définie;
  5. Assurer un suivi statistique des émissions de mails en dehors des heures de service avec communication au CHSCT.

Quatre de ces propositions recueillent très majoritairement votre assentiment. Environ 3 agents sur 4 pour les propositions 2 et 5 et 2 agents sur 3 pour les propositions 1 et 3. Ceux qui y sont totalement opposés sont très minoritaires (autour de 1 sur 10).
La proposition 4 est une mesure appliquée dans différentes entreprises françaises ou européennes. Elle est, avec 45% de soutiens et l agent sur 5 totalement opposé, la seule proposition à ne pas recueillir une majorité de suffrages. Nous en tiendrons compte dans les discussions à venir .

Maîtriser la charge de travail

Face à l’intensification de la charge de travail quels moyens vous semblent possibles pour encadrer cette dernière ? Telle était la question ouverte posée à toute et tous .
La thématique de la déconnexion est celle qui revient le plus souvent dans vos réponses. Ceci nous conforte dans notre demande de négociation sur ce sujet. Les mesures évoquées recouvrent très largement les propositions que nous avons faites y compris celle qui ne fait pas consensus :

une campagne de sensibilisation auprès des directions (DDT, DREAL, Préfet) et des managers en premier lieu ; un paramétrage des outils informatiques pour une mise hors connexion automatique des outils numériques (sauf postes spécifiques) à certaines heures

Une meilleure adéquation mission adéquation missions/moyens s’exprime ensuite à part égale à travers deux types de propositions qui peuvent ou non se cumuler : d’un coté la priorisation des missions et parfois l’abandon de certaines, de l’autre des recrutements au delà même de l’arrêt des suppressions d’effectifs.

des consignes claires de priorisation de nos missions .c’est trop facile pour des directions de ne pas en donner

l’augmentation des moyens et notamment des effectifs. On nous demande de travailler toujours dans l’urgence et l’instantanéité. Mais comment faire pour répondre aux commandes dites « ordinaires » ?

Citons enfin dans les propositions qui reviennent souvent, un décompte obligatoire des heures de travail ; le développement du télétravail, source de productivité mais avec son encadrement ; une nouvelle organisation du travail avec plus de délégations, une meilleure répartition des charges, une simplification des procédures, davantage d’agents « à la production » ; une évolution du management avec des attentes fortes.

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